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KANT: L'égoïste logique

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L'égoïste logique ne tient pas pour nécessaire de vérifier son jugement d'après l'entendement d'autrui, comme s'il n'avait aucun besoin de cette pierre de touche. Il est cependant si certain que ce moyen nous est si indispensable pour nous assurer de la vérité de notre jugement que c'est là, peut-être, la raison majeure de l'insistance à réclamer, dans le public cultivé, la liberté de la presse ; si cette liberté nous est refusée, on nous retire en même temps un moyen important d'éprouver l'exactitude de nos propres jugements, et nous sommes à la merci de l'erreur. Qu'on ne dise pas que la mathématique du moins a le privilège de se prononcer à partir de sa propre souveraineté : si dans le jugement de l'arpenteur, il n'y avait pas eu au préalable perception d'une coïncidence générale avec le jugement de ceux qui se consacraient à cette tâche avec talent et application, la mathématique n'aurait pas échappé à la crainte de tomber, ici ou là, dans l'erreur. Il y a également des cas où nous ne faisons pas même confiance au jugement de nos propres sens : par exemple, un tintement s'est-il produit dans nos seules oreilles, ou avons nous entendu une cloche qu'on a réellement tirée ? Nous trouvons nécessaire d'interroger les autres pour savoir s'ils ne sont pas du même avis. KANT

« « L'égoïste logique ne tient pas pour nécessaire de vérifier son jugement d'après l'entendement d'autrui, comme s'il n'avait aucun besoin de cette pierre de touche. Il est cependant si certain que ce moyen nous est si indispensable pour nous assurer de la vérité de notre jugement que c'est là, peut-être, la raison majeure de l'insistance à réclamer, dans le public cultivé, la liberté de la presse ; si cette liberté nous est refusée, on nous retire en même temps un moyen important d'éprouver l'exactitude de nos propres jugements, et nous sommes à la merci de l'erreur. Qu'on ne dise pas que la mathématique du moins a le privilège de se prononcer à partir de sa propre souveraineté : si dans le jugement de l'arpenteur, il n'y avait pas eu au préalable perception d'une coïncidence générale avec le jugement de ceux qui se consacraient à cette tâche avec talent et application, la mathématique n'aurait pas échappé à la crainte de tomber, ici ou là, dans l'erreur.

Il y a également des cas où nous ne faisons pas même confiance au jugement de nos propres sens : par exemple, un tintement s'est-il produit dans nos seules oreilles, ou avons nous entendu une cloche qu'on a réellement tirée ? Nous trouvons nécessaire d'interroger les autres pour savoir s'ils ne sont pas du même avis.

» KANT POUR DÉMARRER L'accord du jugement d'autrui avec le nôtre est indispensable à l'établissement de la vérité et à l'élimination des erreurs : Kant démontre dans ce texte qu'il existe une méthode de travail absolument nécessaire si nous voulons parvenir à la certitude.

La vérité se présente ainsi comme un phénomène collectif. CONSEILS PRATIQUES Notez que, dans ce texte, Kant s'appuie essentiellement sur des exemples pour étayer sa démonstration, qui parcourt successivement les champs de l'opinion politique (les journaux), de la pensée scientifique abstraite (les mathématiques), enfin de la sensibilité (les sens).

Prenez soin de bien expliquer quelques expressions importantes (égoïste logique, jugement, vérité). BIBLIOGRAPHIE HABERMAS, Théorie de l'agir communicationnel, Fayard. KANT, Anthropologie du point de vue pragmatique, Vrin.

Logique, Vrin. Présenter le thème du texte, l'objectif de l'auteur et sa thèse.

Thème : la vérité de nos jugements. Objectif de l'auteur : réfuter l'idée que le seul respect de la logique suffit à assurer la vérité de nos jugements. Thèse : il est nécessaire de recourir à l'avis d'autrui. Mettre en lumière l'articulation logique des idées en les expliquant. L'auteur énonce d'abord l'idée qu'il veut réfuter.

"L'égoïste logique", c'est-à-dire l'homme qui croit en la validité suffisante de la logique pour garantir la vérité de ses jugements, n'a pas recours au jugement d'autrui pour vérifier la vérité de ses propres jugements.

Cela ne lui paraît pas nécessaire.

Il convient d'expliquer le sens des mots.

Un jugement est la liaison de deux concepts par laquelle quelque chose est affirmé ou nié.

Quand un jugement peut-il être déclaré vrai ? On peut se référer à la définition classique : est vrai le jugement qui affirme ce qui est réel, la vérité étant la correspondance entre ce qui est pensé et le réel.

La question se pose de savoir comment être sûr de la vérité d'un jugement. Contrairement à "l'égoïste logique", Kant affirme qu'autrui est la "pierre de touche" c'est-à-dire le moyen dont on ne peut se passer pour vérifier cette vérité. L'argumentation consiste à présenter trois exemples, chacun traitant d'un domaine.

Le premier traite de l'opinion politique et souligne la signification de la liberté de la presse.

Quelle en est l'importance ? Si ce n'est qu'elle permet de "nous assurer de la vérité de notre jugement" par la comparaison de notre jugement avec celui des autres.

A première vue on comprend mal ce rapprochement si cette liberté consiste à pouvoir interpréter les événements et à exprimer des jugements de valeur sur les décisions politiques.

Y a-t-il à ce niveau des jugements vrais et risque d'erreur ? Il semble qu'il faille limiter cette liberté à la recherche d'informations sur les événements et à leur diffusion pour que le texte ait un sens.

Alors en effet, une information détaillée est nécessaire pour formuler un jugement exact et éviter l'erreur.

Kant renforce son argument en prenant l'hypothèse de l'absence de liberté de la presse.

Dans ce cas, on le comprend, nous n'aurions aucune référence pour nous affirmer ; ou alors, ce qui serait pire, notre jugement serait éclairé par les seules informations officielles émanant du pouvoir et serait de cette manière aveugle. Le deuxième exemple traite de la vérité mathématique et est encore surprenant.

En effet, qu'est-ce qui fait qu'une démonstration mathématique est vraie ? Si ce n'est qu'à partir de postulats ou axiomes on applique strictement les. »

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