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La peinture flamande et son rayonnement

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Les dernières décades du XIVe siècle marquent la fin de la féodalité morcelée du Moyen Âge et l'aurore des temps nouveaux. Jusqu'alors, la France avait exercé son hégémonie sur l'Europe occidentale. Mais les événements politiques vont bientôt modifier le cours de l'histoire et créer un climat culturel tout à fait nouveau. C'est le début de l'ère bourguignonne, pendant laquelle la Flandre traversera la première grande période, la plus glorieuse peut-être, de son histoire. Elle commence en 1369, par le mariage de Philippe de Bourgogne avec Marguerite, fille du comte de Flandre, Louis de Male. Après la mort de celui-ci, en 1384, la Flandre est incorporée au nouvel État bourguignon qui est consolidé lorsqu'en 1392 le jeune roi de France, Charles VI, est frappé de démence et qu'à partir de ce moment son tuteur, Philippe le Hardi, crée un pouvoir central qui achève l'unification. En 1415, la puissance de la maison de Valois est définitivement brisée à la bataille d'Azincourt. La guerre de Cent Ans met fin à l'hégémonie française. Paris, ravagé par les émeutes, par la famine et par la peste, n'est plus, pour longtemps, le grand centre de la culture européenne. Sous le règne des ducs bourguignons, Philippe le Bon et son fils Charles le Téméraire, cette culture se déplacera vers la Flandre où, favorisée par des circonstances politiques et économiques, s'ouvrira une période de prospérité jusqu'alors inconnue. Bruges en devient le centre, port principal et grand marché financier du Nord, milieu cosmopolite où les capitalistes et marchands de tous pays joueront, autant que les princes et les courtisans, le rôle de mécènes. La Flandre, avec ses villes industrieuses et de plus en plus prospères ­ Bruges, Gand, Tournai ­ devient dès lors, de toute l'Europe, le champ d'expériences le plus fertile dans le domaine des arts. En dehors des nobles et des envieux potentats de l'Église, il y a les communes, les corporations et les confréries qui, autant que les marchands et les hauts dignitaires, s'intéressent aux travaux des peintres.

« La peinture flamande et son rayonnement Les dernières décades du XIVe siècle marquent la fin de la féodalité morcelée du Moyen Âge et l'aurore des temps nouveaux.

Jusqu'alors, la France avait exercé son hégémonie sur l'Europe occidentale.

Mais les événements politiques vont bientôt modifier le cours de l'histoire et créer un climat culturel tout à fait nouveau. C'est le début de l'ère bourguignonne, pendant laquelle la Flandre traversera la première grande période, la plus glorieuse peut-être, de son histoire.

Elle commence en 1369, par le mariage de Philippe de Bourgogne avec Marguerite, fille du comte de Flandre, Louis de Male.

Après la mort de celui-ci, en 1384, la Flandre est incorporée au nouvel État bourguignon qui est consolidé lorsqu'en 1392 le jeune roi de France, Charles VI, est frappé de démence et qu'à partir de ce moment son tuteur, Philippe le Hardi, crée un pouvoir central qui achève l'unification. En 1415, la puissance de la maison de Valois est définitivement brisée à la bataille d'Azincourt.

La guerre de Cent Ans met fin à l'hégémonie française.

Paris, ravagé par les émeutes, par la famine et par la peste, n'est plus, pour longtemps, le grand centre de la culture européenne.

Sous le règne des ducs bourguignons, Philippe le Bon et son fils Charles le Téméraire, cette culture se déplacera vers la Flandre où, favorisée par des circonstances politiques et économiques, s'ouvrira une période de prospérité jusqu'alors inconnue.

Bruges en devient le centre, port principal et grand marché financier du Nord, milieu cosmopolite où les capitalistes et marchands de tous pays joueront, autant que les princes et les courtisans, le rôle de mécènes.

