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LA CRITIQUE DU LIBÉRALISME PAR LE SOCIALISME MARXISTE ?

Extrait du document

« L'optimisme libéral ne tient pas ses promesses.

Il suffit de considérer précisément la société industrielle de l'Angleterre du XIXe siècle pour le comprendre.

Les ouvriers travaillaient quinze heures par jour pour un salaire misérable.

Des enfants de huit ans (et parfois plus jeunes encore) descendaient au fond des mines.

La mortalité était effroyable.

La justification libérale de la propriété (légitimée parce que fruit du travail) paraissait dérisoire dans un monde où le travailleur salarié n'avait pas les moyens de devenir propriétaire, tandis que les propriétaires capitalistes pouvaient se dispenser de travailler.

La liberté dont parle le libéralisme est purement abstraite : il est entendu que l'employé et l'employeur discutent librement le salaire; mais l'employé menacé par le chômage — et qui n'a pas les moyens d'attendre — est contraint en fait d'accepter le salaire proposé.

Sa liberté abstraite déguise mal une servitude réelle.

Jaurès disait que la formule «Laissez faire, laissez passer» devait s'entendre en ce sens : «Le renard libre dans le poulailler libre ».

Car le droit de propriété ne concerne pas seulement le rapport d'un homme et d'une chose.

Il détermine en fait le rapport d'un homme avec d'autres hommes et peut être à l'origine d'une exploitation de l'homme par l'homme. Pourtant ce n'est pas pour des raisons morales que Marx condamne le capitalisme libéral.

Dans son grand ouvrage (Le Capital) Marx prétend se placer à un point de vue purement scientifique.

Il se propose d'analyser la structure du capitalisme libéral.

Dans une perspective dialectique (inspirée par l'idée hégélienne que les contradictions sont le moteur de l'histoire), cette analyse veut montrer que le capitalisme se détruit lui-même à partir de ses contradictions internes. Le principe fondamental du capitalisme est celui-ci : l'activité ouvrière est traitée et payée comme une marchandise. Or que vaut une marchandise? Sa valeur dépend de la quantité de travail qu'il faut pour la produire.

L'activité ouvrière se paiera à son prix de marchandise.

C'est-à-dire qu'on donnera à l'ouvrier ce qu'il faut pour qu'il puisse reconstituer sa force de travail pour le lendemain, ni plus ni moins.

Pour que l'ouvrier puisse travailler, il lui faut un peu de nourriture, quelques habits, etc.

Le patron paiera tout cela comme il paie l'huile de la machine. Seulement le travail ouvrier est une marchandise singulière qui a la propriété de produire à son tour de la valeur, et une valeur plus élevée que sa propre valeur de marchandise.

En langage plus simple, l'ouvrier rapportera plus au patron qu'il ne lui a coûté.

Le bénéfice produit, c'est la plus-value (liée, comme on voit, à l'origine, au fait que le travail est traité comme une chose). Mais le système capitaliste va engendrer des contradictions : a) Les crises économiques L'intérêt apparent de l'employeur est de vendre sa production le plus cher possible tout en versant le moins de salaires possibles afin d'augmenter la plus-value.

Seulement les ouvriers, mal payés, seront incapables d'acheter les objets qu'ils ont fabriqués eux-mêmes.

Le produit de leurs mains, exposé à la vitrine du commerçant, leur demeure étranger — c'est un aspect de l'« aliénation» —, inaccessible.

Dès lors beaucoup d'objets resteront invendus.

Les commandes du marchand à l'industriel diminueront.

L'industriel va licencier une partie de ses ouvriers.

On se doute que les chômeurs achèteront moins encore que les salariés.

C'est la crise. b) Les guerres L'idéal serait évidemment de trouver une marchandise qui ait toujours des acheteurs.

Or le matériel de guerre représente un type de marchandise exceptionnel dont l'État assume l'achat, qu'il ne revendra pas...

et qu'il distribuera sans concurrencer quiconque ! De plus la guerre sera nécessaire pour ouvrir de nouveaux marchés et les destructions militaires stimuleront la production de l'après-guerre.

Jaurès disait que «le capitalisme porte la guerre comme la nuée porte l'orage ». c) La concentration Pour comprendre le processus de la concentration, il faut partir de la distinction marxiste du capital constant et du capital variable.

Le capital constant (ainsi appelé parce qu'il ne rapporte directement rien au patron) représente la valeur des machines et des matières premières.

Le capital variable c'est l'argent qui sert à payer les salaires, donc à faire travailler l'ouvrier, à produire les marchandises, donc à reproduire de l'argent.

Mais les progrès du machinisme imposent au patron l'augmentation continuelle du capital constant.

Dès lors le taux du profit baisse parce que la plus-value est dévorée par les investissements.

Seul l'industriel le plus riche peut acheter les, plus grosses machines, avec lesquelles il peut produire davantage en moins de temps, ce qui lui permet de vendre moins cher que ses concurrents moins bien équipés.

Le petit patron succombe donc à la concurrence et devient prolétaire.

Le grand patron absorbe petit à petit d'autres industriels.

Telle est la concentration au terme de laquelle il n'y aura plus qu'un petit nombre de gros capitalistes exploitant une masse de prolétaires.

Le capitalisme produit ainsi, par son évolution dialectique, «ses propres fossoyeurs ».

A ce moment la révolution socialiste et la nationalisation des moyens de production sont proches.

Le capitalisme aura lui-même préparé sa propre expropriation, d'abord en rejetant dans le prolétariat bon nombre d'anciens capitalistes, ensuite en organisant des monopoles si vastes qu'ils pourront sans difficulté et sans transition devenir les instruments d'une économie collective.. »

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