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Hume: Raison et réel

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Supposez qu'un homme, pourtant doué des plus puissantes facultés de réflexion, soit soudain transporté dans ce monde ; il observerait immédiatement, certes, une continuelle succession d'objets, un événement en suivant un autre ; mais il serait incapable de découvrir autre chose. Il serait d'abord incapable, par aucun raisonnement, d'atteindre l'idée de cause et d'effet, car les pouvoirs particuliers qui accomplissent toutes les opérations naturelles n'apparaissent jamais aux sens ; et il n'est pas raisonnable de conclure, uniquement parce qu'un événement en précède un autre dans un seul cas, que l'un est la cause et l'autre l'effet. Leur conjonction peut être arbitraire et accidentelle. Il n'y a pas de raison d'inférer l'existence de l'un de l'apparition de l'autre. En un mot, un tel homme, sans plus d'expérience, ne ferait jamais de conjecture ni de raisonnement sur aucune question de fait ; il ne serait certain de rien d'autre que de ce qui est immédiatement présent à sa mémoire et à ses sens.

« La relation de cause à effet par laquelle l'esprit pose l'existence d'une connexion nécessaire entre deux phénomènes et tire du présent des conclusions sur l'avenir, est indémontrable : elle ne peut être fondée ni sur l'observation des faits, qui ne fournit que l'idée de leur conjonction constante, ni sur des raisonnements a priori.

D'où vient alors le principe de causalité ? Il résulte de l'habitude : l'association répétée de deux phénomènes dans notre expérience passée nous amène à nous attendre à ce que le premier phénomène s'accompagne toujours du second.

La relation de causalité n'est donc qu'une croyance, elle n'existe pas dans les faits mais correspond à une tendance naturelle de notre esprit. "Supposez qu'un homme, pourtant doué des plus puissantes facultés de réflexion, soit soudain transporté dans ce monde ; il observerait immédiatement, certes, une continuelle succession d'objets, un événement en suivant un autre ; mais il serait incapable de découvrir autre chose. Il serait d'abord incapable, par aucun raisonnement, d'atteindre l'idée de cause et d'effet, car les pouvoirs particuliers qui accomplissent toutes les opérations naturelles n'apparaissent jamais aux sens ; et il n'est pas raisonnable de conclure, uniquement parce qu'un événement en précède un autre dans un seul cas, que l'un est la cause et l'autre l'effet. Leur conjonction peut être arbitraire et accidentelle.

Il n'y a pas de raison d'inférer l'existence de l'un de l'apparition de l'autre. En un mot, un tel homme, sans plus d'expérience, ne ferait jamais de conjecture ni de raisonnement sur aucune question de fait ; il ne serait certain de rien d'autre que de ce qui est immédiatement présent à sa mémoire et à ses sens." HUME I - LES TERMES DU SUJET Le texte comporte deux registres de termes.

D'un côté, "réflexion" et "raisonnement" indiquent des activités spontanées, qui procèdent de soi. De l'autre "observation", "sens", "expérience" indiquent ce que nous devons aux données sensibles, à l'extérieur, dans nos connaissances. II - ANALYSE DU PROBLÈME Le problème est un problème classique dans la philosophie de la connaissance : la relation de causalité peut-elle être connue par simple observation ? Nos sens peuvent-ils nous faire connaître un fait ? Quelles sont les limites du pouvoir de la raison, s'agissant de la connaissance des questions de fait ? Peut-on s'en remettre à la raison seule pour connaître ? De telles questions sont au coeur du débat entre empirisme et rationalisme. III - LES GRANDES LIGNES DE RÉFLEXION Dans un premier temps, on pouvait expliquer la pensée de Hume. Ensuite, on pouvait déterminer la problématique et faire apparaître le débat de l'empirisme et du rationalisme à l'endroit de la question de la causalité. IV - UNE DÉMARCHE POSSIBLE Hume débute par une supposition : celle qu'un homme soit soudain transporté dans le monde.

Une telle hypothèse est typique de la pensée empiriste, puisqu'elle oblige à réfléchir sur la manière dont l'esprit parvient à constituer des connaissances à partir de sa seule présence au monde. Quand bien même on accorderait à un tel homme la capacité de réfléchir, c'est-à-dire, de s'abstraire de la situation présente afin de la penser, cette capacité ne trouverait pas à s'employer.

En effet, tout ce que pourrait faire un tel homme, c'est observer une succession d'objets.. »

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