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La morale peut-elle être exclusivement rationnelle ?

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« Position de la question.

La morale vécue, la moralité comprend de multiples éléments dont tous ne sont pas exclusivement rationnels.

Mais, ici, la question est autre : il s'agit de savoir si la Morale théorique, l'Éthique, qu'il est nécessaire de distinguer de la moralité vécue, peut être exclusivement rationnelle. I.

Les tentatives de construction rationnelle. Deux sortes de tentatives ont été faites pour construire ainsi la Morale de façon exclusivement rationnelle. A.

— Les philosophes classiques ont, en général, prétendu déduire la Morale d'un système philosophique d'ensemble, voire d'une métaphysique.

La Morale se construirait ainsi de façon rationnelle, à peu près comme les Mathématiques construisent leurs propositions à partir de certains principes : RENOUVIER n'a-t-il pas comparé les notions morales aux purs concepts des Mathématiques ? Mais : — 1° les bases métaphysiques qu'on prétend donner à la Morale, sont elles-mêmes discutables; aucune métaphysique n'a réussi à obtenir l'adhésion unanime des philosophes; —2° comme l'a montré L.

LÉVY-BRUHL., la déduction en question est souvent illusoire; — 3° est-il certain d'ailleurs que les systèmes métaphysiques soient eux-mêmes purement rationnels? B.

— D'où une autre tentative, celle de KANT, pour édifier une Morale rationnelle, mais indépendante de la métaphysique, l'impératif moral, le Devoir étant identifié à la loi même de la Raison.

Mais cette tentative aboutit à une conception purement formelle de la moralité, la Raison pure étant incapable de donner à celle-ci un contenu suffisamment déterminé. II.

En quel sens la Morale peut et doit être rationnelle. A.

— La Morale n'a pas à être construite de toutes pièces comme la théorie mathématique; elle doit partir d'un donné qui est la moralité vécue, celle-ci se présentant à la fois sous la forme sociale des moeurs et surtout sous celle de l'expérience morale de la conscience personnelle. B.

— Mais ce donné ne saurait suffire; il doit être élaboré; et c'est ici que la Raison, et la Raison seule, est compétente.

Tout donné, en effet, doit être interprété, et le donné moral plus que tout autre, car il doit être justifié rationnellement et assumé par la conscience. 1° Non seulement, en effet, la Raison est essentiellement normative, mais elle implique un principe de cohérence qui s'applique à l'action comme à la pensée et qui n'est donc pas moins important pur la Morale que pour la Logique. 2° La Raison est principe d'universalité.

Or, il est de l'essence des valeurs de tendre à l'universalité, à tel point que KANT avait fait de l'universalisation possible du vouloir un des critères de l'action morale. 3° Enfin la Raison, en tant qu'effort vers la pensée claire, en tant que prise de conscience de nos buts d'action et des motifs qui nous font agir, est déjà nécessaire à la vie morale.

Elle l'est, à plus forte raison, à la Morale théorique, qui est essentiellement discipline réflexive. Conclusion La Morale, même théorique, ne saurait être exclusivement rationnelle si l'on entend par là qu'elle doit être une construction purement formelle n'empruntant aucune donnée à la réalité.

Mais elle relève de la Raison et de la Raison seule, — le sentiment ne pouvant en aucune façon remplir le même rôle — en tant que discipline normative et élaboration réfléchie de ce donné.. »

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