La morale peut-elle se passer d'un fondement religieux ?

« Sujet : La morale peut-elle se passer d'un fondement religieux ? AIDE ENVOYEE PAR L'ELEVE: La religion apparaît généralement comme ce qui nous prescrit des devoirs et qui énonce également des interdits.

Vous pouvez ici, par exemple, penser aux Dix commandements et à la table des Lois.

En formulant ainsi des exigences, en distinguant ce qui est bien de ce qui est mal, ce qui est autorisé de ce qui est interdit, la religion semble donc formuler tout un ensemble de préceptes moraux.

La religion est ainsi souvent perçue comme le véritable garant de la morale.

La religion ajouterait aux commandements moraux l'autorité d'un commandement divin.

Mieux encore, on tend à affirmer que la religion serait le fondement de la morale.

En d'autres termes, les commandements moraux seraient avant tout des commandements divins.

Si vous vous reportez aux tables de la Loi c'est bien ainsi que cela apparaît.

Vous pouvez donc ici montrer en quoi la religion se présente généralement comme ce qui fonde la morale.

Vous pouvez ici analyser alors des préceptes moraux dans diverses religions.

La loi morale semble, au moins dans la tradition judéo-chrétienne, s'annoncer d'abord sous la forme de la loi religieuse.

Le Décalogue est le modèle de cette conception : la loi s'impose à tous parce qu'elle n'a pas une origine humaine.

Et cette transcendance est nécessaire pour que la loi puisse s'imposer car, sans cela, les hommes n'auraient aucune raison de l'adopter.

Bien au contraire, sans l'autorité de la loi, ils ne peuvent que se jeter dans la débauche et dans l'idolâtrie, ainsi que le constate Moïse, de retour du Sinaï.

Pensez ainsi à cette formule de Dostoïevski lorsqu'il nous dit que « Si Dieu n'existe pas, tout est permis ».

Dès lors, peut-on encore parler d'une morale universelle à partir du moment où nous constatons que les religions sont multiples ? La morale a-t-elle nécessairement besoin de la religion ? La religion relève de la croyance ou encore de la foi.

Le risque n'est-il pas alors de faire reposer la morale sur des croyances qui d'ailleurs peuvent varier ? Il est alors peut-être douteux que la morale ait besoin de la caution de la religion.

Dès la première page de La religion dans les limites de la simple raison, Kant l'admet : « la morale, qui est fondée sur le concept de l'homme, en tant qu'être libre s'obligeant pour cela même, par sa raison à des lois inconditionnées, n'a besoin ni de l'Idée d'un Être différent, supérieur à lui pour qu'il connaisse son devoir, ni d'un autre mobile que la loi...

elle n'a aucunement besoin de la religion ».

Vous pouvez donc montrer en quoi la morale est fondée sur la raison et non sur la religion.

Mais d'un autre côté, Kant va montrer comment la morale appelle dans sa finalité la constitution d'un monde meilleur, elle suppose une représentation du souverain Bien et doit bien se faire quelque idée du Souverain de l'univers.

La morale, dans ses ultimes justifications, annexe les visées qui sont celles de la religion.

Toutefois, relever cette dimension de la morale ne consiste pas à poser la religion comme fondement nécessaire à cette dernière.

Kant définit la religion par "la connaissance de nos devoirs comme commandements divins".

Cela signifie que la raison suffit à indiquer notre devoir et que la religion intervient lorsque nous faisons comme si ces devoirs rationnels venaient de Dieu.

Ici, nous sommes dans une sphère symbolique : nous savons bien que la morale provient de la raison seule, mais nous pouvons la rapporter symboliquement à Dieu.

On entend pourtant dire qu'une certaine disparition des religions a pu, tout au moins en occident, conduire à un relâchement moral.

Une telle approche tend alors à revendiquer la religion comme fondement de la morale.

Or, n'est-ce pas peut-être parce qu'on assiste à une certaine disparition des religions que nous avons encore plus besoin de morale, d'une morale qui trouverait ses fondements dans ce qui fait de nous des hommes, à savoir la raison ? La raison peut fonder la morale Il est possible d'établir de manière rationnelle les véritables règles morales qui doivent régir la société humaine. L'ancien ordre moral, fondé sur la religion, reposait sur des illusions et contraignait la raison à se taire.

L'étude positive parviendra, au contraire, à des préceptes qui, de part leur fondement indiscutable, s'imposeront avec force.. »