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La nécessité du travail n'est-elle qu'une contrainte ? (Pistes de réflexion seulement)

Extrait du document

« Selon Marx, le travail est une activité par laquelle l'homme agirait sur un objet au moyen de son corps ou par l'intermédiaire d'outils qu'il aurait lui-même conçus.

Même si cette définition oublie le travail intellectuel, elle souligne que pour l'homme, le travail est avant tout une activité consciente, délibérée.

De tout temps, le travail a aussi été le moyen par lequel l'Homme a pu, d'abord survivre puis dominer la nature.

Par cela, le travail serait une composante de l'identité humaine.

Mais ce travail, souvent pénible, toujours prenant, est fréquemment assimilé à une contrainte, comme un obstacle à la liberté, à l'épanouissement de soi : les contraintes naturelles et sociales sont donc à l'origine du travail. On peut donc se demander si l'Homme est contraint de travailler, et dans ce cas, quelles sont les formes que peuvent prendre cette contrainte ? Est-elle exclusivement négative, préjudiciable à l'Homme ? Dans un premier temps, on analysera les aspects contraignants du travail en montrant qu'il peut arriver à la déshumanisation de l'individu.

Dans la deuxième partie de notre réflexion, nous nous attacherons à montrer que le travail n'est pas exclusivement une contrainte.

Enfin nous verrons que le travail, même effectué sous la contrainte, a toujours un aspect libérateur. Dès ses origines, le travail est apparu aux hommes comme une obligation, une contrainte désagréable. C'est avant tout une contrainte naturelle ; le travail s'impose dès que la nature ne vient pas d'elle-même apporter ses fruits aux hommes ; le travail a donc commencé aux débuts de l'humanité.

L'homme doit payer de sa personne, mettre en jeu son corps et son esprit afin de tirer de la terre les ressources qui lui sont nécessaires.

En effet, le décalage entre les capacités naturelles de l'Homme et ses exigences le force à travailler pour survivre..

C'est donc avant tout une contrainte d'ordre matériel qui nous oblige à travailler. L'homme ne peut pas arrêter son travail, sinon il ne peut survivre comme le résume avec humour Boris Vian : « le travail, c'est ce qu'on ne peut pas arrêter de faire quand on a envie d'arrêter de le faire ».

Pire encore, pour plusieurs philosophes (Rousseau, Platon) le rassemblement des hommes en sociétés accentue la croissance des besoins humains, ce qui contraint l'homme à travailler davantage ; la croissance démographique, l'organisation des sociétés humaines seraient alors des facteurs aggravants. Ceci se discute, mais il n'en reste pas moins qu'une contrainte immanente à la société s'ajoute à cette contrainte naturelle.

En effet, toute société exige d'un individu qu'il se rende utile au groupe et contribue au bien-être de chacun.

Afin d'y maintenir sa place, l'homme est donc amené à travailler, de manière à ce que tout le monde profite de son labeur.

Grâce à cela, il peut accéder à un certain rang dans la société, alors qu'il s'en serait vu marginalisé s'il n'avait pas accompli ses devoirs.

La Genèse a largement contribué à donner au travail le caractère contraignant que nous lui connaissons en Occident : Adam et Eve se voient « condamnés à gagner leur pain à la sueur de leur front ».

plus loin, quand Caïn tue son frère Abel, il est dit qu'il devra non seulement travailler la terre, mais aussi que son « travail demeurera stérile ». Enfin, dans les civilisations antiques (grecque et romaine) le travail était réservé aux esclaves, travailler était donc vu par les hommes libres comme une déchéance.

De plus un citoyen ne pouvait travailler que sous la contrainte.

Ces images sont encore associées au travail en Occident. Certains travaux sont plus contraignants que d'autres en raison de leur nature ; ils soumettent le travailleur à des exigences et des circonstances qui mécanisent son activité ou qui sont contraires à leur équilibre physique ou mental.

On peut prendre l'exemple des Ouvriers Spécialisés travaillant à la chaîne : ils sont selon Marx victimes d'une aliénation : l'OS ne se reconnaît plus dans son œuvre, qui le frappe par un choc imprévu en retour, « il a conscience de lui comme d'un ennemi » (Hegel, Phénoménologie de l'esprit).

Quand sa place dans le processus du travail le réduit à un rôle de « bouche-trou » des automatismes, alors il devient « un infirme » et ne développe pas toutes les facultés qui feraient de lui un homme. De plus, la liberté de choisir le travail qui correspond le mieux à notre personnalité est réduite par le jeu de la sélection sociale.

Le choix de l'activité dépend du milieu auquel nous appartenons.

Les chances que l'on a de trouver un travail satisfaisant sont donc moins importantes. Cependant, il serait réducteur d'envisager le travail uniquement comme une série de contraintes, en effet le travail présente d'autres caractéristiques pour l'homme. Le travail peut être synonyme de bonheur pour qui éprouve du plaisir à accomplir sa tâche, ce qui implique nécessairement le choix personnel du travail dans le cas du travail salarié.

Il n'est alors plus envisagé comme une contrainte puisqu'il procure à qui le réalise une véritable satisfaction.

Ainsi Gide écrit dans son Journal que « la première condition du bonheur est que l'homme puisse trouver sa joie au travail ».

Mais il ne s'agit pas forcément d'une activité salariée, on peut envisager le cas d'un homme désireux de s'instruire :celui-ci va travailler pour son plaisir, pour se satisfaire.

Le bonheur passe aussi par l'élimination des vices, ce dont est capable le travail, en effet en travaillant l'homme se fixe un idéal de conduite comme le dit Voltaire dans Candide : « le travail éloigne de nous trois grands maux : l'ennui, le vice et le besoin ». Mais le travail est également un facteur social important, puisque c'est en grande partie lui qui organise les liens sociaux ; chaque individu est jugé par rapport à ce qu'il est capable de réaliser au sein de la société.

On parle de division sociale du travail : dans les anciennes sociétés, tous participaient aux activités du groupe et chacun était identifié selon son travail, par exemple une partie des hommes se consacre à l'agriculture tandis qu'une autre réalise les outils nécessaires au travail des champs, d'autres hommes défendent ces deux derniers groupes et enfin un. »

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