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John Locke

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Étrange destinée, qui est réservée à la philosophie de John Locke. Tant qu'il vécut, la République des Lettres, à travers toute l'Europe, l'entoura considération et de sympathie ; la publication longtemps attendue de ses grandes oeuvres fut un événement. Après sa mort, le XVIIIe siècle tout entier commenta ses idées et admira " le grand Monsieur Locke ". Et cependant il ne fournit plus, dans nos histoires de la philosophie et dans notre culture consciente, qu'une pâte molle et tiède, apparemment dépourvue désormais de levain. S'il sert encore de point de référence, on ne l'étudie guère et, par une bizarre ironie du sort, on le connaît surtout à travers Leibniz et à travers les commentaires critiques que celui-ci avait donnés de l'Essay concerning human understanding sous le titre Nouveaux Essais sur l'entendement humain. Une fois pour toutes, on lui a imposé l'étiquette d'empiriste et l'on a renoncé à sauver un empirisme que rien ne vient revigorer, ni l'immatérialisme absolu d'un Berkeley, ni le scepticisme éveilleur d'un Hume : ses commentateurs modernes eux-mêmes n'osent parler de lui qu'à la condition d'insister sur la confusion, l'équivoque, la platitude de ses idées. Il n'est pas jusqu'à son oeuvre politique, les Traités sur le gouvernement civil qui, après avoir fécondé et nourri toute la spéculation politique du XVIIIe siècle, après avoir inspiré les fondateurs des États-Unis d'Amérique, ne se soit vu privée d'un parrainage si bien mérité : les révolutionnaires américains, ne voulant pas appuyer leur action sur la philosophie d'un Anglais, préféraient se recommander ouvertement des philosophes français, d'un Montesquieu par exemple. Locke ne serait-il pas le type même des philosophes à redécouvrir et peut-être même à réhabiliter ?   

« John Locke. »

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