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La liberté est-elle une somme de libertés ?

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« Analyse du sujet : Liberté : On essaye souvent de définir la liberté négativement, comme une absence de contrainte mais on peut aussi la considérer positivement, comme constituant l'état de celui qui fait ce qu'il veut.

La liberté pourrait alors être vue comme la capacité à réaliser ses désirs, toutefois, nous remarquons bien que quelqu'un qui cède à ses moindres désirs ne nous paraît pas libre : serait plutôt libre celui qui choisit entre ses désirs et opte pour celui qui lui paraît le plus sage.

Dans la liberté intervient donc l'idée de choix : on est libre quand on est capable de choisir, mais se pose alors la question de savoir sur quoi se fonde ce choix ? La tradition philosophique accorde généralement la préséance à la raison : serait libre celui qui se déciderait toujours suivant des motifs rationnels, celui qui, ayant pesé le pour et le contre, opterait pour la raison et résisterait à l'influence de ses passions.

Mais choisir la raison contre la passion, c'est également choisir de s'inscrire avec harmonie dans le monde plutôt que sous le joug chaotique des passions, car c'est souscrire aux exigences de la nécessité naturelle plutôt que de prendre ses désirs pour la réalité.

La liberté consisterait alors à avoir la sagesse de changer ses désirs plutôt que de changer le monde.

L'homme libre serait alors celui qui adopte une attitude active, qui participe au cours des choses au lieu de subir la situation. Problématisation : Si la liberté était une somme de libertés, alors, il faudrait considérer que l'on est libre de temps en temps, et esclave à d'autres moments.

Mais peut-on vraiment penser que la liberté soit quelque chose de temporaire, n'est-ce pas plutôt un état général ? Toutefois, comment définir la liberté sinon par les actions libres que l'individu peut entreprendre ? O n sent sa liberté quand on est « libre de faire quelque chose », et ces différentes actions où l'on est libre peuvent bien être additionnées.

P eut-être faut-il revoir la définition de la liberté pour ne pas se perdre dans ce paradoxe ? Proposition de plan : 1.

On ne peut être libre à moitié. a) Si la liberté était une somme de libertés, cela voudrait dire que l'on serait libre de faire certaines choses et non d'autres choses, cela signifierait que dans certaines situations, on serait libre, et que dans d'autres on ne le serait pas.

Une somme est en effet une addition d'éléments disparates et elle ne constitue pas en elle-même une totalité absolue.

A insi seul ce qui serait contenu dans cette somme appartiendrait au domaine de la liberté, et ce qui n'y figurerait pas ne pourrait être sujet de liberté.

Par exemple, si cette somme était faite de deux éléments, comme la liberté de marcher dans la rue ainsi que la liberté de manger des tomates, alors, la liberté se limiterait à ces deux choses, et ainsi nous ne serions pas libres de chanter sous la douche ou de manger des concombres.

C ela impliquerait donc que la liberté soit quelque chose de partiel, car il y aurait des circonstances dans lesquelles on serait libre, et d'autres dans lesquelles on ne le serait pas. b) Mais l'idée de liberté n'admet pas celle de proportion et il n'y a pas de gradation dans la liberté.

La liberté fonctionne sur un mode binaire : soit on est libre, soit on n'est pas libre, mais en aucun cas on ne pourrait être « à moitié libre ».

Il n'existe que deux options, et de la même manière que quelque chose est soit vrai, soit faux, l'individu est soit libre, soit privé de liberté.

Si l'on définit la liberté comme « la capacité de faire ce que l'on veut », alors il est absurde de soutenir que l'on est « à moitié libre », car cela reviendrait à être « à moitié capable de faire ce que l'on veut », mais si on l'est à moitié, on ne l'est toujours pas, et par conséquent cela revient à n'être pas libre du tout.

A insi que l'écrivait Sartre dans L'Être et le Néant : « L'homme ne saurait être tantôt libre et tantôt esclave : il est tout entier et toujours libre ou il n'est pas.

» Transition : C ependant, si tel est le cas, ne faut-il pas considérer qu'on n'est jamais libre ? 2.

