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La justice s'oppose-t-elle toujours à la violence ?

Extrait du document

« La justice est une instance étatique qui a pour fonction de maintenir l'égalité en sanctionnant dans une juste mesure, l'homme qui doit l'être et en dédommageant dans une juste mesure l'homme qui doit l'être selon la loi établie.

Nous voyons que le mot ‘justice' est formé à partir du mot juste, elle est donc une instance qui par essence doit être équitable.

La violence peut donc être considérée comme un élément perturbateur de cet équilibre, puisque par essence, elle est injuste.

Dans la violence, les deux antagonistes sont dans un rapport inégal : l'un est victime, l'autre bourreau.

Ainsi la violence détruit l'équilibre sociétaire que la justice est chargée de rétablir.

Pour se faire, elle sanctionne et dédommage.

Mais, la sanction ou la condamnation ne sont-elles pas empruntes de violence ? En effet, lorsqu'un homme est condamné à mort, lorsqu'il est emprisonné, ou encore lorsqu'il doit rembourser une grosse somme d'argent, l'on voit bien que la justice prend des décisions qui peuvent être violentes.

Mais alors, la justice serait-elle aussi créatrice de violence ? I. Une justice violente La justice est guidée par l'Etat : derrière elle, c'est l'Etat qui lui dicte la ligne de conduite grâce aux lois.

Parfois, la justice applique donc des lois qui ne correspondent pas à la réalité : il y a un décalage, une incohérence.

Et ce sont en dernier lieu les hommes inculpés qui pâtissent de ces petites erreurs, car la justice étant un organe fort de l'Etat, ses erreurs sont toujours violentes.

Ainsi, Socrate, lorsqu'il est condamné par la justice.

Cette erreur judiciaire coûte la vie à un homme qui pourtant n'avait toujours fait que prôner cette cité qu'il aimait tant.

Ainsi il accepte son châtiment, c'est-à-dire de boire la ciguë.

Et témoigne encore par-là son attachement et son respect pour cette cité et ses décisions.

Ici la justice ordonne tout de même la mort d'un homme ; il n'y a pas plus haute violence.

Kafka illustre bien cette absurdité de la justice qui parfois se fait violente : dans Le Procès, l'on voit des hommes de justice qui viennent le chercher sans lui expliquer de quoi il est accusé.

Il l'emmène de force et lui parle à peine. Joseph K.

vit cela, évidemment, avec beaucoup de violence.

Ici la justice se fait bourreau et fabrique elle-même des victimes.

Mais toute la violence, quand elle vient de la justice, est-elle nécessaire ? II. Une violence positive. Il semble que tout le monde devrait vouloir subir une telle violence si elle est méritée.

En effet, cette justice rétabli l'égalité et prouve qu'elle assure bel et bien la protection des citoyens.

En effet, un voleur puni de son crime par une peine, devrait être heureux d'être puni, car cela lui garantit que si un jour il est lui-même victime d'un vol, il sera dédommagé et que la justice fera son travail.

Rousseau va même expliquer que la véritable violence, la violence la plus dangereuse, a lieu dans l'état de nature.

En effet, pour l'auteur, la violence la plus forte, c'est celle qui entraîne des inégalités.

Or à l'état de nature l'inégalité et la justice sont totales, puisque c'est la loi du plus fort.

Ainsi lors du pacte social, lorsque chacun se donne à chacun, les hommes créent la justice, c'est-à-dire une instance sensée remédier aux inégalités.

La violence naturelle néfaste est donc balayée, au profit d'une violence de laquelle jaillit l'équité.

Ainsi ce type de violence est positif.

Mais la justice est-elle vraiment cette instance paradoxale qui veut lutter contre la violence tout en produisant elle-même une forme de violence.

C'est ainsi que Rousseau dira à celui qui désobéit à la loi, "on le forcera d'être libre". On trouve cette formule énigmatique au septième chapitre du premier livre du « Contrat social ».

Rousseau affirme que celui qui refuse d'obéir aux lois peut y être contraint par le corps social, mais il ajoute que cette contrainte sert en fait la liberté de celui qui y est soumis.

Ce paradoxe met en évidence la tension qui existe entre notre existence d'individu et notre existence de citoyen, et interroge sur la conciliation de l'obéissance civique avec la liberté. Rousseau partage avec les partisans du droit naturel l'idée que l'être humain est naturellement libre et autonome, chacun d'entre nous a naturellement le droit de décider de ses propres actions, dans son propre intérêt.

Or, l'intégration à un Etat nécessite une organisation sociale, des lois, un pouvoir commun.

Le problème central qu'examine le « Contrat social » est de savoir ce qu'est une loi légitime, ou encore de déterminer à quoi chacun de nous s'engage en vivant sous un pouvoir commun.

Qu'est-ce que je donne de mon pouvoir de me diriger moi-même ? à qui ? en l'échange de quoi ? Ou encore, dans quel but véritable les hommes décident-ils de s'associer, de se donner des lois communes ? Alors que Hobbes pense que le souci d'être en sécurité est le principal moteur de la vie sociale, Rousseau affirme que « renoncer à sa liberté, c'est renoncer à sa qualité d'homme ».

Non seulement la liberté est inaliénable, et nul ne peut vouloir être soumis à un autre, mais surtout les hommes s'associent pour conserver leur liberté et se préserver des rapports de dépendance personnelle. Le problème de la création de l'Etat légitime peut donc s'énoncer ainsi : « Trouver une forme d'association qui défende et protège de toute la force commune la personne et les biens de chaque associé, et par laquelle chacun s'unissant à tous n'obéisse pourtant qu'à lui-même et reste aussi libre qu'auparavant.

» Or, comment créer des lois et n'obéir à personne ? La réponse de Rousseau est apparemment simple : « Le peuple soumis aux lois doit en être l'auteur.

» Chaque individu promet d'obéir à la « volonté générale ».

La « volonté générale » est ce qu'il y a de commun dans toutes les volontés.

Par. »

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