La philosophie peut-elle connaître ce qui est ?
Extrait du document
«
Analyse du sujet :
Philosophie : Vient du grec philos qui veut dire ami, et sophia, qui signifie sagesse.
La philosophie est donc la
discipline de celui qui est « ami de la sagesse », mais la notion antique de « sagesse » est ambiguë.
Elle renvoie à la
fois à une connaissance de la vérité ainsi qu'à l'idée d'une pratique morale.
Il en découle deux interprétations qui
peuvent être concurrentes ou bien se retrouver : la première considère que la philosophie est la science suprême qui
doit couronner les autres sciences, d'ailleurs jusqu'au XVIII e siècle, « philosophie » est synonyme de « science » et
« philosophe » de « savant ».
; la deuxième pense la philosophie sur le mode de la recherche morale, comme un
apprentissage de la vertu, comme une interrogation éthique questionnant notre destination véritable.
Toutefois,
dans les deux cas, la philosophie prend appui sur la raison et cette faculté constitue l'outil privilégié de la démarche
philosophique.
Il n'existe en effet pas de philosophie en dehors du discours rationnel.
Être : Dans son sens ordinaire, on emploie généralement le verbe « être » comme un synonyme du verbe « exister ».
Cependant, en philosophie, « l'être », c'est-à-dire « ce qui est » peut renvoyer à quelque chose de plus profond.
Il
peut alors désigner l'essence ou encore la substance (« l'être des choses », « l'être en tant qu'être », « l'être en
soi ») : l'être n'indique dans ce cas pas seulement ce qui existe, mais ce qui existe réellement, ce qui est vraiment.
L'être renvoie alors à la notion de vérité, et « connaître ce qui est », c'est alors « être dans le vrai ».
Dans la
philosophie classique, - qui se base sur l'opposition entre ce que les sens perçoivent et ce qui existe en réalité -,
l'être définit ainsi ce qui est stable par opposition à ce qui devient.
Cette conception philosophique prend appui sur
les mathématiques, perçues comme modèle de la vérité puisque toujours fidèle à ses énoncés (1 + 1 est toujours
égal à 2).
L'être, c'est alors ce qui est toujours identique à soi, ce qui est rationnel, et ce qui est donc vrai, puisque
la vérité ne peut, selon cette conception, être multiple.
Problématisation :
Affirmer que la philosophie est capable de connaître ce qui est, c'est considérer que celle-ci touche à l'essence de
l'être, qu'elle parvient à découvrir la vérité.
En tant que science qui recherche la vérité, on comprendrait mal
pourquoi la philosophie existerait si elle était incapable de remplir cette fonction.
Cependant, on sait qu'à chaque
philosophie qui prétend connaître le monde de telle façon, répond une autre philosophie qui vient la contredire et
décrire le monde d'une façon radicalement opposée.
Le scepticisme, seul triomphant de ces contradictions, est ainsi
devenu une école philosophique majeure en prônant que la vérité était inaccessible à l'esprit humain.
Cela étant,
est-il réellement légitime d'affirmer qu'aucune philosophie n'aboutit à quelque vérité que ce soit ?
Proposition de plan :
1.
La philosophie permet de dépasser les erreurs des sens.
a) « Repassant mon esprit sur tous les objets qui s'étaient jamais présentés à
mes sens, j'ose bien dire que je n'y ai remarqué aucune chose que je ne
pusse assez commodément expliquer par les principes que j'avais trouvés »,
écrit Descartes (Discours de la méthode, sixième partie).
D'après ce
philosophe, on peut parvenir à connaître ce qui est véritablement en faisant
bon usage de notre raison.
b) Si l'on croit que la réalité nous échappe, c'est parce que bien souvent,
nous nous trompons.
En effet, pour Descartes, notre raison est trompée par
de nombreuses illusions.
Tout d'abord ce sont les faux jugements que nous
portons sur les choses sensibles, ensuite, il y a les effets de l'imagination ainsi
qu'ils se manifestent dans le rêve, et enfin, il y a le fait que nous ne savons
pas si l'être qui nous a créé ne nous a pas fait tel que nous nous trompions
sur toutes choses.
Toutes ces illusions sont des opinions dont il faut se
défaire.
Il faut s'en défaire car sinon, notre raison ne peut parvenir à aucun
moment à la certitude.
La certitude comprise comme cette expérience que
nous faisons du fait qu'il est impossible que la chose considérée soit
autrement qu'elle n'est.
Il faut donc savoir mettre en place ce qu'il appelle le
« doute hyperbolique », dont la fonction est de délivrer l'esprit de « toutes
sortes de préjugés », et de « l'accoutumer à se détacher des sens », pour
reprendre les expressions qu'il utilise dans son abrégé des Méditations
métaphysiques.
c) Pour parvenir à une bonne connaissance de la vérité, il faut donc mettre
sa raison en ordre et ne prendre pour vrai que ce qui est certain.
La certitude ne nous est accessible que lorsque
nous avons une idée « claire et distincte » ainsi qu'il l'écrit dans ses Méditations métaphysiques.
D'après ce qu'il
écrit dans Les Principes de la philosophie, nous avons une perception claire de quelque chose lorsque cette
perception est « présente et manifeste à un esprit attentif » et une perception distincte quand elle est « tellement
précise et différente de toutes les autres qu'elle ne comprend absolument rien en soi que ce qui est clair.
» Cette
exigence d'analyser les choses de manière claire et distincte prend modèle sur les artisans qui « ne dispersent jamais
leurs pensées sur divers objets en même temps et la concentre toujours tout entière à considérer les choses les
plus simples et les plus faciles », ainsi qu'il l'écrit dans les Règles pour la direction de l'esprit.
Dans le cas des
opinions, de nombreuses pensées interfèrent en même temps dans l'esprit, et on est donc bien loin d'avoir les idées.
»
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