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La discussion permet-elle de lever tous les obstacles qui nous empêchent de comprendre autrui ?

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« Définition des termes du sujet La discussion est un mode de communication dialectique par le langage, qui permet d'exposer et d'échanger des idées.

C'est l'efficace de la discussion qui est ici en question, puisqu'on interroge ce qu'elle rend possible, et, plus précisément, on demande quelles sont la portée et les limites de son efficace dans la compréhension d'autrui.

La compréhension d'autrui, c'est la compréhension des idées qu'il exprime, mais aussi la compréhension de ses affects, de ses motivations, de ses modes de fonctionnement, choses qui ne sont peut-être pas évidentes à exprimer uniquement par le langage, d'autant que le langage est souvent insuffisant pour rendre compte de certaines choses, des sentiments par exemple. Proposition de plan I.

Le langage et la communication collective L'homme dispose d'un moyen extrêmement élaboré de communication avec autrui : un langage articulé, en permanente élaboration, partagé avec les autres membres de sa communauté.

Les mots structurent ainsi notre pensée ; nous pensons en partie grâce aux mots.

Ainsi, il pourrait sembler que le recours au langage par le biais de la discussion soit le meilleur moyen de comprendre autrui et de nous en faire comprendre. Alain Nous passons tous par cette expérience décisive, qui nous apprend en même temps la parole et la pensée.

Nos premières idées sont des mots compris et répétés.

L'enfant est comme séparé du spectacle de la nature, et ne commence jamais par s'en approcher tout seul ; on le lui montre et on le lui nomme.

C'est donc travers l'ordre humain qu'il connaît toute chose ; et c'est certainement de l'ordre humain qu'il prend l'idée de lui-même, car on le nomme, et on le désigne lui-même, comme on lui désigne les autres.

L'opposition du moi et du non-moi appartient aux théories abstraites ; la première opposition est certainement entre moi et les autres ; et cette opposition est corrélation ; car en l'autre je trouve mon semblable qui me pense comme je le pense.

Cet échange, qui se fait d'abord entre la mère et l'enfant, est transporté peu à peu aux frères, aux amis, aux compagnons.

Ces remarques sont pour rappeler qu'en toutes les recherches sur la nature humaine, il faut se tenir très près de l'existence collective, si naturelle à tout homme, et en tout cas seule possible pour l'enfant. II.

Les limites des possibilités d'expression du langage Un problème se pose cependant quant à la qualité de l'expression de la réalité par le langage : le langage est-il apte à rendre compte fidèlement des affects, par exemple ? Si nous ne pouvons rendre compte de nos affects, pouvonsnous être réellement compris par l'autre ? La compréhension de l'autre ne passe pas en effet uniquement par la compréhension des idées qu'il exprime. Bergson Chacun de nous a sa manière d'aimer et de haïr et cet amour, cette haine, reflètent sa personnalité tout entière.

Cependant le langage désigne ces états par les mêmes mots chez tous les hommes ; aussi n'a-t-il pu fixer que l'aspect objectif et impersonnel de l'amour, de la haine, et des mille sentiments qui agitent l'âme.

Nous jugeons du talent d'un romancier à la puissance avec laquelle il tire du domaine public, où le langage les avait ainsi fait descendre, des sentiments et des idées auxquels il essaie de rendre, par une multiplicité de détails qui se juxtaposent, leur primitive et vivante individualité.

Mais de même qu'on pourra intercaler indéfiniment des points entre deux positions d'un mobile sans jamais combler l'espace parcouru, ainsi, par cela seul que nous parlons, par cela seul que nous associons des idées les unes aux autres et que ces idées se juxtaposent au lieu de se pénétrer, nous échouons à traduire entièrement ce que notre âme ressent : la pensée demeure incommensurable avec le langage. Pour Bergson, le langage procède de l'extériorité.

Aussi est-il de l'ordre du décomposable, de l'espace, et du déterminisme.

Pour le moins il laisse échapper ce qui fait la complexité de la pensée qui, elle, est de l'ordre de l'intériorité.

Une telle critique sera constamment exposée par Bergson, qui estime, par ailleurs (« Le Rire »), que les mots du langage ne sont que des étiquettes collées sur les choses et par là qu'ils sont incapables d'exprimer les choses mêmes. Il s'agit ici d'une critique du langage et non de notre propre impuissance à exprimer notre vie intérieure.

Si nous échouons à traduire ce que notre âme ressent, c'est parce que le langage est inadéquat.

Il y a une différence de nature entre notre vie intérieure et le langage.. »

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