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La connaissance de soi est-elle le fondement à la fois nécessaire et suffisant de toute morale ?

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« La connaissance de soi est-elle le fondement à la fois nécessaire et suffisant de toute morale ? Par connaissance de soi, il ne faut pas entendre ici la conscience des traits caractéristiques par lesquels on se distingue des autres : cette connaissance, indispensable pour se diriger dans la vie, ne peut guère servir à fonder la morale.

Il n'en est pas de même des caractères essentiels qui font de nous des hommes : la raison et la liberté. 1° Il est nécessaire de se savoir raisonnable et libre pour fonder une morale véritable, une morale du devoir : ceux qui ne reconnaissent pas à l'homme ces prérogatives peuvent établir un code de recettes pour parvenir au bonheur le plus grand possible; ils ne fondent pas une véritable morale. 2° Nécessaire, cette connaissance est-elle suffisante pour fonder la morale ? Suffit-il de connaître ce que nous sommes pour déterminer ce que nous devons être P On peut répondre : a) d'après notre nature, nous pouvons nous faire une certaine notion de l'idéal humain; b) mais il paraît bien difficile de fonder le devoir de tendre à cet idéal si nous ne voyons pas dans la raison qui nous l'indique une participation de l'Être absolu. Thème 494 Connais-toi toi même Il ne s'agit pas pour Socrate de se livrer à une investigation psychologique, mais d'acquérir la science des valeurs que l'homme porte en lui.

Cette science importe essentiellement — bien avant de connaître la nature ou les dieux.

Comment conduire sa vie pour être heureux ; voilà la question qui hante tous les hommes. L'opinion, confortée en cela par les sophistes, identifie le bonheur à la jouissance, au pouvoir, à la fortune, à la beauté.

Sans doute tout cela n'est-il pas négligeable, mais ce sont là des biens équivoques qui peuvent nous être utiles, ou nous nuire selon les circonstances, l'usage qui en est fait.

Pour qu'ils deviennent utiles, il faut que nous sachions nous en servir et si l'homme agit toujours en vue de son bien propre, il peut se tromper sur sa définition.

Si nul n'est méchant volontairement, c'est d'abord parce que nul ne veut consciemment se nuire à lui-même et donc ce n'est que par accident que la conduite qu'il adopte peut éventuellement s'avérer mauvaise.

Par accident, non volontairement, il faut entendre par là par ignorance : si je ne connais pas la hiérarchie des biens, je serai nécessairement malheureux.

Par exemple, celui qui consacre son existence à acquérir la richesse, en viendra naturellement à nuire à autrui, donc il s'exposera à la rigueur de la loi ; de plus c'est là un bien qui dépend en large partie du hasard et qui peut échapper à tout instant.

Il est donc inconcevable que sachant tout cela on puisse vouloir agir de la sorte.

C'est la science qui détermine l'action, elle ne peut être vaincue par les passions, seulement par l'ignorance. Le primat donné à la science explique les railleries dont Socrate accable aussi bien les institutions, en particulier le tirage au sort des magistrats, que l'inspiration qui permettrait à certains de bien agir par une sorte d'illumination. Faisant confiance au savoir et pensant que tous les hommes — fut-ce l'esclave — portent en eux le germe de ce savoir, c'est une vision délibérément optimiste que Socrate offre de l'humanité.. »

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