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La philosophie prémunit-elle contre l'illusion ?

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« L'illusion est une méprise qui consiste à prendre l'apparence pour la réalité et la vérité.

Contrairement à la connaissance fausse qu'est l'erreur, l'illusion ne semble pas seulement s'expliquer par notre rapport avec l'objet à connaître, mais impliquer égalem ent un rapport à nous-mêmes.

Si l'illusion consiste alors dans une certaine mesure à se duper soi-même, elle semble plus difficile à rectifier que l'erreur : on peut prendre par nous-mêmes conscience d'une erreur, alors que l'on résiste à reconnaître comme telle une illusion.

Faut-il alors penser que la philosophie nous prémunit contre l'illusion, en garantissant à la fois un rapport adéquat aux choses, nous permettant d'appréhender la vérité sans nous laisser piéger par les apparences, et un rapport adéquat à nous-mêmes, dans lequel nous n'aurions plus besoin de chercher à nous tromper nous-mêmes ? la philosophie n'amène-t-elle pas au contraire à mettre en doute l'idée qu'il existerait une vérité indépendante, qui pourrait nous défendre de toute illusion, voire à douter du fait que l'illusion soit par essence négative et doive être corrigée ? Nous verrons tout d'abord que la philosophie nous permet de sortir des illusions par la connaissance d'une réalité transcendante, avant de se demander si cette recherche de la vérité n'est pas elle-même une illusion.

On pourra alors affirmer que la philosophie reconnaît la valeur constitutive et pratique de certaines de nos illusions. 1° La philosophie nous prémunit des illusions par l'accès aux vérités intelligibles Platon s'oppose aux discours des sophistes, selon lesquels il n'y a aucune vérité existant en soi, mais seulement des discours qui par leur rhétorique cherchent à séduire et à persuader.

Selon Platon, la philosophie consiste dans une recherche de l'essence des choses, seule manière d'accéder au Bien et au bonheur.

Le mythe de la caverne illustre l'illusion qui caractérise les non-philosophes : de même qu'un homme enchaîné dans une caverne prend les ombres pour les choses dont elles sont les ombres, ceux-ci prennent le monde sensible pour la réalité, alors que celui-ci n'est que le reflet imparfait du monde intelligible, le domaine de l'apparence et du contingent.

La philosophie doit amener par des connaissances progressives à la connaissance des Idées intelligibles, qui est une vérité transcendante.

Le désir de philosophie prend donc sa source dans la prise de conscience que nous vivons dans l'illusion, prise de conscience que les dialogues menés par Socrate provoquent.

La connaissance philosophique prémunit contre cette illusion en donnant accès à l'essence véritable de chaque chose et au bien, qui rend impossible le désir de se tromper soi-même. 2° La philosophie qui combat l'illusion est la plus asservissante des illusions La pensée de Nietzsche opère un renversement des valeurs attachées à la philosophie et à la morale traditionnelles depuis Platon, et parmi elles, de la philosophie comme recherche d'une vérité transcendante.

Une telle philosophie, en affirmant qu'il existe une vérité unique au-delà des apparences, maintient l'homme dans une illusion affaiblissante et asservissante, celle de l'existence d'un « arrière monde » fondant une morale du renoncement à l'affirmation de la vie et du corps.

La véritable philosophie, celle du surhomme, consiste à mettre fin à cette illusion métaphysique pour la remplacer par des illusions positives : il n'y a pas de vérité unique, seulement des interprétations, des apparences, au sein de ce monde sensible qui est le seul à exister.

La volonté de puissance, qui est affirmation des valeurs authentiques de la vie et du corps, va de pair avec l'affirmation du pouvoir créateur de l'illusion: l'art est ainsi le fruit d'une illusion qui s'affirme comme illusion.

La véritable philosophie prémunit contre l'illusion qu'est la philosophie de la vérité, et affirme donc la positivité de ce qui était pour cette philosophie des illusions négatives. NIETZSCHE : la fonction vitale de l'illusion L'illusion possède une fonction vitale.

En effet « on ne peut pas vivre avec la Vérité », car découvrir cette vérité, c'est découvrir que n'existe qu'un flux éternel des choses, un Abîme où toutes s'abîment.

La vie, expression de la Volonté de Puissance, a donc besoin de falsifier le réel, d'affirmer l'être contre le devenir, d'organiser ce flux, de le contraindre à se plier aux options vitales du sujet, c'est-à-dire aux valeurs et aux normes définies par la Volonté de Puissance, bref .elfe a besoin de l'illusion, qu'elle érige en vérité.

C'est pourquoi, même la prétendue vérité objective de la science se réduit en fait à une croyance, une illusion qui nous est nécessaire pour vivre. Nietzsche : l'illusion, besoin de la vie a) Un renversement du problème de la métaphysique • Si Kant a montré qu'un certain usage de la raison produit des illusions, on peut aller plus loin et se demander si la raison ne produit pas toujours des illusions, si la raison elle-même n'est pas une illusion répondant à un besoin fondamental de l'homme.

C'est ce qu'a fait Nietzsche. • Ainsi que l'a souligné J.

Granier (cf.

Le Problème de la vérité dans la philosophie de Nietzsche), Nietzsche opère en effet un renversement radical du problème de l'illusion métaphysique en demandant non plus avec Kant « Comment la métaphysique est-elle possible ? » mais « Qu'est-ce qui constitue Y essence de la pensée métaphysique ?» En critiquant la métaphysique, Kant se place du point de vue de cette dernière en ne remettant pas en cause son. »

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