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La preuve est-elle le meilleur accès à la vérité ?

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« Discussion : La vérité doit-elle être vérifiée, et vérifiable ? C'est là, le sens de la question posée.

Il s'agit donc de savoir si la vérité ne peut être faite que de paroles et de croyances, ou alors elle requiert nécessairement une validation par des faits réels et concrets. I.

Première partie : la vérité. La vérité est une proposition dont la correspondance avec la réalité dont on prétend rendre compte implique l'absence de doute ; Descartes disait qu'il fallait considérer toute proposition douteuse comme fausse, dès lors qu'elle pouvait nous séduire ou nous influencer malgré nous.

« Pour examiner la vérité il est besoin une fois en sa vie, de mettre toutes choses en doute autant qu'il se peut.

» Descartes.

Or, il convient d'admettre que la certitude est une donnée subjective et qu'elle peut être tout autant la marque de l'illusion que de la vérité.

« La constitution de notre nature est telle que notre esprit a besoin de beaucoup de relâche afin qu'il puisse employer utilement quelques moments en la recherche de la vérité, et qu'il s'assoupirait au lieu de se polir s'il s'appliquait trop à l'étude.

» Correspondance, à Elisabeth, 6 octobre 1645, Descartes.

On comprend dès lors que le terme de vérité peut revêtir une interprétation métaphysique. II.

Deuxième partie : la vérité subjective et la vérité objective. L'illusion consiste à confondre la vérité subjective, non prouvée, comme la vérité religieuse, et la vérité objective (scientifique) prouvée ou tout au moins ayant résisté à l'épreuve de la réfutation de la logique et de l'expérience.

N'est pas dans l'illusion celui qui comprend qu'une croyance ou une conviction personnelle est objectivement douteuse ; est dans l'illusion celui qui est persuadé et veut persuader les autres qu'il s'agit d'une vérité pour lui et pour les autres.

« Pour établir la vérité, et faire de bons raisonnements, nous n'avons besoin d'autres instruments que la vérité elle-même et le bon raisonnement.

» Spinoza, Traité de la réforme de l'entendement. Descartes et Spinoza considéraient que toute proposition est soit vraie, soit fausse : dans le premier cas la vérité se confond avec la certitude objective et se distingue de la certitude subjective en cela qu'elle résiste au doute et s'affirme tout au moins dans ses principes comme des évidences indubitables de tout esprit humain.

La certitude objective rationnelle suppose donc une vérité première rationnellement démontrable (preuve ontologique) ou évidente par elle-même : soit l'unité de la substance de Spinoza, soit l'existence de Dieu créateur transcendant de Descartes.

La vérité est donc dans tous les cas fondée sur une vérité métaphysique. Toute proposition métaphysique est de l'ordre, non du savoir, mais de la croyance qui peut être moralement utile : ainsi s'efface la distinction entre la certitude objective et la certitude subjective.

La vérité dans le champ de la connaissance est la correspondance entre la pensée, exprimable en propositions logiquement et sémantiquement sensées, et la réalité dont on prétend rendre compte ; en cela la vérité est objective ou n'est pas.

Or l'illusion se présente souvent comme une vérité absolue ; c'est-à-dire comme certitude indubitable, rationnellement et expérimentalement arbitraire.

Kant appelle la métaphysique dogmatique ce qui concerne l'existence de Dieu, le libre-arbitre, l'immortalité de l'âme qui, par nature, échappent à toute expérience objective possible.

L'illusion est pour Kant une erreur que l'on ne désire pas percevoir, car elle relève d'un besoin de la raison.

Cette illusion provient d'une confusion entre les valeurs que sont la vérité, le bien, le beau.

Dans le domaine de la connaissance l'on peut traduire par « illusion transcendantale » ce qui relève bien d'un besoin, d'un désir de certitude.

L'esprit prend ses objets pour réels afin de se satisfaire dans l'imaginaire et élève au rang de réalité suprême ce qui ne peut en aucun cas être attesté.

« La vie a besoin d'illusions, c'est-à-dire de non-vérités tenues pour des vérités.

» Nietzsche. III.

Troisième partie : les faits comme preuves. Alors que les faits sont l'aspect le plus sûr et le plus concret de la vérité, puisqu'ils sont des preuves matérielles et palpables, il existe toujours un moyen d'interpréter les faits à son avantage et d'en oublier tout raisonnement logique.

C'est-à-dire que les faits sont toujours le fruit d'une interprétation, et l'on peut déformer à souhait un fait précis en interprétant et en modifiant différemment une même réalité.

Les faits appartiennent donc malgré tout à un domaine subjectif.

Nietzsche, La volonté de puissance : " Il n'y a pas de faits, rien que des interprétations.

" On constate donc bien ici que les faits sont la résultante d'une interprétation et d'une volonté de voir certaines choses s'enchaîner d'une certaine manière.

Les faits ne peuvent donc pas constituer une preuve tout à fait exacte.

De plus, il ne serait pas humain de réclamer des preuves pour chaque vérité.

Notamment en ce qui concerne les sentiments, il n'existe jamais réellement de preuve d'amour, par exemple.

Ainsi, on n'est pas nécessairement en mesure d'appuyer nos dires par des faits. D'ailleurs cela n'aurait pas de sens, car on sous-entendrait que rien ne peut se faire naturellement et que tout nécessite justification. Conclusion : Paul Valéry, Monsieur Teste : « Entre les hommes, il n'existe que deux relations : la logique ou la guerre.

Demandez toujours des preuves, la preuve est la politesse élémentaire qu'on se doit.

». »

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