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La philosophie doit-elle se détacher de la matière ?

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« CORRECTION DE DISSERTATION autour du sujet suivant : « Le philosophe doit-il se détacher de la matière ?» Introduction : Le matérialisme est bien ce courant de pensée philosophique qui vise à expliquer toute réalité à partir de la matière, soit à partir de ce qui apparaît concrètement et de ce qui provient d'atomes . Mais le philosophe matérialiste lui-même ne va-t-il pas à sa perte dans la mesure où là où s'arrête son interprétation, à ce que l'on voit et à ce que le physico-chimiste étudie en profondeur, là advient la mort non seulement de sa propre philosophie ( relayée par d'autres observateurs, cette philosophie n'a plus lieu d'être ), mais encore de sa dénonciation d'une philosophie abstraite et spirituelle ( car la philosophie matérialiste utilise elle-même et paradoxalement encore des notions abstraites : « atomes », « matière »...

) Alors, pour que la philosophie vive et développe ses concepts abstraits, ne doit-elle pas ou n'a-t-elle pas plutôt intérêt à se détacher de toute matière ? Autrement dit sa tâche spécifique, que l'on retrouve même chez un matérialiste, n'est-il pas d'abstraire, dévoilant alors une réalité non seulement invisible et abstraite mais aussi spirituelle ? Certes l'abstraction est une condition sine qua non de la philosophie.

Mais la fin de la philosophie ne reste-t-elle pas néanmoins de nous donner le sens de ce monde réel, concret, sensible et matériel ? En sortira-t-elle pour autant perdante, voire même suicidée ? Parler du sens de la réalité concrète ne signifie pas non plus que cette réalité ne possède pas de fondements et de fins abstraits.

Le philosophe ne doit-il pas alors sortir de cette réalité concrète pour mieux en parler ? Comment le peut-il ? Développement : [ I) OUI ] Nécessairement, la philosophie procède par abstraction. [ A) parce que ] Comme la réalité matérielle, que seuls nos sens nous renvoient, nous induisent en erreur, il faut rechercher un monde réel au-delà.

Nous ne pouvons nous contenter de ce que nous renvoient nos sens parce que, d'une part la réalité dont ils nous informent est éclatée et éparse, ou mieux encore elle est hétérogène : nous percevons une infinité de sons différents ou d'images différentes qui nous mettent au défi d'y voir une seule et unique réalité ; et d'autre part, la réalité dont ils nous informent ne peut être un fondement assuré dans la mesure ou comme Descartes le fait remarquer, au cours de son doute méthodique des Méditations métaphysiques, ils nous fournissent d'une réalité aussi vérace que celle d'un songe.

Il est donc vain de ne voir, dans la réalité matérielle fournie par les sens, une solidité de fondement en raison de leur hétérogénéité.

Mais justement, est-ce que la réalité n'est pas hétérogène parce que changeante ? En considérant que les atomes sont eux-mêmes hétérogènes, , ne donnent-ils pas ainsi une réalité bigarrée par leur redistribution ou une recombinaison de leurs propriétés, issue de leur continuelle mouvement et changement ? [ B) parce que ]La réalité matérielle change : c'est ce qui cause son discrédit.

La réalité matérielle est soumise au devenir, à ce qui sera autre dans l'instant suivant.

Elle s'altère, s'érode et change de physionomie dans la redistribution de ses éléments fondamentaux, dans leur interaction.

Comme l'avait déjà conçu Epicure : ce qui est au fondement des choses que l'on perçoit sont les atomes qui rentrent continuellement en opposition les uns par rapport aux autres.

Leur opposition, qui se nomme « clinamen », crée ce que l'on voit apparaître en surface : une consistance matérielle, une force ou un mouvement et donc un changement.

Mais au lieu d'y voir une prosaïque réalité de fond, Platon, opposé à Epicure notamment sur ce point, ne veut pas voir une réalité fondamentale dans la matière composée d'atomes hétérogènes et opposés.

Nous ne pouvons, en effet, fonder quelque chose de vrai sur la mouvance des atomes.

Pour qu'une chose soit vraie, pour Platon, il faut qu'elle soit nécessairement immuable et éternelle en son état, sinon de quoi parlons-nous à un instant donné quand un phénomène apparaît ?.

C'est pourquoi, Platon indique, dans son allégorie de la Caverne, dans le livre VII de la République, un monde intelligible et invisible que seul le véritable philosophe parvient à atteindre et à contempler sous l'image d'un prisonnier libéré qui ne se contente pas, contrairement à des prisonniers toujours enchaînés dans une caverne, de croire aux apparences spontanées des ombres sur la paroi de cette même caverne.

Le philosophe veut aller au-delà du monde sensible qui, en lui-même, ne m'indique rien de plus qu'un changement ( le devenir ) qui le compromet dans son existence. [ Transition ] La philosophie doit donc son salut à l'existence d'un monde des Idées, abstraites puisque considérées et contemplées au-delà de toute représentation concrète ou matérielle.

Le changement ou le devenir inhérent au mouvement des atomes ne permettrait pas un discours crédible sur une réalité fuyante.

Mais alors de quelle réalité parlons-nous si le philosophe s'évertue à donner du monde un discours abstrait ? Non seulement se fera-t-il entendre de ses congénères, mais aussi comment. »

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