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La distraction ?

Extrait du document

« PREMIERE CORRECTION La distraction n'est pas, à vrai dire, une forme pathologique de l'attention.

Elle est assez ordinaire dans l'homme normal.

On pourrait en distinguer quatre sortes correspondant à peu près au quatre degrés de l'attention. a) Il y a la distraction par excès d'attention : c'est l'envers, la rançon de l'attention profonde.

Elle résulte d'une intense concentration mentale.

Ainsi les savants, les artistes sont souvent de grands distraits; c'est qu'ils sont d'abord de grands attentifs.

Ex.

d'Ampère, qui, dans la rue, écrit des calculs sur l'arrière d'un fiacre, et qui le suit quand il s'ébranle. b) Il y a un état de simple inattention : L'esprit cesse simplement de faire attention ; il se détend et se repose.

Ainsi nous appelons distrait le promeneur qui se contente de percevoir tour à tour les objets, et les personnes qu'il rencontre.

Des états très différents se succèdent dans sa conscience et aucun d'eux ne la fixe plus d'un instant. c) Au-dessous de l'inattention, se place l'état de dispersion et d'éparpillement de l'esprit.

C'est l'état d'esprit des instables qui ne sauraient soutenir leur attention, et qui changent à tout instant l'orientation de leur pensée.

Les enfants vont ainsi de distraction en distraction, étant incapables de fixer longtemps leur attention sur un objet.

— Nous nous mettons nous-mêmes dans un état de ce genre quand nous nous abandonnons à la rêverie. Dans ces divers états, il y a toujours un certain degré d'attention : attention à la vie, diversion de l'attention, alternance de l'attention.

Ce n'est que dans les rêves du sommeil que nous trouvons la distraction complète : l'attention à la vie a disparu, nulle adaptation au réel.

La conscience n'exerce plus aucun contrôle sur ce qui se passe en elle; elle cesse de coordonner ses représentations.

L'esprit ne se possède plus, il se perd. SECONDE CORRECTION Dans les œuvres des moralistes et des romanciers, il existe de nombreux portraits du distrait.

L'un des plus célèbres est celui de La Bruyère, écrit d'une plume sévère pour ne pas dire féroce.

Beaucoup d'anecdotes sur la vie des grands hommes spéculent sur la drôlerie de ces « moments » de distraction.

La Bruyère nous propose un « type », tandis que les anecdotes ne maltraitent pas le savant, elles se moquent, certes, mais sont enclines à excuser.

La distraction semble à la fois un phénomène très général, — qui n'a pas eu « ses moments » de distraction ? — un phénomène normal mais qui peut se rencontrer en des formes très diverses.

Il est impossible de ranger sous la même étiquette la distraction de Ménalque et celle du savant Ampère, sinon extérieurement, et pour mieux dire apparemment.

En fait, l'analyse psychologique révèle des différences fondamentales. Sans doute faudrait-il, à la limite, considérer comme un état de distraction, les cas extrêmes, la perte de conscience, dans l'évanouissement, dans les anesthésies provoquées ; sans doute, également, l'idiotie est-elle distraction, mais on n'a point coutume d'utiliser ce terme pour désigner quoi que ce soit de pathologique, qui relève d'une analyse clinique.

Plus proche du fonctionnement commun du psychisme, le sommeil est peut-être distraction, du moins en ce sens qu'il est repos de notre activité mentale, une détente consécutive à la fatigue de l'état de veille.

Ordinairement, la distraction est un terme réservé à un phénomène de l'état de veille. Il nous arrive souvent d'être distraits.

Ainsi, après les heures de classe, il m'arrive souvent de rentrer chez moi, lentement, à travers les rues de la ville.

Je déambule, je flâne, avec le sentiment d'une courte vacance que je m'accorde avant de reprendre mon travail.

A proprement parler, je ne vois rien, je n'entends rien, les impressions se succèdent sans être retenues.

Ce qui entre par une oreille sort par l'autre, le temps passe, et il serait inutile de me demander qui j'ai croisé, ce que j'ai rencontré.

Ces jours-là, je suis fatigué.

D'autres fois, mille et une impressions m'assaillent, je tourne la tête à chaque bruit, mes yeux sont attirés par tout ce qui brille, sans aucune continuité. Au milieu de ce spectacle, tout de hasard, me reviennent des bribes de phrases entendues en classe et la géographie se mêle aux sciences physiques, une figure de géométrie se substitue à une gravure accrochée au mur de la classe.

C'est tout un défilé assez désagréable de mots, d'images, de perceptions à peine sensibles, cela tournoie sans que je puisse en fixer aucune et mettre fin à cette dispersion mentale.

Ici, je dis que je suis « énervé », car aussi bien mes gestes, ma démarche sont pour ainsi dire fébriles, comme dans l'attente. La dispersion mentale est consécutive à un effort fourni qui a entraîné fatigue.

Si nous nous dégageons de ces exemples, elle correspond d'une façon générale à un état de basse tension psychologique, qui peut se rencontrer d'une façon permanente en cas de paresse intellectuelle.

Elle se réalise occasionnellement dans une vacance d'action, parce que le travail est, pour un temps, terminé ; dans une attente, parce qu'il n'y a pas encore d'action à entreprendre, qui va requérir l'attention.

Soit encore, parce que nous ne parvenons pas, en raison même de cette dispersion mentale, à attacher un intérêt quelconque à la situation dans laquelle nous nous trouvons.

Ce manque d'intérêt peut être permanent, conduire à l'apathie et à l'indolence ou bien à une soumission de l'activité à des impressions immédiates et fugitives, perpétuellement contradictoires.

Ainsi parle-t-on d'enfants instables, lorsque nul spectacle, nulle activité ne peut les amener à un effort d'attention.

La dispersion mentale est corrélative d'un manque d'attention, d'une incapacité provisoire ou permanente à concentrer l'activité intellectuelle sur un phénomène extérieur ou sur un objet abstrait comme un raisonnement.

Elle est incapacité à la moindre continuité, fût-ce dans une occupation facile comme le jeu.

Aucune sélection ne s'opère vis-à-vis des sollicitations internes ou externes des automatismes, aucune orientation de l'esprit, puisque l'attention qui relie des phénomènes consécutifs. »

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