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La croyance en l'inconscient relève-t-elle d'un acte religieux ?

Extrait du document

« Le terme "croyance" renvoie en son sens ordinaire à la disposition de l'esprit qui adhère à une opinion, une doctrine, etc., ou encore à une adhésion incertaine par opposition au savoir.

Ainsi, si l'on croit en un inconscient, cela signifie que la psychanalyse, comme théorie qui se fonde sur l'hypothèse de l'existence d'un inconscient psychique, ne se distingue pas d'une opinion ou d'une doctrine, d'une idéologie.

Elle ne peut alors plus prétendre à aucune scientificité, puisque par principe, la science rompt avec la croyance en proposant des preuves de ce qu'elle avance ou en les recherchant.

La psychanalyse ne pourrait alors pas être considérée comme un savoir.

Or Freud a toujours affirmé que la psychanalyse devait avoir un statut de science et qu'il existait de nombreuses preuves de l'existence d'un inconscient psychique.

Quant à l'expression "acte religieux", elle renvoie à la définition de la religion dans ses pratiques.

On définit ordinairement la religion comme un ensemble de croyances et de rites (registre de la pratique religieuse) comprenant un aspect subjectif (la foi que je peux éprouver) et un aspect objectif (cérémonies, institutions, etc.).

L'inconscient est une instance du psychisme dont nous ignorons tout, et qui se manifeste par ses effets (lapsus, actes manqués, rêves, symptômes, etc.).

En quel sens admettre l'hypothèse freudienne que notre psychique serait pris entre conscient, préconscient, inconscient (ou encore, selon la deuxième topique, entre le Ça, le Moi, le Sur-moi).

Admettre l'hypothèse d'un inconscient, serait-il faire acte de croyance ? L'inconscient n'est pas prouvable.

On serait alors proche de la croyance en son sens religieux : on croit en Dieu alors qu'il n'y a pas de preuve de l'existence de Dieu.

On croirait en un inconscient de la même manière, n'ayant pas de preuve de son existence.

Et donc psychanalyse et croyance seraient identifiables dans leurs objets respectifs.

Elles s'opposeraient à la science (voir la critique de la théorie freudienne que propose Alain, dans Éléments de philosophie, chapitre XVI : pour lui, l'inconscient n'est finalement qu'une idolâtrie du corps.

Le terme idolâtrie mérite réflexion et analyse).

En définitive, et Freud l'avait senti (cf.

Métapsychologie), le problème est dans le statut de cette science et de ses preuves.

On éprouve l'inconscient plus qu'on ne le prouve.

Quels sont les parallèles avec un acte religieux, un acte de foi, de croyance ? S'agit-il par ailleurs de croire en l'inconscient ou de le constater ? Introduction On peut d'abord dire que l'existence de quelque chose comme « l'inconscient » ne va pas de soi, il n'existe pas comme cet arbre ou cette personne.

Ainsi l'inconscient est différent d'une chose réelle, il porte sur des phénomènes spécifiques, des comportements ou des modes de pensées.

« In-conscient » : on constate déjà dans la structure du terme un rapport d'essentiel éloignement avec le phénomène de la conscience, éloignement qui s'instaure au sein de la subjectivité.

Ainsi l'inconscient détermine l'existence d'un autre en moi.

Mais l'homme n'a pas forcément la possibilité de saisir cet autre, ce sens en lui qui s'exprime à son insu.

Dès lors on comprend que le « Moi » (la conscience) n'est pas maître dans sa propre maison, selon l'expression de Freud.

L'inconscient est-il l'ennemi de notre liberté au point de déterminer nos actes et nos pensées ? Ainsi l'inconscient est-il compatible avec la foi en un Dieu chrétien par exemple qui nous a créés libres ? Encore, cet Autre absolu en soi n'est-il pas l'indice fondamental d'une présence surhumaine ? I.

L'invention freudienne ou la psychanalyse comme dépassement de l'infantilisme religieux a.

C'est Freud qui est le « père de la psychanalyse », et qui met dans le même temps la religion au rang d'illusion.

Le terme même d'inconscient renvoie à un monde symbolique qui habiterait chacun de nous.

Il se constitue aussi à partir de notre relation avec nos parents et notre entourage, dès les premiers instants de notre vie. La croyance religieuse est elle-même considérée comme le produit d'une activité inconsciente.

L'homme a besoin de se rassurer face aux hostilités qui l'accompagnent tout au long de sa vie.

Ainsi il se forme un besoin de créer une entité représentative qui lui permettra de mieux appréhender la réalité terrestre.

Ce sentiment du divin, ou « sentiment océanique », qui peut submerger l'homme à tel moment, ne saurait être l'indice pour Freud d'un quelconque sentiment de religiosité originelle, comme voulait l'indiquer un de ses amis (cf.

début de Malaise dans la civilisation).

Ce sentiment pour Freud relève plus d'une impression subjective que d'une preuve objective de l'existence d'une entité mystérieuse et infinie.

Si Freud est à l'origine d'une science de l'inconscient, il a su se défaire du traitement des sentiments, chose purement personnelle, et par conséquent sans intérêt pour l'avancée de la psychanalyse. b.

La croyance religieuse relève encore d'un infantilisme qui a à être dépassé.

Dans L'avenir d'une illusion, Freud entend bien exhorter l'homme à surmonter cette détresse primordiale : « L'homme ne peut pas éternellement demeurer un enfant, il lui faut enfin s'aventurer dans l'univers hostile.

On peut appeler cela l'éducation en vue de la réalité ; ai-je besoin de vous dire que mon unique dessein, en écrivent cette étude, est d'attirer l'attention sur la nécessité qui s'impose de réaliser ce progrès ? ».

Le stade adulte doit ainsi permettre au sujet de surmonter cette détresse enfantine, et de nombreux mythes tendent à exprimer ce dessein. Ainsi je suis en contradiction avec vous lorsque, poursuivant vos déductions, vous dites que l'homme ne saurait absolument pas se passer de la consolation que lui apporte l'illusion religieuse, que, sans elle, il ne supporterait pas le poids de la vie, la réalité cruelle.. »

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