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La conscience peut-elle être objective ?

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« Termes du sujet: OBJECTIF / OBJECTIVITE: Caractère de ce qui existe indépendamment de la conscience.

Caractère de ce qui est établi sans aucun jugement de valeur. Dans le domaine de la connaissance, l'objectivité est réalisée quand l'esprit constitue un objet de pensée pouvant en droit faire l'accord des esprits (universalité).

En ce sens, la notion est synonyme de rationalité.

Opposée à la subjectivité, elle requiert l'impartialité du sujet connaissant et exige la mise en oeuvre de procédures d'observation et d'expérimentation garantissant la validité des opérations relevant de l'investigation scientifique dont l'objectivité ne sera précisément méritée qu'à ce prix. La conscience vient du latin conscientia, qui signifie « accompagné » (cum) de « savoir » (scire).

Être conscient signifie donc que lorsque l'on sent, pense, agit, on sait que l'on sent, pense ou agit.

Mais il convient de distinguer la conscience directe ou immédiate, qui accompagne ainsi tous les actes du sujet, de la conscience réfléchie, conscience qui se saisit elle-même comme conscience.

La première consiste à « avoir conscience », tandis que la seconde consiste à « être conscient d'avoir conscience ».

Le passage de l'un à l'autre serait le fait de « prendre conscience ». Comment la conscience peut-elle se dépasser et prétendre à une objectivité (nécessité et universalité pour tous les esprits), alors qu'elle ne semble nous livrer que du matériau subjectif (sensations, sentiments, qualités) ? Comment concilier conscience (connaissance subjective) et objectivité (connaissance sur une base qui puisse être partagée, valable pour tous) ? La conscience ne peut pas être objective puisqu'elle appartient à un individu distinct, elle est toujours conscience " de ".

Si la conscience ne nous livre que des sensations et des sentiments, elle ne permet pas de fonder une connaissance par elle-même : ainsi les sciences (physique, etc.) se séparent tout à fait de ce que nous donne la conscience (la conscience nous donne des qualités), pour fonder l'objectivité sur des quantités qui n'ont plus rien à voir (Bachelard, La Formation de l'esprit scientifique, chapitre II : " Le premier obstacle : l'expérience première ").

Mais est-ce que la conscience peut être objective, non par rapport à l'idée qu'on se fait de soi-même, mais par rapport au réel, à l'expérience en général : la conscience " de " quelque chose n'est pas signe de possessivité de la conscience, mais d'une " intentionnalité " de la conscience qui, elle, peut être objective (voir Husserl, Méditations cartésiennes) ? La connaissance objective (la connaissance du réel, de ce qui est) ne prend- elle pas sa source dans toute conscience ? Introduction La manière dont nous nous rapportons au monde n'est jamais neutre.

Les émotions, les attentes, les intérêts teintent toutes nos prises de conscience qui semblent ainsi toujours marquées du sceau de la subjectivité.

Pourtant, s'il n'est jamais possible de surmonter cette subjectivité, aucun véritable savoir ne peut exister.

Nous ne pourrions alors jamais nous entendre vraiment.

Chacun serait enfermé dans « sa » vérité et la compréhension mutuelle serait toujours illusoire.

Est-ce vraiment le cas ? Ou bien la conscience humaine individuelle peut-elle se délivrer de sa subjectivité ? 1.

La conscience peut être objective A.

En quel sens la conscience est-elle subjective ? Par nature, la conscience est essentiellement subjective.

En effet, la conscience peut se définir comme la relation d'un sujet à un objet : toute conscience est à la fois conscience d'un sujet et conscience de quelque chose.

Relation à la fois réflexive et transitive, la conscience m'ouvre autant sur un quelque chose en face de moi (l'objet) que sur moi-même (sujet).

En suivant l'étymologie latine (cum-scire : avec savoir), on peut dire qu'être conscient c'est non pas seulement savoir mais aussi savoir que l'on sait : je vois l'arbre qui est en face de moi et je sais que je le vois.

Il n'y a donc d'objet que pour un sujet : l'objectivité est le corrélat de la subjectivité. B.

En quel sens la conscience peut-elle être objective ? Mais dans ce rapport du sujet à l'objet qui définit le phénomène même de la conscience, un des deux pôles peut être prépondérant.

En un sens plus strict, on dira d'une connaissance qu'elle est subjective si elle traduit davantage les états d'âme ou les intérêts du sujet qu'elle ne révèle la vérité de l'objet.

Si je vois un arbre, la conscience de ce fait est objective.

Si, en raison d'une forte imagination ou d'une phobie de la végétation, cet arbre m'effraie, ma réaction sera cette fois subjective.

La peur ne révèle pas ici un caractère de l'objet même mais exprime mon rapport, très personnel, aux arbres. Ainsi, si au sens large, toute conscience est conscience d'un sujet, on peut dire plus précisément que toute conscience n'est pas forcément subjective.

La conscience est objective quand elle parvient à appréhender un objet tel qu'il est en lui-même.

Mais que veut dire exactement « appréhender un objet tel qu'il est en lui-même » ? 2.

La conscience ne peut pas être objective A.

La fiction de la connaissance objective Ce qui apparaît à un sujet lui est toujours par définition relatif.

Rien de visuel ne peut apparaître à un aveugle.

À l'intérieur du même champ visuel, la manière de faire saillir les contrastes, de faire ressortir les couleurs, le dessin ou les volumes relève de l'individualité de chacun.

Le sens qu'un événement peut revêtir dépend également de l'histoire individuelle de celui qui le vit.

Dans ces conditions, l'idée d'objectivité apparaît illusoire.

Dire par exemple que les caractéristiques quantitatives d'un objet sont plus objectives que ses propriétés qualitatives constitue en réalité une décision arbitraire.

Il est vrai que du point de vue de la science moderne, les seuls caractères intéressants d'un phénomène sont quantitatifs.

Mais en quoi ce choix est-il supérieur à celui du peintre qui perçoit intuitivement le monde comme un jeu de lumières ? Le parti pris de l'objectivité revient donc toujours à privilégier une perspective au détriment des autres.

Il n'y pas un seul et même réel, s'imposant de la même manière à tous les sujets ; l'ordre des faits n'est pas une instance absolue qui transcenderait la subjectivité individuelle. B.

Il n'y a pas d'objectivité morale Il est encore plus facile de souligner la relativité culturelle des valeurs morales.

Il est certes possible de relever un certain nombre d'invariants éthiques d'une culture à l'autre comme par exemple l'interdiction du meurtre ou la prohibition de l'inceste.

Toutefois ces interdits ne représentent pas une loi morale universelle et objective.

Ils ne sont pas reconnus comme tels, leur force provient au contraire d'une nécessité intérieure vécue comme éminemment subjective.

En tant que voix intérieure, la conscience morale ne s'énonce jamais objectivement comme un théorème mathématique ou comme une conclusion expérimentale ; c'est au contraire une subjectivité qui s'éprouve comme tenue par elle-même, par ses propres limites.

La loi morale est toujours intime ; l'idée de valeur morale objective est une notion contradictoire. Transition Comprendre la condition subjective de l'homme, c'est donc admettre la nature nécessairement relative et plurielle de son rapport au monde.

Il existe autant de mondes que de regards posés sur lui.

Mais l'idée d'une appréhension objective de la réalité n'est-elle vraiment qu'une pure illusion ? N'a-t-on pas dénoncé un peu vite la notion et l'idéal d'objectivité ?. »

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