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La magie des mots: une perversion du langage ?

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« Introduction Le sujet porte sur le langage.

Le langage a pour but initialement de rendre la communication possible.

Or le langage peut être équivoque, il peut ne pas être satisfaisant, il peut dire autre chose que ce que l'on veut dire.

Cette équivocité du langage doit-elle être condamnée, ou bien est-ce précisément ce qui fait la richesse du langage ? La magie des mots c'est la possibilité pour le langage de dire plus qu'il ne le faudrait.

Cette capacité du langage doitelle être louée ou combattue ? La fonction utilitaire du langage Dans L'Introduction à la métaphysique, Bergson traite du langage.

Pour Bergson le langage est un instrument grossier, il est un outil pour l'action.

Pour être un outil satisfaisant le langage doit ignorer certaines différences entre les choses, aucune chose n'étant identique à une autre une dénomination générale n'est possible que si elle ignore certaine différence.

Pour Bergson le langage est donc un outil qui vise à la communication.

Pour cela Bergson qualifie le langage d'utilitaire.

Le langage a pour but de permettre aux hommes d'agir ensemble, il n'a pas pour but la restitution fidèle de la réalité, mais au contraire le but du langage est de niveler les différences entre les choses suffisamment semblables, la dénomination des choses s'appuie sur leur utilisation.

Dans ce contexte la magie des mots est une perversion du langage, mais une perversion dont Bergson se réjouit.

La magie des mots consiste précisément pour le langage à s'affranchir de ce rôle utilitaire.

Malgré son origine utilitaire le langage parviendrait dans certaines expressions à viser autre chose que la pure utilité.

Bergson ne condamne pas cette capacité, il s'en réjouit mais cependant il faut bien dire que relativement à la fonction primaire du langage c'est bien de perversion qu'il s'agit. Transition Doit-on se réjouir de cette capacité du langage à dépasser la simple utilité ? Ne faut-il pas plutôt se demander comment on peut éviter cette perversion ? Comment combattre ces pièges du langage ? Leibniz La caractéristique universelle Descartes et Leibniz furent tous deux intéressés par l'élaboration d'un langage purgé de toute erreur.

Non seulement ce serait un langage dépourvu de tous malentendus, mais également un langage universel susceptible d'être appris par tout être raisonnable.

Le constat que font Leibniz et Descartes et le même, les hommes sont plus souvent d'accord qu'il y paraît, le désaccord vient souvent de ce que les hommes s'avèrent incapables de comprendre ce que leur interlocuteur dit.

Pour Descartes et Leibniz ce qui manque c'est donc un langage qui évite la confusion.

Le langage est responsable des querelles, lorsqu'il est mal compris on aboutit à des disputes.

L'erreur que nous faisons est qu'on croit trop facilement que ce que l'autre dit est également ce qu'il pense.

Nous sommes accoutumés à faire des dires d'autrui l'expression de sa pensée.

Le projet d'un langage épuré de toute erreur vient donc d'une volonté de clarification, la polysémie, l'ambiguïté, sont des freins à une bonne communication.

Le langage doit permettre aux hommes d'exprimer leurs pensées, pour ce faire de façon fidèle le langage ne doit pas être un piège. Transition Plutôt que de chercher à créer un langage sans erreur, ne doit-on pas apprendre aux hommes à savoir distinguer entre ce que dit un homme et ce qu'il pense.

Par exemple quand notre voisin nous dit que sa maison est montée sur sa poule, nous sommes tout à fait capables de comprendre que ce dont il est question c'est d'une poule qui est monté sur une maison.

C'est ce que fait remarquer Spinoza dans la seconde partie de L'Ethique : les hommes doivent savoir reconnaître ce que pensent leurs interlocuteurs au-delà de ce qu'ils disent. La beauté du langage Peut-on rêver d'un langage qui soit purgé de toute erreur ? D'abord la réalisation d'un tel langage est loin d'aller de soi.

Mais peut-on en droit souhaiter un tel langage ? Le propre de tout langage n'est-il pas précisément de dépasser la simple communication.

Le langage doit aussi permettre la poésie, l'expression artistique.

Taxer de perversion du langage la magie des mots, c'est taxer de superflue une expression artistique permise par le langage. Chronologiquement, la magie des mots apparaît une fois en place la fonction utilitaire du langage.

Faut-il pour cela la taxer de perversion ? Parce que l'utilisation artistique du langage est seconde elle serait une perversion.

Mais ce qui vient en second est parfois plus un accomplissement qu'une perversion.

Que l'utilisation dissidente du langage vienne en second, ne fait pas de celle-ci une perversion, mais peut-être bien un accomplissement. Conclusion Le langage a une fonction utilitaire, la magie des mots en regard de cette fonction peut consister en une perversion. Mais en réalité cette richesse du langage dépasse son utilisation, sans la compromettre, elle est donc bien un aboutissement.. »

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