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La conscience psychologique

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« Définitions: La conscience vient du latin conscientia, qui signifie « accompagné » (cum) de « savoir » (scire).

Être conscient signifie donc que lorsque l'on sent, pense, agit, on sait que l'on sent, pense ou agit.

Mais il convient de distinguer la conscience directe ou immédiate, qui accompagne ainsi tous les actes du sujet, de la conscience réfléchie, conscience qui se saisit elle-même comme conscience.

La première consiste à « avoir conscience », tandis que la seconde consiste à « être conscient d'avoir conscience ».

Le passage de l'un à l'autre serait le fait de « prendre conscience ». I. a) La conscience, dit le Vocabulaire de M.

Lalande, c'est « l'intuition qu'a l'esprit de ses états et de ses actes », une lumière qui me révèle à moi-même ma vie intérieure. b) Mais la conscience est-elle seulement une lumière ? Des psychologues (Maudsley, Le Dantec) le prétendaient il y a une cinquantaine d'années.

Pour eux, la conscience était un « épiphénomène », elle était là par-dessus le marché : un simple reflet de l'objet, incapable d'exercer une action sur ce qu'il reflète. c) Mais Pierre Janet a montré, contre les épiphénoménistes, que la conscience exerçait une action réelle, qu'elle était elle-même une action ou plus exactement une réaction.

Prendre conscience d'une action c'est réagir à cette action.

C'est ainsi que la conscience du succès est une nouvelle action qui se greffe sur l'action de réussir.

La conscience du succès, c'est en fait une « conduite de triomphe » qui s'ajoute à l'action de réussir. d) Les phénoménologues précisent que cette action de la conscience est une « intentionnalité », autrement dit qu'elle vise un objet extérieur.

Par exemple, un sentiment de peur ou d'amour n'est pas quelque chose d'intérieur, c'est une attitude en face de quelqu'un, c'est une façon de viser le monde.

«'foute conscience, dit Husserl, est conscience de quelque chose.

» II.

Si nous voulons approfondir ce que représente la conscience, nous voyons tout de suite qu'elle est une séparation. a) Prendre conscience du monde, c'est poser le monde comme objet — comme objet d'étonnement ou d'exploration — en face du sujet que je suis. b) Ma conscience me sépare non seulement du monde, mais aussi, comme l'a bien vu M.

Sartre, de moi-même.

Par exemple, prendre conscience que je suis timide, c'est ne plus être timide aussi simplement, aussi ingénument. Désormais il y a le « moi » qui est timide et le « je » qui sait que le « moi » est timide.

Le je qui sait que le moi est timide n'est pas lui-même timide.

Tandis que les choses inconscientes (cet encrier, cette pierre) existent massivement, sont « en soi », sont vraiment ce qu'elles sont, l'homme qui est conscient, qui est « pour soi », c'està-dire qui se donne une image de lui-même, se voit condamner par là à n'être jamais ce qu'il est, à ne plus coïncider avec soi.

Conscient d'être ce que je suis, je ne puis que jouer à être ce que je suis (comme le garçon de café dont parle Sartre, qui jouait à être garçon de café).

Toute conscience est comédie. c) Ma conscience me sépare d'autrui.

Tandis qu'elle me révèle à moi-même, le monde clos, insulaire, de la conscience des autres m'échappe totalement, je ne connais que leurs gestes et leurs paroles. III.

Mais la conscience ne me sépare de l'objet que pour mieux assurer ma prise sur lui.

On peut, en s'aidant d'analyses extrêmement célèbres de grands philosophes, montrer que la conscience est à la racine de l'effort, du choix, de la synthèse mentale. a) Pour Maine de Biran, l'avènement de la conscience c'est l'avènement de l'effort.

En effet, le moi ne peut prendre conscience de son existence qu'en s'opposant à un terme résistant qui se distingue de lui.

Ainsi l'avènement de la conscience signifie la maîtrise du moi sur son « corps propre ».

La conscience apparaît comme un pouvoir « hyperorganique » qui se révèle dans l'expérience de l'effort musculaire, racine de la volonté libre. b) Pour Bergson, « conscience signifie choix ».

Dans le monde animal sans conscience (ou à conscience très obscure), l'action se trouve déclenchée automatiquement par les stimuli.

Chez l'homme,' la conscience introduit entre le « stimulus » et la « réponse » une représentation mentale.

Par là-même, l'homme « substitue aux ripostes réflexes les parades réfléchies ».

Etre conscient, c'est m'aviser que je puis agir de telle manière, ou de telle autre ou d'une troisième. c) Enfin, n'oublions pas que conscience signifie « synthèse ».

Ce caractère essentiel se trouve - pensez-y - inscrit dans l'étymologie même du mot conscience, autrement dit cum-science.

La conscience ramasse et unifie toute mon expérience.

La conscience, dit Pradines, est une « mémoire tenue en mains pour des tâches d'avenir ».. »

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