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La liberté se définit-elle par le pouvoir de consommer ?

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« Le thème de cet énoncé porte sur une tentative de définition de la liberté par le pouvoir de consommer.

Il s'agit de comprendre la signification du pouvoir de consommer pour décider de sa pertinence dans le cadre d'une définition de la liberté.

Si elle est définie comme pouvoir, la consommation doit procéder d'un choix, d'un choix dont l'expression est rendue possible par le pouvoir qui constitue le choix.

Le pouvoir de consommation est ainsi l'actualisation d'une possibilité de choix dans l'acte de consommer. Le problème de l'énoncé peut être focalisé sur la notion de définition.

Définir signifie circonscrire, limiter, comprendre.

En conséquence doit être déterminée comment se manifeste la liberté dans le choix de consommation pour savoir si la liberté peut se réduire, c'est-à-dire être définie, à l'acte de consommer.

Autrement dit, si la consommation comme pouvoir est l'expression (ou actualisation) d'une possibilité de choix, le problème est de penser en quel sens s'y exerce le jugement critique propre à l'acte libre (en opposition à la détermination aveugle) pour que se puisse dire de toute liberté qu'elle consiste en un pouvoir de consommer. I.

Le pouvoir de consommer L'ambiguïté du pouvoir de consommer réside dans l'apparent oxymore du syntagme.

En effet, la consommation se conçoit premièrement comme une détermination imposée de l'extérieur au sujet (manger pour survivre) dont la seule liberté consisterait alors dans l'élection du produit au sein de la variété.

Le pouvoir de consommer ressemble alors plus à une emprise de la consommation sur le sujet, un sujet s'aliénant au produit désiré, puis consommé.

Afin d'éviter un tel biais, il faut recentrer le syntagme (“ pouvoir de consommer ”) sur la notion de pouvoir qui alors souligne le caractère fondamental du choix dans l'acte de consommer.

Choix qui traduit en premier lieu un refus : pouvoir de consommer signifie pouvoir choisir de ne pas consommer.

Ainsi la liberté propre de l'acte de consommation se concrétise dans un acte de retrait du consommable.

La liberté de consommer est celle de se déprendre de la consommation afin d'éviter toute aliénation au processus déterminé de la consommation qui asservit le sujet au produit (telle est par exemple l'ascèse des épicuriens apprenant à se défaire de tout ce qui n'est pas nécessaire, c'est-à-dire la variété des produits permettant le choix, pour éprouver pleinement la liberté). Mais le retrait de la consommation comme expression de la liberté dans l'acte de consommer (ne pas consommer signifiant alors être libre de consommer, être libre dans la consommation puisque non-asservi au produit) constitue une forme de désengagement, et n'est donc pas liberté dans sa dimension civique.

Or la consommation, si elle suppose la collectivité pour s'exprimer (il ne semble pas possible de parler de consommation hors société), se caractérise par l'engagement.

Comment donc peut se manifester la liberté dans l'acte (publique) de consommer ? Si la consommation, pour être engagement, repose sur la diversité de l'offre assurant la possibilité du choix, il faut dès lors la concevoir comme un exercice procédant de la mise en œuvre d'un jugement critique.

Ainsi en est-il des pratiques de consommation exercée par le stoïcisme (impérial).

Il s'agit alors d'éprouver la possibilité de se priver pour déterminer ce envers quoi la dépendance est nécessaire et, en conséquence, s'assurer la liberté dans une conception raisonnée de la consommation : pouvoir ne pas consommer le non-nécessaire.

Se prouvant en acte dans un savoir de soi (ce dont on dépend et ce dont on peut se passer), la liberté peut ainsi s'atteindre par la consommation rationnelle.

Mais se laisse-t-elle pour autant définir la une juste (mesure de la) consommation ? II.

La définition de la liberté La conception stoïcienne de l'acte de consommer participe d'une définition de la liberté.

En effet, comprendre ce dont le sujet est dépendant permet, par répercussion, de savoir ce qui dépend et ce qui ne dépend de soi-même comme sujet.

Ainsi, la liberté repose sur le savoir de la distinction entre soi et l'extérieur.

La juste connaissance et conscience de ses propres limites, autrement dit le jugement critique assurant le discernement du superflu, produit l'agir dans la consommation alors fondée en le souci de soi dans la maintenance de sa propre liberté (Foucault). Dépendre du superflu est s'asservir, tandis que s'engager socialement dans l'acte raisonné de la consommation constitue, par son indépendance, l'humanité de l'homme comme libre et affranchi. En conséquence, le pouvoir de consommer comme intériorisation de l'autre (le produit) doit procéder d'un savoir de soi assurant la conscience de la (in)dépendance.

Il faut se connaître soi-même dans ses propres limites (c'est-àdire dépendance et nécessités) pour s'octroyer par la consommation la liberté.

La liberté, parce que fondée en un choix passant par le savoir critique du jugement, est ainsi la condition du pouvoir de consommer, de même qu'en le pouvoir de consommer (qui n'est pouvoir que s'il s'ancre en la liberté – autrement, il reste aliénation, et simple acte de consommation) s'exprime la liberté traduisant une certaine connaissance de soi.

Mais, si la liberté peut être définie par le pouvoir de consommer (comme un de ses traits distinctifs), s'y réduit-elle pour autant ? Conclusion - Vouloir réduire la liberté (c'est-à-dire définir par) au pouvoir de consommer exige de la comprendre comme radicalement caractérisée par le savoir de soi-même dans ses propres limites dans sa différence avec l'autre, puisque la consommation se définit en partie par le rapport d'altérité (de soi au produit que consommé, autrement dit devenant l'intériorité du sujet).

Déterminer la liberté par la consommation suppose de la fonder (uniquement) sur le problème de la relation d'altérité (le sujet libre et l'autre qui lui est extérieur – le produit, par exemple).. »

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