Instant et immortalité ?

« Instant: Du latin instans, participe présent de instare, « presser ».

Infime portion du temps, dépourvue d'épaisseur et de durée. • L'instant est au temps ce que le point est à l'espace : indivisible et sans durée, il est pourtant le constituant ultime du temps. La sagesse de l'instant • « Celui-là vit éternellement qui vit dans le présent », dit Wittgenstein.

Le désir nous projette sans cesse vers le moment suivant, dans une insatisfaction fondamentale.

Le bonheur consisterait dans l'extinction du désir.

Le plaisir, lui, est toujours dans l'instant et est tout ce qu'il peut être, quand le désir d'un plus grand plaisir ne vient pas s'y mêler.

Un plaisir pur nous ferait « sortir » du temps : n'est-ce pas là une éternité à notre mesure ? • Si nous vivons dans le temps, si nous désirons, c'est que nous n'avons pas d'être, ou que nous ne possédons pas le nôtre : il est à distance de nous, comme un horizon qui recule indéfiniment à notre approche. • Saisir le kairos, le moment favorable, être capable du coup d'éclat décisif : l'éternité est ce qui se suffit à soimême, dans l'instant auquel rien de plus ne peut être apporté.

En cela, l'existence s'est accomplie. Être et valeur • Pour Vladimir Jankélévitch, la mort est ce qui donne sa valeur à la vie : elle fait de tout moment comme « ce minuscule printemps qui ne sera qu'une fois » un moment précieux, de toute personne un être irremplaçable, de toute musique un miracle.

Nos actes n'ont de sens qu'entre passé et avenir.

En même temps, la mort est aussi ce qui défait la vie.

Ce paradoxe rejoint celui de l'instant : alors que notre vie est une « région mixte et moyenne » qui ne peut rester tout le temps sur sa pointe aiguë, il y a parfois l'inexplicable, l'occurrence insaisissable, fulgurante comme la joie, qui n'est pas un être : l'instant se défait en même temps qu'il s'est fait.

Ce qui a de la valeur n'aurait pas d'être, et réciproquement.

La mort et l'instant convergent dans l'insaisissable.. »