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La mémoire est-elle indispensable à la conscience ?

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« Termes du sujet: MÉMOIRE: 1.

— Faculté de se souvenir ; ensemble des fonctions psychiques par lesquelles nous pouvons nous représenter le passé comme passé ; BERGSON distingue la mémoire-habitude qui naît de la répétition d'une action et s'inscrit dans le corps, de la mémoire-souvenir qui, coextensive à la conscience, en retient tous les états au fur et à mesure qu'ils se produisent.

2.

— Faculté gén.

de conserver de l'information.

3.

— Au sens concret, désigne tout ce qui est capable de conserver de l'information, et, en part., les organes des ordinateurs ayant cette fonction. La conscience vient du latin conscientia, qui signifie « accompagné » (cum) de « savoir » (scire).

Être conscient signifie donc que lorsque l'on sent, pense, agit, on sait que l'on sent, pense ou agit.

Mais il convient de distinguer la conscience directe ou immédiate, qui accompagne ainsi tous les actes du sujet, de la conscience réfléchie, conscience qui se saisit elle-même comme conscience.

La première consiste à « avoir conscience », tandis que la seconde consiste à « être conscient d'avoir conscience ».

Le passage de l'un à l'autre serait le fait de « prendre conscience ». Introduction L'homme entre en rapport avec le monde et avec lui-même par la conscience.

La conscience n'est rien d'autre que cette intuition que l'esprit humain a de ses états et de ses actes.

Dire que la conscience est une intuition, c'est donc la définir comme un rapport immédiat au réel et au sujet lui-même.

La mémoire ne semble donc pas nécessaire, puisqu'elle constituerait précisément une médiation entre le sujet et ce dont il a conscience. Pourtant, il semblerait que la mémoire y joue un rôle de premier plan, qu'elle soit, non pas un détour, mais un élément constitutif de la conscience : la conscience de soi suppose par exemple que l'on puisse se saisir comme une unité par delà la diversité de nos états.

Pour pouvoir dire que l'on est un sujet, alors même que l'on peut être au cours d'une même journée tantôt gai, tantôt triste, que l'on peut dormir et rêve, et plus encore : que l'on change au cours d'une vie, que notre personnalité se transforme, ne faut-il donc pas que la mémoire intervienne pour que la conscience réflexive ait un sens ? Cela vaut tout autant pour la conscience du monde : la conscience que l'on a des objets qui nous entourent pourrait-elle être telle sans que la mémoire intervienne ? On sait aujourd'hui que les zones de l'hémisphère cérébral qui gèrent la mémoire peuvent, s'ils sont endommagés, altérer notre vision du monde, et même notre perception, en nous rendant incapable de reconnaitre un objet.

La conscience semble être si étroitement liée à cette faculté de rétention qu'est la mémoire que l'on peut se demander dans quelle mesure la conscience est autre chose qu'une mémoire du présent.

Néanmoins, tant que l'on considère que la mémoire est exclusivement liée au passé, on voit que, pour autant qu'elle est indispensable à la conscience, elle peut aussi représenter un obstacle : ne faut-il pas, pour que la conscience du présent puisse primer, que le passé s'efface et nous libère de son emprise ? La mémoire est-elle un obstacle en ce qu'elle nous ramène en nous-mêmes et à notre passé au lieu de nous ouvrir sur le monde actuel, auquel cas une conscience sans mémoire serait une conscience plus immédiate et plus globale, ou la mémoire est-elle au contraire ce qui nous permet d'accéder au présent ? I. La mémoire comme clé de voûte de la conscience. La mémoire est indispensable à toute conscience de quelque chose, même sous sa forme la plus élémentaire : la perception.

En effet, pour que la perception ne consiste pas en une série de clichés indépendants les uns des autres, mais puisse devenir conscience d'un objet, comme tel, c'est-à-dire d'une unité, d'une maison par exemple, il faut bien que la mémoire intervienne : quand je regarde le toit, il faut que la perception de la porte ou de la fenêtre soit encore en ma mémoire pour que je puisse dire que j'ai une perception de la maison.

Cela est d'autant plus net que l'on prend des objets plus grands, que l'on ne peut saisir par une seule perception : un château par exemple.

C'est ce que Kant appelle la synthèse reproductive dans la Critique de la raison pure : après une synthèse successive des parties, la synthèse reproductive permet d'unifier l'objet et de le percevoir comme objet. B. La mémoire est, selon Descartes dans la troisième règle des Règles pour la direction de l'esprit, indispensable à tout ce qui n'est pas intuition immédiate : autrement dit, soit j'ai l'intuition d'un raisonnement, dans la mesure où je peux immédiatement relier une proposition A et une proposition B, soit je ne puis avoir la conscience immédiate et intuitive de cette liaison, auquel cas c'est la mémoire qui me permet de relier les deux propositions. Lorsqu'un raisonnement comporte de multiples étapes, lorsqu'il est déductif, je peux en effet le suivre à la seule condition de garder en mémoire ce qui précédait.

La mémoire est dans ce cas une faculté qui permet à la conscience de jouer son rôle de conscience même lorsqu'elle ne peut le faire de manière immédiate et intuitive. A chaque fois donc que ma conscience a besoin de s'appuyer sur ce que son expérience passé lui a appris, la mémoire entre en jeu.

La mémoire permet donc l'unité de la conscience.

Elle lui est indispensable dans la mesure où la simple lecture d'un texte ou l'orientation dans une ville seraient impossibles sans elle, mais elle ne semble pas être pour le moment interne à la conscience, mais bien plutôt une sorte d'aide extérieure qui complète la conscience,. »

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