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La physique est-elle le modèle de toute science ?

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« La scientificité d'une théorie ne se mesure pas à son degré de mathématisation. Les sciences humaines ont, dans leur constitution, partagé ce préjugé selon lequel la physique serait le modèle de toute science.

C'est pourquoi elles ont recours à la formalisation mathématique.

Mais on ne voit pas pourquoi une théorie formulée dans un tel langage serait plus scientifique.

On constate, par ailleurs, que l'emploi des mathématiques dans les sciences humaines est souvent secondaire car les courbes, les statistiques ne signifient rien par elles-mêmes mais s'interprètent.

Il est, en fait, plus raisonnable d'admettre que certains phénomènes humains sont irréductibles au langage mathématique.

En ce qui concerne la capacité de prédiction des sciences humaines, s'il est vrai que les économistes ou les sociologues ont parfois formulé des théories prédictives qui ont été contredites par la réalité, cela ne signifie pas que toute prévision soit impossible.

On peut parfois émettre des prédictions conditionnelles.

Mais est-il besoin de souligner que la scientificité d'une théorie ne se mesure pas non plus à son pouvoir de prévision? Chaque science humaine à sa spécificité. En fait, la vérité scientifique est plurielle.

Chaque science humaine a sa spécificité.

Ainsi, par exemple, en histoire, il est impossible d'établir des lois et de prévoir l'avenir.

Penser le contraire serait nier la liberté des peuples, des États. Cette situation n'empêche pas l'historien de reconstruire le passé de la manière la plus objective possible et de mettre au jour des causalités singulières à l'origine de tel ou tel événement et donc des enchaînements irréfutables. Quelques références à utiliser: La nature est écrite en langage mathématique (Galilée). Galilée est un savant du XVI ième siècle, connu comme le véritable fondateur de la physique moderne, et l'homme auquel l'Inquisition intenta un procès pour avoir soutenu que la Terre tournait sur elle-même et autour du soleil. Dans un ouvrage polémique, « L'essayeur », écrit en 1623, on lit cette phrase : « La philosophie [ici synonyme de science] est écrite dans ce très vaste livre qui constamment se tient ouvert devant nos yeux –je veux dire l'univers- mais on ne peut le comprendre si d'abord on n'apprend pas à comprendre la langue et à connaître les caractères dans lesquels il est écrit.

Or il est écrit en langage mathématique et ses caractères sont les triangles, les cercles, et autres figures géométriques, sans lesquels il est absolument impossible d'en comprendre un mot, sans lesquels on erre vraiment dans un labyrinthe obscur .

» Dans notre citation, la nature est comparée à un livre, que la science a pour but de déchiffrer.

Mais l'alphabet qui permettrait de lire cet ouvrage, d'arracher à l'univers ses secrets, ce sont les mathématiques.

Faire de la physique, saisir les lois de la nature, c'est d'abord calculer, faire des mathématiques.

Galilée est le premier à pratiquer la physique telle que nous la connaissons: celle où les lois de la nature sont écrites sous forme d'équations mathématiques, et où les paramètres se mesurent. Pour un homme du vingtième siècle cette imbrication de la physique et des mathématiques va de soi, comme il semble évident que nous devons mesurer et calculer les phénomènes observés.

Pourtant, c'est une véritable révolution qui se manifeste dans ces lignes : elles signent la fin d'une tradition d'au moins vingt et un siècle.

La tradition inaugurée par Aristote, et que Saint Thomas a christianisé au treizième siècle.

Pour comprendre la portée de cette révolution qui manifeste et renforce une véritable crise de civilisation, il faut d'abord exposer la vision du monde et des sciences qui prédominait jusqu'à Galilée. Koyré a magnifiquement résumé le changement du monde qui s'opère entre le XVI infini ». ième et le XVII ième : on passe du « monde clos à l'univers Pour les anciens, le monde était fini, comparable à une sphère, dont le centre était la Terre, immobile au centre du monde, et la circonférence les étoiles fixes.

L'espace est non seulement fini, clos, achevé, mais parfaitement ordonné.. »

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