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La conception pragmatiste de la vérité et ses conséquences métaphysiques ?

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Kant disait qu'en cherchant à répondre à la question: qu'est-ce que la vérité ? on risque, si l'on y prend pas garde, "de donner le ridicule spectacle de deux personnes dont l'une trait le bouc (comme disaient les Anciens) tandis que l'autre tient une passoire". Et en effet il n'est pas facile de préciser le sens exact de cette question puisque, comme les Sceptiques savaient déjà bien le faire remarquer, pour lui donner une réponse convenable, c'est-à-dire vraie, il faudrait être d'accord auparavant sur ce qu'est la vérité. De toute définition du vrai on peut se demander si elle est vraie, et ainsi tomber soit dans la régression à l'infini soit dans le diallèle dénoncés par les Sceptiques. D'une manière générale, il est admis que la vérité se définit par l'accord d'une connaissance avec son objet: mon idée est vraie lorsqu'elle est conforme à la réalité qu'elle prétend représenter. Toutefois cet accord et cette conformité peuvent être entendus de manières différentes, et c'est précisément par sa manière propre de les concevoir que se définit le pragmatisme.
I. LA THÈSE DE WILLIAM JAMES
- A - Origines de la conception pragmatiste.
La conception traditionnelle de la vérité consiste à définir le vrai par rapport à ce qui existe, à ce qui est. La vérité c'est l'adéquation de l'entendement et de l'objet. Le réel, c'est l'objet : l'être en tant qu'il existe en soi. indépendamment de notre pensée. La vérité n'est pas dans les choses mais dans l'esprit, c'est l'être rendu, devenu intelligible. La pensée se représente les choses telles qu'elles sont, ainsi que leurs rapports : la réalité lui apparaît comme un tout cohérent, organisé, que soutient une armature logique qui est la vérité même. Découvrir la vérité consiste précisément à découvrir et comprendre l'ordre de la réalité. Ainsi, pour Platon, il existe un ordre éternel des réalités véritables qui sont les Idées et la connaissance vraie n'est jamais que la contemplation de cet ordre. On le voit, dans cette conception, que l'on pourrait nommer «statique». - c'est le mot qu'emploie W. James, - la vérité consiste dans une propriété intrinsèque de l'idée, qui lui appartient ou ne lui appartient pas une fois pour toutes.
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« Kant disait qu'en cherchant à répondre à la question: qu'est-ce que la vérité ? on risque, si l'on y prend pas garde, "de donner le ridicule spectacle de deux personnes dont l'une trait le bouc (comme disaient les Anciens) tandis que l'autre tient une passoire".

Et en effet il n'est pas facile de préciser le sens exact de cette question puisque, comme les Sceptiques savaient déjà bien le faire remarquer, pour lui donner une réponse convenable, c'est-à-dire vraie, il faudrait être d'accord auparavant sur ce qu'est la vérité.

De toute définition du vrai on peut se demander si elle est vraie, et ainsi tomber soit dans la régression à l'infini soit dans le diallèle dénoncés par les Sceptiques.

D'une manière générale, il est admis que la vérité se définit par l'accord d'une connaissance avec son objet: mon idée est vraie lorsqu'elle est conforme à la réalité qu'elle prétend représenter.

Toutefois cet accord et cette conformité peuvent être entendus de manières différentes, et c'est précisément par sa manière propre de les concevoir que se définit le pragmatisme. I.

LA THÈSE DE WILLIAM JAMES - A - Origines de la conception pragmatiste. La conception traditionnelle de la vérité consiste à définir le vrai par rapport à ce qui existe, à ce qui est.

La vérité c'est l'adéquation de l'entendement et de l'objet.

Le réel, c'est l'objet : l'être en tant qu'il existe en soi. indépendamment de notre pensée.

La vérité n'est pas dans les choses mais dans l'esprit, c'est l'être rendu, devenu intelligible.

La pensée se représente les choses telles qu'elles sont, ainsi que leurs rapports : la réalité lui apparaît comme un tout cohérent, organisé, que soutient une armature logique qui est la vérité même.

Découvrir la vérité consiste précisément à découvrir et comprendre l'ordre de la réalité.

Ainsi, pour Platon, il existe un ordre éternel des réalités véritables qui sont les Idées et la connaissance vraie n'est jamais que la contemplation de cet ordre.

On le voit, dans cette conception, que l'on pourrait nommer «statique».

- c'est le mot qu'emploie W.

