Aide en Philo

La démocratie peut-elle être sans contradictions ?

Extrait du document

« Essentielles au débat démocratique... La contradiction est un élément constitutif de la pratique démocratique.

Sur l'agora, le débat est contradictoire (contra-dicere dire contre), les opinions s'affrontent, chacun peut prendre la parole.

Le pouvoir du peuple s'éprouve d'abord dans l'affirmation de la diversité inévitable des discours.

Cette logique de la multiplicité reconnaît l'égalité de tous ceux qui composent le peuple.

De fait, si le peuple se fait Un c'est qu'il est composé d'égaux, toutefois égalité ne signifie pas similitude.

L'égalité du droit à la parole apparaît en effet comme la condition nécessaire à l'affirmation de la singularité.

L'idéal démocratique nourrit ainsi les aspirations individualistes. Dans ces conditions, n'y a-t-il pas contradiction entre la reconnaissance de la pluralité des avis et la nécessité d'aboutir à une prise de position unique? En effet, si la démocratie fait de la contradiction des discours qui s'expriment librement son moteur, ne réclame-t-elle pas, un moment donné, la concorde? ...

les contradictions surgissent comme des difficultés... De fait, la démocratie n'est pas seulement un idéal, c'est aussi - et surtout un régime de gouvernement.

Or gouverner c'est décider et pour que décision soit prise, il est nécessaire que cessent les contradictions qu'expriment les individus-citoyens.

On a dès lors recours à la pratique du vote qui soumet chacun à la loi de la majorité, relative ou absolue.

Ainsi la démocratie n'est-elle jamais vraiment le pouvoir du peuple mais plutôt celle d'une d'une majorité qui se dégage du peuple.

La démocratie c'est alors le pouvoir du nombre, un retour au droit du plus fort, à considérer les plus forts comme les plus nombreux.

Ce qui paraît désormais contradictoire c'est le décalage entre le pouvoir réel des uns et l'impuissance des autres qui voient leur droit réduit, stricto sensu, à sa plus simple « expression »...

Les plus nombreux, en outre, ne sont pas nécessairement les plus sages, ni les plus compétents. Un regard pessimiste porté sur la nature humaine découvre ainsi dans la démocratie une tyrannie de la majorité.

Ne risque-t-on pas de laisser le gouvernement de la Cité aller au gré de l'ignorance, voire peut-être de la bêtise si l'on croit que la finesse et la lucidité d'esprit sont rarement partagés le mieux du monde? ...

sitôt qu'on envisage la pratique de gouvernement La réalité, encore une fois, dissipe les inquiétudes en même temps qu'elle révèle une nouvelle contradiction. En effet, ce n'est jamais la majorité qui gouverne, ce sont ses représentants et les représentants du peuple, ce n'est pas le peuple.

Ainsi le démos laisse-t-il à quelques-uns, les plus habiles à parler, ceux qui ont l'habitude, le soin d'exercer en son nom le pouvoir.

Le régime démocratique apparaît alors dans la contradiction d'une intention (celle que laisse entendre encore l'étymologie) et d'une réalité (l'accès au pouvoir d'une classe de spécialistes) qui se manifeste dans la double séparation gouvernants-gouvernés et représentants-représentés.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles