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KANT

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Accéder aux Lumières consiste pour l'homme à sortir de la minorité où il se trouve par sa propre faute. Être mineur, c'est être incapable de se servir de son propre entendement sans la direction d'un autre. L'homme est par sa propre faute dans cet état de minorité quand ce n'est pas le manque d'entendement qui en est la cause mais le manque de décision et de courage à se servir de son entendement sans la direction d'un autre. Sapere aude! [Ose savoir!] Aie le courage de te servir de ton propre entendement! Telle est la devise des Lumières. [...] Il est donc difficile pour chaque homme pris individuellement de s'arracher à la minorité, qui est presque devenue pour lui une nature. Il y a même pris goût et il est pour le moment réellement incapable de se servir de son propre entendement, parce qu'on ne lui en a jamais laissé faire l'essai. Préceptes et formules, instruments mécaniques permettant un usage raisonnable ou plutôt un mauvais usage de ses dons naturels, sont les entraves qui perpétuent la minorité. Celui-là même qui les rejetterait ne franchirait le plus étroit fossé que d'un saut encore mal assuré, parce qu'il n'est pas habitué à une semblable liberté de mouvement. C'est pourquoi il n'y a que peu d'hommes qui soient parvenus à s'arracher à la minorité en exerçant eux-mêmes leur esprit et à marcher malgré tout d'un pas sûr. KANT

« « Accéder aux Lumières consiste pour l'homme à sortir de la minorité où il se trouve par sa propre faute.

Être mineur, c'est être incapable de se servir de son propre entendement sans la direction d'un autre.

L'homme est par sa propre faute dans cet état de minorité quand ce n'est pas le manque d'entendement qui en est la cause mais le manque de décision et de courage à se servir de son entendement sans la direction d'un autre.

Sapere aude! [Ose savoir!] Aie le courage de te servir de ton propre entendement! Telle est la devise des Lumières. [...] Il est donc difficile pour chaque homme pris individuellement de s'arracher à la minorité, qui est presque devenue pour lui une nature.

Il y a même pris goût et il est pour le moment réellement incapable de se servir de son propre entendement, parce qu'on ne lui en a jamais laissé faire l'essai.

Préceptes et formules, instruments mécaniques permettant un usage raisonnable ou plutôt un mauvais usage de ses dons naturels, sont les entraves qui perpétuent la minorité.

Celui-là même qui les rejetterait ne franchirait le plus étroit fossé que d'un saut encore mal assuré, parce qu'il n'est pas habitué à une semblable liberté de mouvement.

C'est pourquoi il n'y a que peu d'hommes qui soient parvenus à s'arracher à la minorité en exerçant eux-mêmes leur esprit et à marcher malgré tout d'un pas sûr.» KANT. Relever les procédés d'argumentation 1.

Identifiez et résumez en une phrase les trois moments de l'argumentation de Kant. 2.

Quelle définition de la minorité se dégage de ce texte? Montrez, en vous appuyant sur des exemples, que la minorité dont parle Kant ne se confond pas avec la minorité au sens légal (avoir moins de dix-huit ans). 3.

Explicitez l'argumentation qui conduit Kant à affirmer deux choses presque contradictoires: l'homme se trouverait dans l'état de minorité «par sa propre faute», mais le philosophe reconnaît un peu plus loin qu'il est «difficile pour chaque homme pris individuellement de s'arracher à la minorité». 4.

En vous appuyant à la fois sur le texte et sur votre propre réflexion, commentez le jugement de Kant selon lequel l'homme est «incapable de se servir de son propre entendement, parce qu'on ne lui en a jamais laissé faire l'essai.».

Illustrez cette affirmation de Kant par des exemples. 5.

Kant utilise l'expression «liberté de mouvement» à propos de ceux qui arrivent à rejeter «les entraves qui perpétuent la minorité»: quels liens peut-on établir entre ce passage du texte et la formule latine citée plus haut – «.Sapere aude! (Ose savoir!) » ? Trouver les enjeux philosophiques 6.

Comment décririez-vous l'état de majorité, par opposition à celui de minorité analysé dans ce texte? 7.

Quelle est la conception de la liberté sous-jacente à la thèse défendue par Kant? Pourquoi cette conception découle-t-elle naturellement de «l'esprit des Lumières»? 8.

Ce texte décrit-il seulement la condition de la plupart des hommes «pris individuellement», ou permet-il aussi d'expliquer le fonctionnement des sociétés humaines? Justifiez votre réponse en l'illustrant par des exemples précis. [1] "Les Lumières sont la sortie de l'homme de la minorité où il est par sa propre faute.

La minorité est l'incapacité de se servir de son entendement sans la direction d'autrui.

Cette minorité, nous la devons à notre propre faute lorsqu'elle n'a pas pour cause un manque d'entendement, mais un manque de décision et de courage pour se servir de son entendement sans la direction d'autrui.

Sapere aude! Aie le courage de te servir de ton propre entendement ! Telle est donc la devise des Lumières." DÉFINITION DES LUMIÈRES Kant définit les "Lumières" comme un processus par lequel l'homme, progressivement, s'arrache de la "minorité".

L'état de "minorité" est un état de dépendance, d'hétéronomie (1).

Dans un tel état l'homme n'obéit point à la loi qu'il s'est lui-même prescrite mais au contraire vit sous la tutelle d'autrui.

Altérité aliénante empêchant l'individu de se servir de son propre entendement.

Autrement dit, le principe d'action subjectif de l'individu n'est plus sa propriété, son œuvre propre mais l'œuvre d'un autre.

Que l'on songe ici aux implications politiques d'un tel renoncement à la pensée et à l'action.

Tous les despotismes n'ont-ils pas pour soubassement l'abdication des sujets soumis? Et à Kant d'imputer la "faute" (morale) et non l'erreur (épistémologique) que constitue l'état de minorité non point aux oppresseurs (de quelque nature fussent-ils) mais à ceux qui consentent à leur autorité, à ceux qui par lâcheté, par "manque de décision et de courage" laissent leur entendement sous la direction de maîtres, de tuteurs.

Ici, Kant rejoint Rousseau et sa scandaleuse affirmation au chapitre 2 du "Contrat social": "Aristote avait raison, mais il prenait l'effet pour la cause.

Tout homme né dans l'esclavage naît pour l'esclavage, rien n'est plus certain.

Les esclaves perdent tout dans leurs. »

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