James, - la vérité consiste dans une propriété intrinsèque de l'idée, qui lui appartient ou ne lui appartient pas une fois pour toutes. Pour le rationalisme, selon James, «la vérité ne se fait pas, elle règne et s'impose d'une manière absolue, étant une relation unique qui ne présuppose aucun acheminement mais jaillit tout droit par-dessus la tête de l'expérience et qui à chaque bond atteint la réalité visée.» Or, c'est précisément ce caractère «théorique» et «statique» de la vérité que James ne peut accepter dans la conception rationaliste à laquelle il oppose une conception «pratique» et «dynamique» de la vérité.

Les origines de cette conception se trouvent dans l'idée même que le pragmatisme se fait de la conscience ou de l'esprit humain.

Si l'on se réfère aux théories de l'évolution, la conscience ne peut être fondamentalement qu'un instrument d'adaptation au service de la vie.

Dans cette perspective, le rôle de la conscience est essentiellement un rôle d'adaptation au milieu.

Elle apparaît, en effet, comme un organe destiné à adapter les réactions de l'organisme aux impressions reçues de l'environnement.

Elle est un instrument de vie en ce sens qu'elle permet à l'homme d'échapper le mieux possible à la destruction.

Elle est instrument de vie parce qu'elle est instrument d'action, destinée à fournir rapidement des réactions utiles.

« Vivre, c'est agir et prospérer sur cette terre, comme l'écrit James, dans les Causeries pédagogiques.

L'homme, quelle que soit d'ailleurs sa nature, est tout d'abord un être agissant, l'intelligence lui a été donnée pour l'aider dans ses adaptations à la vie de ce monde».

En d'autres termes, ce qu'il y a de premier pour l'homme, c'est l'action (d'où le nom de pragmatisme de cette doctrine) et l'instrument de son action c'est la conscience. - B - Vérité et action. La conscience est ce qui permet à l'homme d'utiliser les forces de la nature, la réalité, et c'est en fonction de cette utilisation que se définira la vérité.

Il en résulte que l'accord avec le réel va s'éprouver par la pratique : de même qu'une invention mécanique ne vaut que par son utilité pratique, de même une affirmation pour être vraie doit accroître notre empire sur les choses et non consister en des spéculations gratuites; comme l'écrit James, «la méthode pragmatiste consiste en effet à détourner nos regards de tout ce qui est chose première, premier principe, catégorie, nécessité supposée, pour les tourner vers les choses dernières, vers les résultats, les conséquences, les faits».

Ce qui revient à mettre essentiellement en lumière le côté pratique de l'activité humaine et à juger de la valeur des processus intellectuels d'après leurs effets dans la vie pratique et l'action.

La vérité consiste donc pour nos idées dans leur aptitude à pouvoir fournir une certain « travail » et c'est le terme même qu'emploie James.

Nos idées sont vraies d'une vérité instrumentale, vraies à titre d'instruments et seulement à ce titre.

Le vrai est une croyance à laquelle nous donnons naturellement notre adhésion parce qu'elle présente un avantage.

Croyance que nous adoptons, soit parce qu'elle porte en elle-même cet avantage, soit parce qu'elle nous permet de conserver avec un minimum de changement celles de nos croyances anciennes auxquelles James nous conseille de rester fidèles.

Comme i! l'écrit: «une vérité nouvelle est toujours une conception qui concilie tout et qui aplanit les transitions».

Il s'agit avant tout de concilier un avantage nouveau avec des avantages anciens.

Admettre une idée nouvelle, une nouvelle vérité, c'est admettre un avantage nouveau important.

Il se fait alors, dit James, une «addition» qui n'altère en rien les anciennes croyances et qui n'est donc qu'une «addition numérique».

Nous sommes en droit de comparer ce processus de la croyance à l'arithmétique des plaisirs puisque l'individu choisit de croire à ce qui lui est le plus avantageux, que, d'une manière générale, il n'admet que ce qui «paie». - C - Vérité et utilité. Est vrai pour l'homme ce qui lui réussit, ce qui lui est utile, i.

e., selon l'étymologie, ce qui constitue pour lui un outil efficace.

La pensée vraie est utile parce qu'elle porte sur un objet utilisable.

La valeur pratique des idées vraies tient d'abord à l'importance pratique que leur objet a pour nous; «doivent être tenues pour vraies, écrit James, les idées nous disant quelles sortes de réalités avantageuses pour nous sont à prévoir».

Avantageux est entendu en un sens large puisqu'il dit ensuite : « avantageux à peu près de n'importe quelle manière et à n'importe quel point de. »

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