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Humanisme et machinisme ?

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« Humanisme et machinisme. Introduction.

— Pendant des milliers de générations, l'homme se contenta d'outils rudimentaires faits d'éclats de silex ou de pierres polies.

Un certain progrès s'accomplit lorsqu'il eut appris à fondre et à travailler les métaux.

Mais si les instruments en bronze ou en fer facilitaient le travail, ils ne le faisaient pas ; la peine de l'homme restait grande, le rendement médiocre.

La machine elle-même n'entraîna une véritable révolution qu'à partir du jour où des forces naturelles prirent la relève du moteur humain.

Cette révolution s'accélère de nos jours où, la machine étant dans une grande mesure devenue automatique, se développe le machinisme. La masse est généralement fière de ces transformations.

Mais chez d'autres elles suscitent une certaine inquiétude : les progrès de la machine n'ont-ils pas pour rançon un abaissement de l'homme, du moins un danger pour son évolution à venir.

Le machinisme ne marquera-t-il pas un recul de l'humanisme ? I.

— L'HUMANISME A.

L'humanisme littéraire.

— « Humanisme » ne fut pendant longtemps qu'un terme de l'histoire des littératures, et le Dictionnaire de l'Académie française » ne signale pas d'autre acception : Culture d'esprit et d'âme qui résulte de la familiarité avec les littératures classiques, notamment la grecque et la latine, et goût qu'on a pour ces études. Il désigne aussi le mouvement de retour aux études grecques et latines, qui se produisait dans l'Europe occidentale au XVe et au XVIe siècles.

» Humaniste » ne fut jamais employé qu'en ce sens.

De nos jours il ne désigne plus que ceux qui, ayant poussé assez loin l'étude des littératures classiques et continuant de se cultiver, manifestent un goût délicat dans le domaine des lettres. L'humanisme que nous avons à confronter avec la machine n'est évidemment pas celui de l'humaniste.

Sans doute — nous devrons y revenir — il n'est pas sans rapports avec lui ; mais il comporte autre chose que la culture résultant de la familiarité avec les littératures classiques. B.

L'humanisme philosophique.

— Le suffixe « isme » indique souvent une théorie ; « humanisme » devrait donc, normalement, être un terme de la philosophie.

Or les philosophes n'en firent pas grand usage.

Un seul, et qui ne fit pas école, donna ce nom à sa doctrine : l'Anglais Schiller (1868-1937) qui reprit à son compte le principe de Protagoras : l'homme est la mesure de toutes choses, principe qui s'applique surtout à la notion de vérité : est vrai ce qui répond aux besoins de l'homme. Cette théorie de la vérité n'a rien à voir avec le machinisme.

Mais il n'en est pas de même de l'adage de Protagoras qui, en un autre sens, exprime assez bien l'essentiel de l'humanisme qui est ici en question et qu'il nous reste à définir. C.

L'humanisme moral et politique.

— De nos jours « humanisme » ne désigne pas une théorie particulière, mais une tendance largement répandue à considérer l'homme comme la valeur suprême, tout le reste devant être ordonné à son bien.

Quel bien ? Non pas la satisfaction des tendances qui lui sont communes avec l'animal, mais le développement des facultés qui lui sont propres : l'intelligence et la raison, une sensibilité délicate se portant vers les vraies valeurs, la volonté et le caractère qui rendent maître de soi...

Être vraiment homme : voilà l'idéal visé par l'humanisme que nous avons à confronter avec le machinisme. L'instruction — de quelque ordre qu'elle soit — ne saurait suffire à le réaliser : former l'homme est avant tout l'oeuvre de l'éducation, familiale d'abord, puis sociale et personnelle. L'humanisme littéraire est bien formateur : il contribue à la connaissance de l'homme, affine l'intelligence et la sensibilité ; favorise les rapports humains...

Mais la formation qu'il donne n'est pas complète ; d'une culture exclusivement littéraire peut même résulter un type d'homme dépourvu de certains caractères essentiels de l'idéal humain : la sensibilité se développe au détriment des fonctions rationnelles et du vouloir, le souci de bien dire l'emporte sur la vérité et le sérieux de ce qui est dit...

Il y a souvent pas mal d'enfantillage chez l'homme de lettres. De là l'utilité, du point de vue de l'humanisme dont nous parlons, de deux autres moyens de formation : d'une part, les études scientifiques, qui habituent à plus de rigueur ; d'autre part, le travail manuel qui met en contact avec une matière dont le travail exige ingéniosité en même temps qu'effort. C'est précisément pour travailler la matière que fut créée la machine.

Nous sommes ainsi amenés à parler du machinisme. II.

— LE MACHINISME On entend par là la substitution généralisée de la machine à la main-d'oeuvre humaine. A.

Conséquences économiques.

— Cette substitution entraîne un énorme accroissement de la production et, par suite, une importante baisse de prix de revient. Mais l'acquisition de machines de plus en plus perfectionnées, les modalités du travail, l'importante quantité des articles produits sont incompatibles avec la petite entreprise.

Ainsi à l'artisan et au petit atelier de jadis se substituent de plus en plus des organismes immenses mobilisant toute une armée de travailleurs et appartenant à des sociétés anonymes.. »

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