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La division du travail engendre-t-elle la mécanisation ?

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« La division du travail est un type d'organisation sociale du travail qui consiste à répartir les tâches entre différents agents, parfois très éloignés les uns des autres, en fonction de différents critères.

Ces critères peuvent être économiques (on divise le travail pour qu'une partie de la main d'œuvre coute moins d'argent) ou techniques (diviser pour obtenir les agents les plus qualifiés dans le traitement d'une tache singulière). Le verbe « engendrer » nous invite à nous demander si la division du travail est la cause efficiente de la mécanisation, s'il y a un processus de mécanisation parce qu'il y a une répartition des taches nécessaires à la conception et à la production d'un produit. La mécanisation est le processus par lequel l'usage de la mécanique – c'est-à-dire, l'usage de moyens de production mis en mouvement par des machines – est répandu, sinon généralisé, à toutes les étapes de la production d'un produit. Se demander si la division du travail engendre la mécanisation revient donc à se demander si la division du travail est la cause efficiente de ce processus de généralisation des machines à toutes les étapes de la production des valeurs marchandes. I. La division du travail, cause efficiente de la mécanisation Division du travail et nouvelle division du travail international Il y a lieu de distinguer entre la division du travail, qui désigne un mode d'organisation du travail intrinsèque à l'activité même de production de la plupart des valeurs d'échange, et la nouvelle division du travail, qui est une forme récente de la division du travail, apparue dans le monde contemporain suite au développement de nouveaux modes de transport et de production.

En effet, la division du travail est intrinsèque au travail lui-même : dès qu'un produit est complexe, il peut nécessiter l'intervention de différents producteurs. Dans la nouvelle division du travail, c'est l'échelle qui change, puisqu'elle est dite « internationale » : en effet, les producteurs sont répartis en fonction des critères techniques et économiques dont nous avons parlé en introduction. Le critère économique à l'origine de la mécanisation des processus de production Dans le cas de la division du travail, nous pouvons dire qu'elle n'engendre pas nécessairement la mécanisation.

En effet, la répartition des taches dans un processus de production n'engendre pas nécessairement la mécanisation, mais seulement l'intervention de différents agents.

Il n'en va pas de même pour la nouvelle division du travail : en effet, celle-ci engendre nécessairement la mécanisation, c'est-àdire un processus de généralisation des processus de production mécaniques.

Le critère économique est la première cause de la mécanisation, puisque c'est pour autant que l'objectif est de réduire les couts de production par la division du travail, que la production à grande échelle, par la mécanisation, est mise en place. II. La division du travail n'engendre pas uniquement la mécanisation a. Division du travail et conceptualisation Cependant, la mécanisation n'est pas le seul effet de la division du travail (ou de la nouvelle division du travail).

En effet, la mécanisation désigne le processus de mise en œuvre, de production des valeurs d'échange.

Mais en amont de la mécanisation, une activité de conceptualisation est absolument indispensable, qui va définir les caractéristiques de la valeur d'échange à produire, et les moyens techniques de parvenir à ce produit. b. Le critère technique joue contre la mécanisation absolue des processus de production C'est donc le critère technique qui rentre ici en jeu : c'est pour autant que la division du travail se fait en fonction des compétences techniques de chacun que certains agents du processus de production sont chargés de la conceptualisation des produits.

La division du travail n'engendre donc pas uniquement la mécanisation, puisque toute activité de production implique une conceptualisation préalable impossible à mécaniser. III. La division du travail engendre la mécanisation du travail non qualifié a. Travail non qualifié et travail qualifié Il nous faut à présent distinguer entre travail qualifié et non qualifié, afin de comprendre les effets de la division du travail sur chacun d'eux.

Un travail qualifié est un travail qui présuppose la maitrise de compétences techniques nécessaires à l'activité envisagée, qualification qui peut être attestée par la possession de diplômes ou d'une expérience.

A l'inverse, un travail non qualifié est un travail qui ne nécessite ni diplômes, ni expériences, et qui peut donc être assumé par tout un chacun. b. La mécanisation des travaux non qualifiés et la valorisation des taches de conceptualisation A présent que nous avons fait cette distinction, nous pouvons dire que la division du travail engendre la mécanisation du travail non qualifié et la valorisation du travail qualifié.

En effet, en raison du progrès des processus de production, le recours à des machines implique un remplacement de la main d'œuvre non qualifiée.

A contrario, la division du travail engendre la valorisation du travail qualifié, valorisation sociale et économique par l'importance du salaire.

C'est dans ce cas précis que l'on peut faire avec Emile Durkheim (dans son ouvrage intitulé « De la division du travail social » (1893)) l'éloge de la division du travail.

Loin d'engendrer la mécanisation, dans le cas du travail qualifié, la division du travail permet à l'individu d'acquérir le sentiment de son utilité sociale, de son utilité au sein des relations d'interdépendance qui caractérisent les sociétés modernes.

Á l'inverse de la mécanisation, qui entraine soit une suppression des postes, soit une mécanisation de l'activité même des travailleurs humains (pensons aux premières scènes du film de Chaplin : « Les temps modernes ») la division du travail dans le cas des taches qualifiées permet de réaliser les potentialités de l'individu : par la confrontation avec une matière, celui-ci apprend à reconnaître ce dont il est capable, à accroître ses propres capacités. Conclusion : On a tôt fait de blâmer la division du travail, en oubliant qu'elle est intrinsèque à la plupart des activités de production de valeurs d'échange et qu'elle existe depuis toujours.

Si elle engendre nécessairement la mécanisation des taches non qualifiées, distribuées entre différents agents en fonction d'un critère uniquement économique, elle permet néanmoins la valorisation sociale et économique des taches qualifiées.

Celles-ci, loin d'être mécanisées et de mécaniser ceux qui les font, engendrent plutôt l'accroissement des capacités individuelles.. »

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