La perception dérive-t-elle d’impressions premières ?
Extrait du document
«
Définition des termes du sujet:
PREMIER: Qui n'est précédé par rien d'autre dans l'ordre chronologique, logique, psychologique, cognitif,
ontologique.
2) Qui a la plus grande valeur.
Perception: Du latin percipere, saisir par les sens, recueillir, comprendre.
Faculté par laquelle le moi se forme, à
partir de ses sensations, une représentation unifiée des objets extérieurs à lui.
L'immédiat est-il le simple ?
On distingue parfois les qualités sensibles (le blanc, le froid...) de l'objet perçu (la neige...).
Mais y a-t-il vraiment
une expérience de telles qualités isolées ? L'idée d'une « sensation pure », isolée de toute synthèse perceptive,
n'est-elle pas une illusion ? Le problème est donc de savoir si la sensation est comme l'atome de la perception, ou si
l'on perçoit immédiatement des totalités, au-delà des sensations.
La réponse de Merleau-Ponty
La perception saisit immédiatement une totalité
"La pure impression n'est [...] pas simplement introuvable, mais imperceptible
et donc impensable comme un moment de la perception."
Maurice
Merleau-Ponty,
Phénoménologie
de
la
perception(1945),
Introduction, I.
Problématique
La perception est-elle la médiation (organisation et liaison) de sensations
élémentaires, ou l'idée d'une sensation immédiate n'est-elle pas un mythe ? La
perception est-elle vraiment immédiate ?
Explication
La sensation est une abstraction
On ne peut pas séparer l'objet perçu (cette page noire, blanche et grise) de
ses qualités sensibles (noir, blanc, gris), et on ne perçoit pas celles-ci avant
de percevoir celui-ci.
Cette distinction n'est qu'une décomposition abstraite
et seconde de l'expérience perceptive qui est en réalité unifiée.
D'ailleurs, les
perceptions les plus simples « portent sur des relations et non sur des termes
absolus » (on perçoit plus gris ici que là, ou noir ici et non là).
Figure, fond et champ
De plus, Merleau-Ponty note qu'« une figure sur un fond est la donnée sensible la plus simple que nous puissions
obtenir » : le « "quelque chose" perceptif est toujours au milieu d'autre chose, il fait toujours partie d'un "champ" ».
Débat et enjeu
La forme, tout précédant ses parties
Il y a là une objection adressée à l'empirisme classique (Locke, Hume), selon lequel la connaissance vient de
l'expérience, c'est-à-dire de perceptions composées de sensations distinctes.
Cette objection s'appuie sur la thèse
fondamentale de la psychologie de la forme (en allemand, la Gestalt-psychologie) : dans toute pensée, l'ensemble
prime sur les éléments.
Ainsi, la perception ne découle pas d'un ensemble de sensations, mais est d'emblée la
perception d'un ensemble.
Par exemple, une mélodie est une forme (Gestalt) : la modification d'une seule note
change la perception de toutes les autres, donc de la mélodie elle-même ; la même modification de toutes les notes
(changement d'octave) ne change pas la mélodie.
Ce qui est premier dans la perception, ce n'est pas l'élément,
mais le tout (forme, structure, rapports).
Le champ perceptif ne peut donc pas être décomposé en une somme de
sensations isolées..
»
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