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KANT: argent, dette et mensonge

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Un individu dans le besoin est poussé à emprunter de l'argent. Il sait parfaitement bien qu'il ne pourra pas le rendre, mais il sait aussi bien qu'il ne trouvera pas de prêteur s'il ne s'engage pas formellement à rembourser dans un temps déterminé. II a envie de faire cette promesse ; mais il a encore assez de conscience pour se demander s'il n'est pas défendu et contraire au devoir de se tirer d'embarras par un tel moyen. Supposons qu'il se décide néanmoins à prendre le parti de la fausse promesse, la maxime de son action se traduirait ainsi : quand je crois avoir besoin d'argent, j'en emprunte en promettant de le rembourser, quoique je sache pertinemment que je ne le rembourserai jamais. Or, ce principe de l'amour de soi ou de l'utilité personnelle est peut-être conforme à l'intérêt personnel, mais la question ici est de savoir si ce principe est juste ? Je convertis donc cette exigence de l'amour de soi en une loi universelle. Je vois aussitôt qu'elle ne peut revêtir le caractère de loi universelle de la nature sans se contredire et se détruire elle-même. En effet, admettre comme une loi universelle que chacun peut, quand il croît être dans le besoin, promettre ce qu'il lui plaît, avec l'intention de ne pas tenir sa promesse, ce serait rendre impossible toute promesse et le but qu'on peut se proposer par là, puisque personne n'ajouterait plus foi aux promesses, et qu'on en rirait comme on le fait de vaines feintes. KANT

« Commentaire de texte : Aide au devoir de philosophie en Terminale Un individu dans le besoin est poussé à emprunter de l'argent.

Il sait parfaitement bien qu'il ne pourra pas le rendre, mais il sait aussi bien qu'il ne trouvera pas de prêteur s'il ne s'engage pas formellement à rembourser dans un temps déterminé.

II a envie de faire cette promesse ; mais il a encore assez de conscience pour se demander s'il n'est pas défendu et contraire au devoir de se tirer d'embarras par un tel moyen.

/ Supposons qu'il se décide néanmoins à prendre le parti de la fausse promesse, la maxime de son action se traduirait ainsi : quand je crois avoir besoin d'argent, j'en emprunte en promettant de le rembourser, quoique je sache pertinemment que je ne le rembourserai jamais.

// Or, ce principe de l'amour de soi ou de l'utilité personnelle est peut-être conforme à l'intérêt personnel, mais la question ici est de savoir si ce principe est juste ? Je convertis donc cette exigence de l'amour de soi en une loi universelle.

Je vois aussitôt qu'elle ne peut revêtir le caractère de loi universelle de la nature sans se contredire et se détruire ellemême.

En effet, admettre comme une loi universelle que chacun peut, quand il croît être dans le besoin, promettre ce qu'il lui plaît, avec l'intention de ne pas tenir sa promesse, ce serait rendre impossible toute promesse et le but qu'on peut se proposer par-là, puisque personne n'ajouterait plus foi aux promesses, et qu'on en rirait comme on le fait de vaines feintes.

KANT Quelques difficultés du texte : maxime de son action : principe logique impliqué par cette action. amour de soi / utilité personnelle : égoïsme / égocentrisme. loi universelle : chez Kant, loi valant nécessairement pour tout être de raison, et cela en-dehors de toute expérience. Ebauche d’introduction Célèbre penseur de langue allemande, Immanuel Kant (1724-1804) est un philosophe systématique ayant abordé tous les versants de la philosophie : métaphysique, esthétique (dont il est l’un des véritables fondateurs après Baumgarten), philosophie de la connaissance, et philosophie morale.

C’est à ce dernier versant de sa pensée qu’appartient ce texte.

L’enjeu est de savoir à quoi se référer en cas de dilemme moral : quel repère adopter ? Son but est clairement d’interdire le mensonge, d’après une méthode qui sous-tend en permanence le concept d’impératif catégorique.

Dans un premier mouvement, l’auteur explicite un exemple opposant le besoin d’une situation et l’immoralité à laquelle ce besoin nous contraint.

Puis, Kant développe la règle à laquelle doit se conformer l’individu en toute situation à caractère moral. Plan suggéré (les découpes sont indiquées dans le texte par les symboles // entre les parties, / entre les sous-parties) Première partie : Besoin d’argent ? Le texte s’ouvre par la description simple et concise d’une situation : le besoin d’argent.

Cet exemple est précisé par deux paramètres qui la transforme en cas éthique : 1) si elle emprunte, elle n’a pas de quoi rembourser, 2) si elle ne fait pas la promesse de rembourser, elle n’aura pas cet argent.

Les dernières précisions sont apportées par la dernière phrase de cette première sous-partie : il ne s’agit pas d’une personne inconsciente (les cas de folie ou d’irresponsabilité sont donc disqualifiés), mais qui a «assez de conscience» pour s’interroger sur une notion abstraite telle que le devoir moral.

Le mot de conscience ne désigne rien d’autre, dans ce texte, que la conscience morale. Cette situation initiale donnée par Kant fourni le thème du texte. C’est à ce moment que l’auteur ouvre une hypothèse : cette personne, malgré sa conscience morale, décide de mentir.

La question implicite n’est pas : Qu’arrive-t-il pour cette personne ? (cela relèverait du récit), mais : Sur quoi peut-elle fonder le raisonnement menant à cette action ? Le problème présent de Kant est donc celui de l’orientation dans la pensée (quels repères utiliser ?) Le raisonnement justifiant cette action, sa «maxime», est. »

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