La liberté en soi n'existe pas, seul existe la liberté de faire quelque chose. a) Si la liberté devait toujours être une liberté entière, alors il semble bien que nous ne serions jamais libres, parce qu'il y a toujours un moment où quelque chose nous empêche de faire ce que l'on veut, que ce soit autrui ou bien de pures contraintes naturelles, comme la loi de la pesanteur.

En fait, il faut accepter que la liberté en soi n'existe pas, et que de ce point de vue, nous ne sommes jamais libres. b) P ar conséquent, nous sommes contraints de nous contenter de quelques libertés, des libertés de faire certaines choses.

À défaut de la possibilité d'être libre, il nous reste l'occasion d'être « libre de… », et à défaut de « la liberté » il nous faut nous contenter « des libertés.

» Ce n'est pas qu'il faille voir dans cette somme de libertés la liberté en tant que telle, c'est que cette liberté en soi étant inaccessible, cette somme de libertés constitue le pis-aller qui s'en rapproche le plus. c) C ette somme de libertés n'est par ailleurs pas une somme positive mais une somme par défaut, elle est constituée de tout ce dont nous ne sommes pas empêchés et l'on peut ainsi dire qu'il y a liberté là où il y a absence de contrainte.

Par exemple, pour Hobbes, les libertés du citoyen sont constituées des « silences de la loi », c'est-à-dire des choses sur lesquelles l'Etat ne légifère pas.

Il écrit ainsi que : « parce que tous les mouvements et toutes les actions des particuliers, ne peuvent jamais être tellement réglées, ni leur variété si limitée, qu'il n'en demeure presque une infinité qui ne sont ni commandées, ni défendues et que les lois laissent au franc arbitre des hommes ; chacun est libre à leur égard » (Hobbes, De Cive). Transition : C ependant, cette impossibilité de concevoir l'existence effective de la liberté humaine ne reposerait-elle pas sur une mauvaise définition de la liberté ? 3.

Il faut redéfinir la liberté comme accord avec la raison. a) La véritable liberté ne repose peut-être pas dans la volonté de faire ce que l'on veut, car faire ce que l'on veut n'est pas rationnel.

A insi que le remarque Epictète dans son Manuel : « de toutes les choses du monde, les unes dépendent de nous, les autres n'en dépendent pas.

C elles qui en dépendent sont nos opinions, nos mouvements, nos désirs, nos inclinations, nos aversions ».

Or la vraie liberté se doit d'être en accord avec la raison, et la raison nous indique qu'il est inepte de vouloir changer ce qui ne dépend pas de nous. b) La vraie liberté, écrit Epictète « consiste à vouloir que les choses arrivent, non comme il te plaît, mais comme elles arrivent » (Epictète, Entretiens, I, 35) car l'on peut changer notre assentiment au cours des choses, mais l'on ne peut influer sur les événements extérieurs à nous : « le destin conduit celui qui y consent, et il entraîne celui qui y résiste » (Sénèque, Lettres à Lucilius ) A insi, être libre, c'est être capable de juger de manière rationnelle de ce qui dépend de nous et de ce qui ne dépend pas de nous et, une fois cela fait, de donner son assentiment au vrai et non au faux.

Quant à celui qui croit qu'être libre c'est faire ce que l'on veut, celui-là est un insensé, car il voudrait avoir le pouvoir sur ce qui ne dépend pas de lui, et il est donc incapable de liberté. c) De cette manière, on peut considérer que celui qui suit la raison est toujours libre, et cela même s'il est privé de toutes les libertés.

La liberté n'est donc pas une somme de libertés, elle est l'état de celui qui adopte le cours du monde de manière rationnelle, et de la sorte, elle est bel et bien entière ou bien n'est pas du tout. Conclusion : Dans une première partie, nous avons considéré que la liberté ne pouvait pas être ramenée à une somme car on ne peut pas être « libre à moitié ».

Suite à cela, nous avons présenté dans une deuxième partie que la liberté en tant que telle était impossible, et qu'une somme de libertés consistait tout ce que l'on pouvait espérer.

Nous avons enfin redéfini la liberté dans une troisième partie, ce qui nous a permis de la cerner vraiment et de montrer qu'elle pouvait exister sans pour autant être considérée comme une somme de libertés.. »

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