La liberté humaine peut-elle s'accorder avec la grâce divine ?
Extrait du document
«
[Pour Molina et les jésuites, il est possible de concilier la liberté humaine et la grâce divine.
Selon cette vision
optimiste de la condition humaine, les hommes peuvent contribuer à leur salut par leurs actions.]
Les oeuvres conduisent au salut
Luis Molina intervient dans le débat sur la conciliation du libre arbitre avec la grâce de Dieu.
Contredisant les
protestants, il propose aux croyants une vision optimiste de leur condition.
Les hommes, en effet, peuvent espérer
atteindre le salut par leurs oeuvres.
Le libre arbitre et la grâce sont nécessaires
Pour Molina, le péché originel empêche les hommes d'atteindre automatiquement le salut.
Il leur reste la volonté et
le libre arbitre, grâce auxquels ils peuvent choisir de coopérer ou non aux desseins de Dieu.
La grâce divine,
l'intervention de Dieu pour sauver les hommes ne suffit pas.
Une coopération mutuelle de la grâce et du libre arbitre
sont nécessaires.
La liberté s'accorde avec la grâce
Molina reconnaît que Dieu intervient dans le cours du monde comme cause première.
Cela n'empêche pas, toutefois,
des causes secondes de s'exercer.
La volonté humaine a aussi un pouvoir.
Par ailleurs, même si Dieu sait par avance
ce que je ferai de ma liberté, cela n'empêche pas que je sois libre.
La prescience divine n'est pas incompatible avec
ma liberté.
[Le salut des hommes dépend exclusivement de la grâce divine.
Les hommes sont prédestinés au salut ou à la
perdition.
Ils ne peuvent pas influencer par leurs actions les projets de Dieu.]
La grâce n'est pas accordée à tous
Saint Augustin, dans sa lettre Ad Vitalem, dit: «Dieu ne sauve pas tous les hommes mais un petit nombre d'élus, et
le libre arbitre est impuissant à changer quoi que ce soit dans la destinée qui nous a été impartie.»
Pas de libre arbitre
Cette conception du libre arbitre et de la grâce est à l'origine de la religion protestante, que ce soit sous sa forme
luthérienne ou sous sa forme calviniste.
Pour Luther, le libre arbitre n'existe pas.
C'est Dieu qui détermine et crée
tout par sa volonté.
Son omnipotence ne laisse pas de place à la volonté humaine.
Pour Calvin, seul un petit nombre
d'élus ont reçu la grâce.
Molina est trop accommodant
NOTE SUR LE JANSÉNISME
Le jansénisme est une forme particulièrement rigoureuse de pensée et de vie chrétienne.
Il se propose de revenir à
l'enseignement de Saint Augustin par réaction contre le laxisme des molinistes et des jésuites qui accordaient tant
de pouvoir à la liberté de l'homme que plus rien ne restait à la puissance de Dieu..
Le jansénisme et son austérité
morale constituèrent une véritable machine de guerre contre les jésuites et leur système rhétorique qui leur
permettait de tout justifier y compris les actions morales les plus condamnables.
La conception augustinienne de la grâce est aussi reprise par Jansénius et par les jansénistes.
Dans les Provinciales,
Pascal, proche des jansénistes, attaque Molina et les jésuites, en accusant leur théologie d'être trop accommodante.
Accorder trop d'importance à la volonté humaine revient à nier la toute-puissance de Dieu.
S'il suffit de quelques
oeuvres pour assurer leur salut, les hommes n'ont plus besoin de craindre Dieu..
»
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