La question du sujet: de quoi ou de qui parlons-nous ?
Extrait du document
«
Termes du sujet:
SUJET:
Du latin subjectum, « substance », « matière », « thème ».
1) En logique, l'être dont on affirme ou nie quelque chose.
2) L'esprit qui connaît, par opposition à la chose connue
(l'objet).
3) En politique, l'individu soumis à l'autorité du pouvoir souverain.
• Dans le jugement suivant : «Socrate est mortel », Socrate est le sujet, mortel le prédicat, est, la copule • Chez
Aristote, le sujet est identifié à la substance, support des attributs et des accidents : mortel est un attribut de la
substance Socrate.
• Descartes est considéré comme le père des philosophies du sujet.
Il est en effet le premier à affirmer que la vérité
ne se fonde ni dans la tradition ni dans les autorités reconnues, mais dans le sujet conscient de ses propres actes
de pensée.
(cf.
le cogito cartésien.
Il ne s'agit pas de déterminer l'unique sujet, mais le principal.
Qu'est-ce qui importe avant tout? Que s'agit-il de
préserver ou sauver?
Dans les sciences et la philosophie, la diversité des réponses est effarante: le seul être ou sujet, disent les uns,
c'est Dieu (conscient ou inconscient, parfait ou en devenir...); la nature, disent d'autres, et encore: les gènes (la
sociobiologie); l'histoire; les structures sociales; l'inconscient ou le Ça; le Dharma (entité impersonnelle et unique
chez les hindouistes); l'Être (Heidegger); les Idées (Platon); la Volonté (Schopenhauer et Nietzsche).
Chacune de
ces réponses renvoie à une question majeure: Qui sommes-nous? Qu'est-ce que l'homme?
SOMMES-NOUS LIBRES ?
Si l'homme ne dispose d'aucune liberté, il est innocent, autant que le serait une machine consciente; il n'a aucun
pouvoir propre, et aucune responsabilité; il n'est donc pas un sujet qui agit, mais un objet qui obéit passivement.
Toutes les thèses qui affirment cela, sous une forme ou sous une autre, peuvent être qualifiées d'antihumanisme.
Si l'on attribue une liberté à l'homme, c'est-à-dire un certain pouvoir, on fait de lui un sujet responsable, digne de
louanges ou de blâmes : une personne.
Considérer l'homme comme doué de volonté libre conseillée par la raison
fonde l'humanisme, ou plus exactement les humanismes, car ils sont divers : matérialisme athée, personnalisme
religieux ou déiste.
Tel serait donc le sujet principal: personne divine (ou personnes si l'on suit la conception trinitaire d'un Dieu unique
en trois personnes ou relations) et personnes humaines; et ce serait à partir de cette notion que les différents
sujets du monde pourraient prendre un sens, sens que nous sommes loin d'avoir atteint, comme si le monde ne nous
livrait que des énigmes; mais nous ne pouvons espérer qu'en l'intelligence, même si ses limites nous portent parfois
au bord du désespoir.
Que signifie la personne?
On appelle personne un individu vivant doué d'une volonté libre et de raison.
L'embryon humain est considéré comme
une « personne potentielle », une future personne.
Les handicapés et malades mentaux sont aussi des personnes,
même si un tutorat leur est nécessaire.
Le droit européen distingue nettement les personnes des « biens », des choses qui peuvent s'acheter, se louer,
s'échanger, se donner, etc.
Au contraire, la personne est dite « indisponible » : c'est une déclaration
inconditionnelle d'abolition de tout esclavage.
Le droit de la personnalité est grandement développé; il est fondé sur la Déclaration des droits de l'homme.
Mais la
notion de personne est bien antérieure et elle a fait l'objet d'une lente élaboration.
La pensée grecque antique,
esclavagiste et fataliste, ne pouvait concevoir la notion de personne.
La tradition hébraïque, déclarant que tous les
hommes ont une même origine, qu'ils sont créatures ou enfants de Dieu, et qu'ils sont libres et responsables,
contenait en plein la personne, idée reprise intégralement par le christianisme.
Lorsque la pensée grecque rencontra
la Bible, la notion de personne fut clairement définie.
On notera que les trois monothéismes regardent Dieu comme
une personne (le christianisme comme trois personnes formant une substance ou un sujet unique: la Trinité).
Il existe aussi, mais seulement juridiquement et abstraitement, des personnes morales : associations, sociétés
diverses, etc.
Les personnes morales n'ayant bien sûr pas de volonté propre, l'existence d'un ou de plusieurs
représentants ou responsables est nécessaire.
Personne et visage
Le visage, propre de l'homme, est la proue lumineuse (par les sens, et d'abord la vue) naturellement tournée vers
autrui et le monde.
Si le visage s'avance et s'expose aux sourires, aux bons accueils, il est menacé par les outrages et rebuffades, les
gifles et les crachats, et les insultes enfin, car le visage est l'avancée de notre intelligence et de notre sensibilité.
Cela ne signifie pas que l'on puisse lire clairement les visages; ils sont au contraire mystérieux, énigmatiques, à
déchiffrer.
La nudité du visage est si émouvante, impressionnante, que maintes civilisations la parent ou la voilent.
Pour Lévinas, l'éthique est la « voie royale vers l'absolument autre » (Préface).
En effet, le désir d'infini n'est pas un.
»
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