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La connaissance de soi peut-elle être sincère ?

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« Qu'est-ce que se connaître soi-même ? Est-ce possible ? Comment peut-on être entièrement conscient de ce que l'on est ? L'inconscient ne participe-t-il pas à faire ce que nous sommes ? Comment est-il possible alors de parler de sincérité ? Ne reste-t-on pas sincère si notre méconnaissance est la conséquence de notre inconscient (Freud) ? Ou toute connaissance de nous- mêmes n'est-elle pas en partie une manifestation de mauvaise foi (Sartre, L'Être et le Néant, 1re partie, chap #2) ? Peut-on être sincère malgré la subjectivité qui semble être inhérente à toute connaissance de soi par soi ? Que dire de ces premiers mots des Confessions de Rousseau : " Je veux montrer à mes semblables un homme dans toute la vérité de la nature, et cet homme ce sera moi " ? Dans quelle mesure cet objectif est-il trompeur, pour lui comme pour nous ? La passion ne peut-elle pas être un facteur de tromperie également (ce ne serait pas seulement un problème d'intention, mais de nature) ? Elle est capable de me faire croire que je me connais, alors que je suis manipulé par elle. [L'adage que Socrate lui-même a repris à son compte est celui qui est inscrit sur le fronton du temple d'Apollon à Delphes: «Connais-toi toi-même».

Pour Socrate, se connaître soi-même est le commencement de toute philosophie.] La connaissance sincère de soi est le fondement de toute quête du vrai Comment vouloir le bien, le juste, le vrai à partir du moment où l'on ne cherche pas en soi-même ce qui est bien, juste et vrai ? Comment puis-je agir moralement si j'ignore qui je suis, si je me laisse emporter par des passions qui me dépassent, si je me méprends sur ma propre nature (je ne suis pas un dieu, mais un être mortel et faillible)? Tel est le raisonnement de Socrate, lequel considère que la connaissance de soi est non seulement possible, mais de plus nécessaire. Il ne s'agit pas pour Socrate de se livrer à une investigation psychologique, mais d'acquérir la science des valeurs que l'homme porte en lui.

Cette science importe essentiellement — bien avant de connaître la nature ou les dieux.

Comment conduire sa vie pour être heureux ; voilà la question qui hante tous les hommes. L'opinion, confortée en cela par les sophistes, identifie le bonheur à la jouissance, au pouvoir, à la fortune, à la beauté.

Sans doute tout cela n'est-il pas négligeable, mais ce sont là des biens équivoques qui peuvent nous être utiles, ou nous nuire selon les circonstances, l'usage qui en est fait.

Pour qu'ils deviennent utiles, il faut que nous sachions nous en servir et si l'homme agit toujours en vue de son bien propre, il peut se tromper sur sa définition.

Si nul n'est méchant volontairement, c'est d'abord parce que nul ne veut consciemment se nuire à lui-même et donc ce n'est que par accident que la conduite qu'il adopte peut éventuellement s'avérer mauvaise.

Par accident, non volontairement, il faut entendre par là par ignorance : si je ne connais pas la hiérarchie des biens, je serai nécessairement malheureux.

Par exemple, celui qui consacre son existence à acquérir la richesse, en viendra naturellement à nuire à autrui, donc il s'exposera à la rigueur de la loi ; de plus c'est là un bien qui dépend en large partie du hasard et qui peut échapper à tout instant.

Il est donc inconcevable que sachant tout cela on puisse vouloir agir de la sorte.

C'est la science qui détermine l'action, elle ne peut être vaincue par les passions, seulement par l'ignorance. Le primat donné à la science explique les railleries dont Socrate accable aussi bien les institutions, en particulier le tirage au sort des magistrats, que l'inspiration qui permettrait à certains de bien agir par une sorte d'illumination. Faisant confiance au savoir et pensant que tous les hommes — fut-ce l'esclave — portent en eux le germe de ce savoir, c'est une vision délibérément optimiste que Socrate offre de l'humanité. Seule la sincérité de cette connaissance peut me conduire à la vertu, à la connaissance de ce qui est juste. Se connaître soi-même, c'est pouvoir se représenter Pour Kant, la connaissance de soi revient à «posséder le "Je" dans sa représentation» (Anthropologie du point de vue pragmatique).

Je peux donc me représenter en conscience, comme si j'étais moi-même un personnage que je vois sur une scène.

Je me tiens à distance de ce que je suis.

C'est ce processus qui me permet de me connaître.

A partir de cet instant, libre à moi de me juger avec sincérité, du moins d'affirmer que c'est en toute sincérité que j'essaie de me connaître, ou bien alors de me mentir, de ne pas voir ce qui en moi me déplaît, ce qui ne s'accorde pas avec l'idée que je me fais de moi-même.. »

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