Jacques Lacan
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LACAN, Jacques
(13 avril 1901-9 septembre 1981)
Psychiatre et psychanalyste
Né en 1901 à Orléans, dans une famille nombreuse, très catholique, Jacques Lacan fait ses études au collège
Stanislas à Paris et à seize ans, rompt avec le catholicisme.
Passionné de littérature, tenté par l'avant-garde
littéraire, il assiste à la première lecture d'Ulysse de James Joyce, hante les galeries d'art, lit beaucoup.
Il fait
médecine, est interne à Sainte-Anne et s'oriente vers la psychiatrie.
En 1932, sa thèse sur l'histoire d'une femme
criminelle (La Psychose paranoïaque dans ses rapports avec la personnalité) n'est pas seulement une exceptionnelle
avancée basée sur la doctrine freudienne et ne la reniant pas, c'est aussi l'œuvre d'un écrivain que Nizan et
Salvador Dalí saluent comme tel.
En 1933, il publie dans la revue Le Minotaure, un article sur un crime commis par
les deux sœurs Papin, deux employées de maison qui ont assassiné leurs patrons.
Jean Genet en tirera Les Bonnes
et Claude Chabrol La Cérémonie, soixante ans plus tard.
En 1934, il se marie avec Marie-Louise Blondin dont il aura trois enfants.
Lacan fait une analyse didactique de six
ans avec Rudolph Lowenstein.
Il souhaite être titularisé par la Société psychanalytique de Paris que son
comportement anticonformiste, son côté brillant et ses idées surtout totalement neuves agacent.
Il le sera
néanmoins en 1938.
Les quatre années qui s'écoulent de 1936 au début de la Seconde Guerre mondiale sont des années de formation : il
suit le séminaire d'Alexandre Kojève sur Hegel (Phénoménologie de l'esprit), il rencontre Raymond Queneau, Georges
Bataille, il participe aux réunions du Collège de sociologie.
Il se rend à Marienbad au congrès de l'Association
internationale de psychanalyse.
De là, il va à Berlin et assiste aux Jeux Olympiques.
La vision du nazisme triomphal
lui fait horreur.
En 1941, Lacan divorce de Marie-Louise Blondin.
Il s'installe avec Sylvia Bataille (la femme de Georges Bataille).
Ils
auront une fille ensemble, Judith.
En 1950, Lacan fait un retour à Freud.
Il s'agit plutôt d'une nouvelle lecture.
Il s'appuie à la fois sur les travaux de la
linguistique — il lui emprunte la notion d'un inconscient organisé comme un langage — et sur les études de LéviStrauss sur les mythologies, en déduit la notion de symbolique, et aussi une approche nouvelle de l'inceste, du
complexe d'Œdipe.
Jacques Alain Miller, son gendre et légataire universel, explique ainsi le retour de Lacan à Freud :
“ Lacan ne s'est pas donné pour but de réinventer la psychanalyse.
Au contraire il place les débuts de son
enseignement sous le signe d'un “ retour à Freud ”.
Il s'est seulement demandé à propos de la psychanalyse : sous
quelles conditions est-elle possible ? ” (cité par Elisabeth Roudinesco dans Le Dictionnaire de la Psychanalyse).
Jacques Lacan, au début des années cinquante, est reconnu comme clinicien et professeur ; de nombreux élèves se
présentent à la Société française de psychanalyse.
Mais jusqu'en 1965 environ, il est probablement un des maîtres
les plus contestés et les plus admirés, un des héros des guerres fratricides que se livrent les différentes écoles
psychanalytiques en France.
Lacan conteste les structures rigides imposées par l'Association internationale de
psychanalyse, comme la durée invariable de la séance (quarante-cinq minutes) alors que lui propose des séances à
durée variable.
Il s'oppose à l'idée d'assimiler la psychanalyse à de la psychologie et estime que des études de
lettres, de philosophie ou de psychiatrie peuvent être des voie d'accès à la psychanalyse.
Lorsque Daniel Lagache
fonde la Société de psychanalyse, Lacan s'y retrouvera avec Françoise Dolto, Maud et Eugène Mannoni, Jean
Bertrand Pontalis, Serge Leclaire et d'autres.
En 1953, lors du congrès de la SFP à Rome, Lacan, dans ce qui restera comme le Discours de Rome, expose son
système de pensées, basé sur la linguistique structurale et nourri d'autres influences scientifiques et philosophiques.
A partir de 1953, Lacan tient un séminaire deux fois par mois pendant dix ans à Sainte-Anne.
Toutefois, l'Association
internationale de psychanalyse refuse de reconnaître la SFP puis finalement la reconnaissant, refuse à Lacan le droit
de former des analystes didacticiens, se fondant sur la durée trop brève de ses séances.
En 1964, la SFP est
dissoute.
Lacan fonde l'Ecole freudienne de Paris et poursuit son enseignement à l'Ecole normale supérieure : “
Ayant à enseigner la théorie de l'inconscient à des médecins analystes ou analysés, Lacan leur donne dans la
rhétorique de sa parole, l'équivalent mimé du langage de l'inconscient qui est comme chacun sait, en son essence
ultime...
calembour, métaphore ratée ou réussie : l'équivalent de l'expérience vécue dans leur pratique.
” (Louis
Althusser cité par Elisabeth Roudinesco dans son Dictionnaire de la psychanalyse).
En 1965 il fonde la collection Champs freudiens aux éditions du Seuil.
En 1966, il publie ses Ecrits.
Il sera désormais
considéré comme le maître de la psychanalyse moderne mais aussi comme un très grand penseur.
En 1974, il est
professeur à l'université de Paris VIII au département de psychanalyse.
Il meurt le 9 septembre 1981..
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