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La morale est-elle rationnelle ?

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« Le fondement de la morale est rationnel. «Je suis par l'entendement esclave de la loi de Dieu, et je suis par la chair esclave de la loi du péché.» Saint Paul, Épître aux Romains (1er ap.

J.-C.). • D'après saint Paul, l'homme est partagé entre deux lois, celle de Dieu et celle du corps.

La première est comprise par l'entendement: c'est l'intellect, la raison, qui me permet de voir quels sont mes devoirs (en particulier le commandement: «Tu ne tueras point»).

Si les hommes dérogent à ces commandements, c'est parce qu'ils y sont poussés par la loi de la chair, à cause de laquelle, parfois «je ne fais pas le bien que je veux, et je fais le mal que je ne veux pas.» • Pour saint Paul, la loi religieuse n'est donc pas arbitraire: ce n'est pas seulement parce que les commandements sont inscrits dans la Bible qu'il faut y obéir: c'est parce que la raison en reconnaît le bien. La conscience morale est un instinct, un sentiment. • « Il est donc bien certain que la pitié est un sentiment naturel qui, modérant dans chaque individu l'activité de l'amour de soi-même, concourt à la conservation mutuelle de toute l'espèce.

C'est elle qui nous porte sans réflexion au secours de ceux que nous voyons souffrir : c'est elle qui, dans l'état de nature, tient lieu de lois, de moeurs et de vertu, avec cet avantage que nul n'est tenté de désobéir à sa douce voix : c'est elle qui détournera tout sauvage robuste d'enlever à un faible enfant, ou à un vieillard infirme, sa subsistance acquise avec peine, si lui-même espère pouvoir trouver la sienne ailleurs ; c'est elle qui, au lieu de cette maxime sublime de justice raisonnée, Fais à autrui comme tu veux qu'on te fasse, inspire à tous les hommes cette autre maxime de bonté naturelle bien moins parfaite, mais plus utile peut-être que la précédente, Fais ton bien avec le moindre mal d'autrui qu'il est possible.

C'est en un mot dans ce sentiment naturel, plutôt que dans des arguments subtils, qu'il faut chercher la cause de la répugnance que tout homme éprouve à mal faire, même indépendamment des maximes de l'éducation.

Quoiqu'il puisse appartenir à Socrate et aux esprits de sa trempe, d'acquérir de la vertu par raison, il y a longtemps que le genre humain ne serait plus, si sa conservation n'eût dépendu que des raisonnements de ceux qui le composent.

» Rousseau. MODELE. Dans ce texte, Rousseau fait l'apologie de la pitié. 1) La pitié est définie tout d'abord comme le sentiment naturel. 2) Puis, la pitié est décrite en ses différentes fonctions. 3) Rousseau indique la supériorité de la maxime qu'elle inspire. 4) Il ait de cette maxime le fondement de la morale. 1) Dans la forme d'une argumentation qui s'achève (« donc ») Rousseau affirme que « la pitié est un sentiment naturel ».

On sait que Rousseau opposera constamment ce qui est de l'ordre de la nature et ce qui est de l'ordre de la société (du social, ou du civil). Cette succession historique (supposée) a son équivalent à l'intérieur de l'homme.

Il y a en lui ce qui est de l'ordre de la nature (inné) et ce qui a sa source dans la société (l'acquis).

Rousseau estime que ce qui est de l'ordre du sentiment (la pitié) est déjà là, en l'homme, au niveau de l'homme naturel, et donc premier (et par là même antérieur) à la raison qui, elle, est seconde (et par là même postérieure), de l'ordre de l'homme civilisé. Ainsi, Rousseau, au niveau de l'homme « naturel », distingue-t-il un sentiment égoïste (« l'amour de soi ») et un sentiment altruiste (« la pitié »).

Il les comprend comme antagonistes, et s'équilibrant l'un l'autre (« la pitié [...] modérant dans chaque individu l'activité de l'amour de soi-même »). Sans que Rousseau soit très explicite sur ce point, on peut imaginer que l'amour de soi conduit l'homme au repli et l'éloigne de ses semblables (à moins que l'amour de soi ne le conduise à vouloir imposer sa volonté par la force).

Au contraire, la pitié nous ouvre vers autrui et conduit à nous rapprocher des autres hommes, nos semblables, nos frères.

Chacun, éprouvant de la pitié pour l'autre, est enclin à le protéger et à lui porter secours.

Ainsi, la pitié concourt-elle « à la conservation mutuelle de l'espèce ». 2) Aussi Rousseau se livre-t-il à une célébration de la pitié, en décrivant ses différentes fonctions.

Plus exactement, il croise les descriptions concrètes avec les fonctions abstraites.

Ainsi la pitié est reliée à la souffrance (« c'est elle qui nous porte [..] au secours de ceux que nous voyons souffrir ») ou bien elle est pensée comme frein à l'injustice (« c'est elle qui détournera tout sauvage robuste d'enlever à un faible enfant [...] sa subsistance acquise avec peine »). Mais, à chaque fois, une fonction de la pitié est indiquée : à la suite de la souffrance, Rousseau montre que la pitié joue dans l'état de nature le même rôle que la loi joue dans l'état de société (« la pitié tient lieu de lois, de moeurs,. »

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