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La croyance contribue-t-elle aux bonheur des hommes ?

Extrait du document

« La croyance porte toujours sur un objet, un fait.

On parle souvent de croyance en quelque chose.

De manière générale, la croyance est adhésion à une idée, à une représentation, mais une adhésion souvent immédiate, naïve et irréfléchie.

Dans notre société, la croyance est souvent considérée négativement.

Elle est en effet la marque d'ignorance.

Nous croyons parce que nous ne savons les causes réelles des phénomènes.

Dans cette optique, croire, c'est se tromper sur la nature du monde et n'avoir aucune maîtrise des choses.

Nous ne pouvons donc être heureux si nous n'avons pas notre vie entre nos mains.

Mais il existe différents sens au mot "croyance".

Il y en effet une différence entre le fait de croire que la terre est plate et croire en Dieu, ou en des valeurs telles que l'amitié.

L'homme n'a-t-il pas besoin en certains buts, en un idéal pour pouvoir construire sa vie et lui donner un sens? N'y-a-t-il pas une différence à faire entre croyance irréfléchie et réfléchie? 1.

La croyance, comme ignorance des causes, nous empêche de bien agir La croyance a pour principale source, l'ignorance des causes des phénomènes.

Ainsi, les premiers hommes selon Vico étaient persuadés que la foudre était l'oeuvre d'un Dieu parce qu'il ne pouvait pas comprendre ce qu'était la foudre et comment elle advenait.

La croyance est donc un manque de connaissance, qui produit une incapacité à agir efficacement dans le monde.

Or, pour être heureux, il faut savoir agir en vue de réaliser nos projets. De plus, la croyance amène souvent à craindre des choses.

Ainsi, par exemple, les premiers hommes avaient très peur de la foudre, ou alors avant, les gens avaient peur des chats parce qu'ils portaient malheur. Pour Kant, le bonheur se résume aussi à une croyance, à une illusion.

Les hommes croient au bonheur et mettent tous leurs efforts à y parvenir, mais selon lui, cette croyance n'apporte que souffrance : "Veut-il beaucoup de connaissance et de lumières ? Peut-être cela ne fera-t-il que lui donner un regard plus pénétrant pour lui représenter d'une manière d'autant plus terrible les maux qui jusqu'à présent se dérobent encore à sa vue et qui sont pourtant inévitables" De même, pour Schopenhauer, les hommes naissent avec la croyance dans le bonheur.

Ils passent leur vie à désirer et à s'agiter pour apaiser leurs désirs, en étant persuadés d'atteindre le bonheur.

Et cette agitation ne fait qu'augmenter leur souffrance. Enfin, il faut bien voir que la croyance en quelque chose peut nous amener à agir de manière dangereuse.

Ainsi, par exemple, certains membres de secte se sont suicidés, croyant que l'apocalypse allait se produire, d'autres sont prêts à mourir pour des croyances. 2.

La croyance est nécessaire à la vie Pourtant, nous ne pouvons pas dénigrer toute croyance.

Chacun porte en lui de nombreuses croyances et celles-ci permettent de vivre.

D'une part parce que nous ne pouvons avoir des connaissances sur tous les sujets et d'autre part, parce qu'elles permettent de donner un sens à notre vie. Pour Nietzsche, la vérité est un choix.

Nous pouvons vouloir l'erreur, l'illusion parce que nous pouvons aimer d'autres choses que la vérité, par exemple le plaisir, le pouvoir, l'action.

Ainsi Nietzsche ne condamne ni l'illusion, ni la croyance. Pour lui, elles remplissent un vide existentiel et elles sont vitales. Ainsi, nous pouvons décider de croire en Dieu, parce que cela donne un sens à notre existence et nous permet d'agir pour un bien( la charité, l'amour du prochain,...).

Pour Pascal, les sceptiques sont des êtres fous et malheureux et seule la croyance est la marque d'une force d'esprit. La croyance est nécessaire à la vie individuelle comme à la vie collective.

Ainsi, pour Schelling, c'est la croyance collective en des idéaux ou en des idées qui permet à un peuple de se fonder et d'être soudé.

de quel autre moyen un peuple dispose-t-il pour se conserver et s'affirmer si ce n'est la mythologie.[...] nous ne pouvons concevoir un peuple sans mythologie" Schelling( introduction à la philosophie mythologique) Ainsi, c'est la croyance en des idéaux qui soudent les individus et les nations. Enfin, il faut bien comprendre qu'aucune action ne serait accomplie si les individus qui les entreprennent ne croyaient pas en leur chance de réussir.

Tenterait-on un tour du monde en bateau si on ne croyait pas cela possible. 3.

La croyance, pour mener au bonheur, doit être conscience et réfléchie Pourtant, nous ne pouvons pas admettre toutes les croyances.

En effet, il y a une différence entre quelqu'un qui croit que les noirs sont inférieurs au blancs et celui qui croit que le partage est le but de toute existence.

De plus, nous avons vu qu'une croyance pouvait nous mener à accomplir des actes dangereux.

En effet, comme l'affirme Edgar Morin, il n'y a rien de plus dangereux qu'une croyance qui se croit absolument vraie et qui refuse d'être remise en question. Nous savons que nous avons tous besoin de croyance, mais il nous faut remettre sans cesse en doute nos croyances, les confronter au réel et les analyser. Ce qui nous permet en effet d'exister et d'avancer, c'est la croyance, non pas naïve et immédiate, mais la croyance réfléchie, qui sait qu'elle n'est pas vérité absolue mais foi dans une idée peut-être fausse. Ainsi, pour Edgar Morin, la mission des intellectuels est de forger de nouveaux mythes, de nouvelles croyances pour de nouveau une vision commune et une vie collective aux hommes. De plus, l'homme en déterminant ses croyances, se fixe un but à atteindre en fonction de ses croyances.

Si, pour reprendre l'exemple précédent, je crois que le partage est la plus haute valeur humaine, je vais tout mettre en oeuvre pour vivre selon cette croyance.

Ainsi, Sartre affirme que l'homme est ce qu'il fait et que son bonheur réside en la donation de sens à son existence.

Or, se fixer des règles de conduite en vue d'un bien, d'une croyance, c'est donner un sens particulier à sa vie, c'est lui donner une fin et se donner les moyens pour y parvenir.

En définitive, c'est se donner les moyens d'être heureux. La croyance, donc, naïve et irréfléchie se trompe sur la nature du monde et empêche l'individu qui croit, d'agir de manière adéquate sur son environnement et obtenir ce qu'il désire.

On peut même dire que le bonheur, lui-même, est une croyance qui apporte souffrance puisqu'inaccessible.

Pourtant toute action a besoin d'une croyance qu'il la sous-tend. Croire, c'est donner une valeur particulière à un objet et à l'existence tout entière.

Pour cela, il faut cependant toujours réfléchir sur mes croyances, les analyser et les améliorer.. »

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