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La liberté n'existe-t-elle que dans la vie sociale organisée ?

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« INTRODUCTION Une première définition de la liberté tend à la rapprocher de l'absence de contraintes.

En ce sens la vie sociale, comprise comme organisation structurée par des règles, semble s'opposer à l'expression de cette liberté.

Pour autant l'exercice de notre liberté n'est possible qu'à partir du moment où les autres la reconnaissent, il suppose donc l'existence d'une vie sociale qui en serait la garante.

La conciliation possible entre la liberté individuelle et l'organisation sociale s'avère donc problématique.

Pour répondre à ce problème nous allons procéder en trois étapes.

La première tend à souligner l'opposition possible entre la liberté et l'organisation sociale.

La deuxième étape a pour fonction de relativiser cette opposition en soulignant la nécessité pour la liberté de s'exercer sur fond d'une structure sociale.

Enfin la condition de possibilité de l'organisation sociale sera interrogée. Première partie : La liberté comme absence de contraintes est-elle compatible avec la vie en société ? 1.1 La liberté illimitée. « Liberté ou franchise, signifie (proprement) l'absence d'opposition (par opposition, j'entends les obstacles extérieurs au mouvement) […] un homme libre est celui qui, pour ces choses que selon sa force et son intelligence il est capable de faire, n'est pas empêché de faire ce qu'il a la volonté de faire.

[…] la liberté de l'homme consistant en ceci qu'il ne rencontre pas d'obstacle pour faire ce qu'il a la volonté, le désir ou l'inclination de faire.

» HOBBES, Léviathan, II 21 p336-338. La liberté en ce sens semble être opposée à l'autorité comme possible obstacle à sa manifestation. 1.2 La société une structure réglée. Durkheim, dans Les règles de la méthode sociologique, souligne le caractère coercitif du fait social.

En effet les règles juridiques, morales, les dogmes religieux, les systèmes financiers, sont autant d'exemples de cette puissance de coercition externe qu'exerce la société sur l'individu sans que ce dernier en ait conscience. Transition : la société contraint les individus de différentes manières.

Or cette puissance coercitive semble faire obstacle à l'expression de leur liberté. Deuxième partie : La contrainte incarnée par l'autorité sociale est-elle nécessairement un obstacle à notre liberté ? 2.1 La jouissance de notre liberté suppose l'existence d'une autorité « Hors de l'état civil, chacun jouit sans doute d'une liberté entière, mais stérile ; car, s'il a la liberté de faire tout ce qu'il lui plaît, il est en revanche, puisque les autres ont la même liberté, exposé à subir tout ce qu'il leur plaît.

Mais, une fois la société civile constituée, chaque citoyen ne conserve qu'autant de liberté qu'il lui en faut pour vivre bien et vivre en paix, de même les autres perdent de leur liberté juste ce qu'il faut pour qu'ils ne soient plus à redouter.

Hors de la société civile, chacun a un droit sur toutes choses, si bien qu'il ne peut néanmoins jouir d'aucune.

Dans une société civile par contre, chacun jouit en toute sécurité d'un droit limité.

Hors de la société civile, tout homme peut être dépouillé et tué par n'importe quel autre.

Dans une société civile, il ne peut plus l'être que par un seul.

Hors de la société civile, nous n'avons pour nous protéger que nos propres forces ; dans une société civile, nous avons celles de tous.» HOBBES, Le Citoyen, chap.

X, § 1 La société civile telle que nous la présente Hobbes n'est pas un obstacle à notre liberté mais au contraire elle la rend possible. 2.2 Une organisation trop rigide laisse peu de place à l'expression de notre liberté. « Il me semble qu 'il faut aller plus loin encore et dire que l 'Etat socialiste requiert plus que l 'Etat bourgeois un contrôle vigilant, précisément parce que sa rationalité est plus grande, et qu 'il étend le calcul, la prévision, à des secteurs de l 'existence humaine, livrés ailleurs ou autrefois au hasard et à l'improvisation ; la rationalité d 'un Etat planificateur qui entreprend de supprimer à long terme les antagonismes de classes et qui même prétend mettre fin à la division de la société en classes est plus grande, son pouvoir est aussi plus grand et les moyens offerts à la tyrannie plus grands également.

» RICOEUR, Histoire et vérité. Ricœur, dans cet extrait, souligne les excès du totalitarisme.

En effet une société trop organisée semble remettre en cause l 'exercice de la liberté de chaque citoyen. Transition :La difficulté inhérente à la relation entre la liberté et la vie en société réside dans le fait que la deuxième est nécessaire à la première mais pour autant son organisation doit être suffisamment lâche pour permettre à la liberté de s'exprimer. Troisième partie : la liberté est-elle la condition de possibilité de la reconnaissance de l'autorité sociale ? 3.1 La liberté réside dans l'autorité que l'individu s'impose à lui-même. « L'obéissance à la loi que l'on s'est prescrite est liberté.

» ROUSSEAU, Contrat social, I 8. La notion de liberté ne s'oppose pas à la notion d'autorité.

La définition qui consiste à identifier la liberté à l'absence de contraintes est fautive en ce sens qu'elle ne permet pas de comprendre la relation nécessaire existant entre les maximes que je me donne à moi-même et l'expression de ma liberté. 3.2 La liberté est condition de possibilité de la reconnaissance de l'organisation. « Aussi peut-on nommer vertu la faculté morale d'exercer une contrainte sur soi, et action morale (éthique) l'action qui résulte d'une telle intention (du respect pour la loi), même si la loi exprime un devoir de droit.

C'est en effet la doctrine de la vertu qui commande de tenir pour sacré le droit des hommes.

» KANT, Doctrine de la Vertu, Intro.

IX L'organisation sociale trouve sa force et l'origine de son maintien dans la reconnaissance de chaque individu. CONCLUSION Il y a interdépendance entre la liberté et la vie sociale.

L'organisation sociale ne peut se maintenir qu'à partir du moment où elle est reconnue par ses membres, c'est cette reconnaissance qui la fonde.

D'autre part la liberté ne peut réellement s'exercer qu'à partir du moment où la vie sociale la garantit.. »

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