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Hobbes: L'état de nature

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Hobbes: L'état de nature

« Thème 444 Hobbes: L'état de nature 1.

L'égalité naturelle entre les hommes Tous les hommes sont égaux par leur force et leur intelligence : si je suis moins fort, je puis m allier avec d'autres faibles, ou bien ruser pour l'emporter contre celui qui est apparemment plus fort que moi ; je suis également persuadé d'être plus malin que mon voisin, mais lui aussi est persuadé de la même chose.

O r il n'y a pas de meilleur signe d'égalité que lorsque chacun est satisfait de sa part. 2.

Les conséquences néfastes de cette égalité naturelle L'état de nature est le règne des désirs et du droit de tous sur toutes choses : il n'y a pas de loi, il n'y a que des droits sans limitation, sinon la force de celui qui m'empêchera de prendre ce que je désire.

C 'est pourquoi je vis sous la menace permanente de la mort violente du fait d'autrui, pour peu qu'il désire le peu que j'ai réussi à m'accaparer.

C ette condition naturelle de l'humanité est rude, en ce que chacun a un droit sur toutes les choses, puisque rien, sinon un état de fait, ne lui interdit de s'emparer de ce qu'il désire : c'est un état de menace permanente, une guerre de chacun contre chacun qui est peu propice au travail et au confort qui doit en résulter. “Premièrement si nous considérons combien il y a peu de différence entre la force et la sagesse des hommes faits et avec quelle facilité le moindre, soit qu'il le soit en esprit ou en force, ou en toutes ces deux choses, peut entièrement abattre et détruire les puissants, puisqu'il ne faut pas beaucoup de force pour ôter la vie à un homme: de là nous pouvons conclure que les hommes, considérés dans l'état de nature, doivent s'estimer égaux et quiconque ne demande point davantage que cette égalité doit passer pour un homme modéré [...] D'ailleurs, puisque nous voyons que les hommes sont portés par leurs passions naturelles à se choquer les uns les autres, chacun ayant bonne opinion de soi, et ne voulant pas voir ce qu'un autre a de bon, il s'ensuit de toute nécessité qu'ils doivent s'attaquer les uns les autres par des paroles injurieuses ou par quelque autre signe de mépris et de haine, laquelle est inséparable de toute comparaison, jusqu'à ce qu'à la fin ils en viennent aux mains pour terminer leur différend, et savoir qui sera le maître par les forces du corps. Davantage, considérant que les appétits et les désirs de plusieurs hommes les portent tous à vouloir et à souhaiter une même fin, laquelle quelquefois ne peut être ni possédée en commun ni divisée, il s'ensuit que le plus fort en jouira tout seul, et qu'il faudra décider par le combat qui sera le plus fort.

A insi la plus grande partie des hommes, sans aucune assurance d'avoir le dessus, néanmoins soit par vanité, soit par des comparaisons, soit par passion, attaque ceux qui sans cela seraient contents d'être dans l'égalité de nature [...] Nous voyons donc qu'à cette inclination naturelle qu'un chacun a d'offenser un autre, on doit encore ajouter le droit d'un chacun sur toutes choses, lequel fait qu'un homme attaque avec le même droit avec lequel un autre lui résiste, et que par ce moyen les hommes vivent dans une perpétuelle méfiance, tâchant de se prévenir et de se surprendre.

L'état des hommes dans cette liberté naturelle est l'état de guerre: car la guerre n'est autre chose que le temps dans lequel la volonté et l'effort d'attaquer et de résister par force est par paroles ou par actions suffisamment déclaré.

Le temps qui n'est pas la guerre, c'est ce qu'on appelle la paix.” Hobbes, “Du corps politique”. Ce texte se situe à l'opposé, par exemple, de la thèse des stoïciens.

En effet, pour Cicéron, les conflits interindividuels exigeaient le retour aux principes d'une concorde inscrite dans la nature des choses.

En revanche, pour Hobbes, la guerre des hommes à l'état de nature provoque le recours à cet artifice pacifiant qu'est L'Etat.

Dans un premier temps, Hobbes mous montre comment, dans l'état de nature où les hommes vivent dispersés et sans lois pour les gouverner, les inégalités physiques et intellectuelles sont réduites à rien : la mort constituant pour tous la grande peine, la possibilité donnée à chacun de tuer l'autre établit entre les hommes une égalité rigoureuse.

Une fois posée l'égalité dans l'état de nature, Hobbes va montrer comment le jeu naturel des passions entraîne la nécessité d'une guerre incessante.

Première passion : l'orgueil.

Chacun va affirmant sa supériorité sur l'autre ; pour en décider, il viendra vite le moment de l'affrontement.

Deuxième passion : le désir.

Quand deux désirs portent sur le même objet, seul le combat départagera celui qui en jouira.

Les occasions de conflit sont donc multiples et créent un état d'insécurité permanent. Mais la lutte à mort peut surgir entre deux êtres sans qu'il y ait matière à se battre : la nature donne à l'individu le droit, pour sauver sa vie, d'employer tous les moyens qu'il jugera bons.

Qui me dira que cet homme que je rencontre n'a pas l'intention de me tuer.

Je m'en protégerai en attaquant le premier : l'état de nature est un état de guerre généralisée où l'homme est un loup pour l'homme. HOBBES (Thomas).

Né à Malmesbury en 1588, mort à Hardwick en 1679. Il fit ses études à Oxford et devint précepteur du jeune comte de Devonshire qui, plus tard, devait lui confier aussi l'éducation de son propre fils.

Il fit deux longs voyages en Europe, vécut à Paris de 1640 à 1651, y fréquenta le P.

Mersenne, puis rentra en A ngleterre.

La C hambre des C ommunes exigea qu'il ne publiât plus aucun livre, après avoir vivement attaqué Léviathan en 1 6 6 7 .

L a fin de la vie de Hobbes fut occupée par des controverses avec les mathématiciens.

— L'oeuvre de Hobbes est une théorie et une apologie fort logiques du despotisme.

Toutes les substances sont corporelles et la vie est mouvement.

Le désir, fondement du monde animal, est égoïste et guidé par l'intérêt.

Il n'y a ni amour ni accord possible entre les hommes ; ceux-ci sont naturellement insociables et méchants.

L'état de nature, c'est la guerre de tous contre tous.

Mai les hommes, qui considèrent que la paix est le plus grand des biens, confèrent tous leurs droits à un seul souverain.

Ils remplacent l'ordre mécaniste naturel par un ordre mécaniste artificiel, qui leur convient mieux : c'est l'État.

Le salut de l'État s'identifie avec le salut du souverain.

La souveraineté absolue d'un seul homme crée un déséquilibre qui assure la stabilité. Le souverain établit les lois et définit la justice, se plaçant ainsi au-dessus d'elles.

Le bien et le mal dépendent de ses décisions ; la vraie religion est celle qu'il autorise.

A insi, les hommes sont libres et heureux, puisqu'ils peuvent agir à leur gré dans le cadre des lois.

Le souverain absolu n'est pas un tyran arbitraire le tyran est l'esclave de ses passions, alors que le souverain en est délivré par le caractère absolu de son pouvoir.

Car les passions résultent de la finitude humaine.

En somme, le pouvoir du souverain est légitime parce qu'absolu.

La pensée de Hobbes a eu une influence incontestable sur Hegel.. »

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