La Flandre, avec ses villes industrieuses et de plus en plus prospères Bruges, Gand, Tournai devient dès lors, de toute l'Europe, le champ d'expériences le plus fertile dans le domaine des arts.

En dehors des nobles et des envieux potentats de l'Église, il y a les communes, les corporations et les confréries qui, autant que les marchands et les hauts dignitaires, s'intéressent aux travaux des peintres. C'est là qu'en un laps de temps relativement court, et admirablement préparé par la confluence des sucs généreux qui, déjà à la fin du XIVe siècle, montèrent des sources de la piété moyenâgeuse, de l'opulence raffinée des cours françaises et des idées démocratiques flamandes, se développera un art particulièrement riche, dont l'éclosion sera en outre fortement favorisée par le goût luxueux des ducs de Bourgogne et des mécènes étrangers.

Dans ses Mémoires, Philippe de Commynes pourra témoigner que les Pays-Bas " se pouvoient mieulx dire terre de promission que nulles autres seigneuries qui fussent sur la terre ".

Et Chastellain parle de " leurs habitants qui sont sans nombre, leurs richesses et leurs puissances, leur habitude de la marchandise, leur abondance de tous biens ".

Ainsi, la magnificence des villes flamandes dépasse même celle de Florence et de Venise. La vie publique est ornée d'un luxe souvent excessif, allant fréquemment jusqu'à la bizarrerie, dans les exhibitions des tableaux vivants, des " esbattements ", des " mascarades ".

C'est aussi une époque de sensualité grossière et en même temps de volupté raffinée.

Les étrangers, dit encore Philippe de Commynes, s'étonnèrent des " convis et banquets plus grans et plus prodigues que en nul aultre lieu, des baignoiries et aultres festoyements avec femmes, grans et desordonnez ". Mais derrière le clinquant et la vanité bigarrée se cachent l'inquiétude et le malaise de cette fin du Moyen Âge, que reflètent les portraits de l'époque, ces visages sombres, mélancoliques, méfiants et pensifs.

Car l'histoire des ducs de Bourgogne en est une aussi de cruauté sanglante et de haine ardente, d'assassinats et de suicides, d'immoralité et de prostitution.

La vie est marquée d'une mélancolie amère, qui résonne dans les vers désabusés d'Eustache Deschamps : Temps de doleur et de temptacion, Aages de plour, d'envie et de tourment, Temps de langour et de dampnacion, Aages meneur près du définement, Temps plains d'orreur qui tout fait faussement. Aages menteur, plain d'orgueil et d'envie, Temps sans honeur et sans vrai jugement. Mais ce XVe siècle est également une époque de doux mysticisme.

L'influence de Ruusbroec l'Admirable se fait encore sentir.

Thomas a Kempis écrit son Imitatio Christi, ce premier chef-d'oeuvre de la congrégation des Windeskeimer, dont naîtra bientôt cette action, extraordinairement fertile sur le terrain culturel, des Frères de la Vie Commune. Et sur le fond de cupidité féroce, de sang et de luxure, se dessine l'image d'une belle activité artistique.

L'art seul confère à cette époque sa splendeur, consolation suprême pour la misère morale. A l'arrogance sauvage de la noblesse et à l'angoisse des masses opprimées, il oppose un monde de belles formes, sur lequel les ducs fastueux étendent la protection de leur orgueilleux mécénat.

Ils sont imités par leurs diplomates et dignitaires, par des parvenus et financiers sans scrupules, tels que Nicolas Rolin, le chancelier " venu de petit lieu ", ou le capitaliste rapace Pierre Bladelin, par des aristocrates, tels que les seigneurs de Gruuthuuse à Bruges, par des bourgeois enrichis, comme l'échevin gantois Josse Vijd. Déjà au XIVe siècle, la culture avait pris une allure quelque peu profane.

Au XVe siècle, l'Église catholique du Moyen Âge perdra encore davantage son ascendant sur l'art.

Elle ne sera plus son seul appui et elle ne sera plus seule à lui. »

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