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Hobbes: Le léviathan, l'Etat est le garant de la sécurité de tous

Extrait du document

« En dehors de l'Etat, les hommes jouissent d'une liberté absolue.

Mais chacun disposant de la même liberté absolue, tous sont exposés à subir des autres ce qui leur plaît.

La constitution d'une société civile et d'un État oblige à une nécessaire limitation de la liberté : il n'en reste que ce qu'il faut pour vivre bien et vivre en paix. Chacun perd de sa liberté cette part qui pouvait le rendre redoutable pour autrui. Dans l'état de nature, chacun jouissait d'un droit illimité sur toutes choses, mais tous disposant du même droit, nul n'était assuré de ne rien posséder durablement.

L'État garantira la sécurité d'un droit de propriété limité.

Enfin, dans l'état de nature, chacun était exposé à la menace d'autrui : il pouvait être à tout instant dépouillé de ses biens et tué.

Dans une société civile, seul le pouvoir de l'État s'arroge ce droit.

Un Etat capable de protéger tous les citoyens de la violence des uns et des autres, de garantir la sécurité de leurs corps et de leurs biens, de leur assurer la jouissance des fruits de leur travail, de faire régner la paix, la civilité, le savoir et la sociabilité ne peut être que despotique.

Pour sortir les hommes de l'empire des passions, de la guerre, de la crainte, de la pauvreté, de la solitude, de l'ignorance et de la férocité, l'État est une puissance absolue, instituée en vue de la paix et de la sécurité.

"Quiconque a droit à la fin, a droit aux moyens." Chaque homme ou assemblée investis de la souveraineté sont juges absolus de tous les moyens nécessaires pour protéger ou garantir cette fin.

"Une doctrine incompatible avec la paix ne peut pas davantage être vraie, que la paix et la concorde ne peuvent être contraires à la loi de nature." La seule manière d'ériger un État est que tous confient leur pouvoir et leur force à un seul souverain (homme ou assemblée). Toutes les volontés doivent être réduites à une seule volonté.

L'État n'est pas un consensus ou une concorde, mais une unité réelle de tous en une seule et même personne. Le système de Hobbes repose sur un double postulat.

Les hommes sont égoïstes et ne recherchent que leur satisfaction individuelle.

Ils sont égaux car le plus faible peut menacer la sécurité du fort.

Ce qui caractérise l'état de nature, c'est donc la méfiance mutuelle et la guerre de tous contre tous.

Il n'est pas question, à ce stade, de droit naturel.

Hobbes distingue le droit de nature, c'est-à-dire la faculté qu'a chacun d'agir par n'importe quel moyen en vue de sa propre conservation, et la loi de nature qui est un ensemble de règles découvertes par la raison et qui interdisent à l'homme de faire tout ce qui peut mener à sa propre destruction.

Mais, dans l'état de nature, la loi de nature n'a pas d'effectivité parce qu'elle n'est pas garantie par la force.

L'état de nature est donc un état d'insécurité perpétuelle dont les hommes cherchent à sortir.

Ils sont en conséquence amenés à conclure un pacte par lequel chacun remet à un homme ou à une assemblée les pouvoirs qu'il a sur lui-même, à la seule condition que les autres en fassent autant.

Cet homme (ou cette assemblée) acquiert ainsi la puissance souveraine, dont il doit user pour la protection des sujets.

Le fondement de l'obligation d'obéir qu'ont les sujets est à la fois la protection dont ils jouissent et la force du souverain qui les y contraint.

Le pacte contient ainsi la garantie de sa propre effectivité.

Il est également clair, d'une part, qu'il n'y a pas de limite au pouvoir du souverain et que celui-ci ne peut être déposé, parce qu'il n'y a pas eu de contrat entre lui et ses sujets, et, d'autre part, que ceux-ci n'ont aucun droit, même si leur protection n'est pas assurée et même si le souverain est un tyran, car, à partir de la conclusion du pacte, toute la force est de son côté.

L'originalité de Hobbes est d'avoir échappé au dualisme roi-peuple en supprimant la dualité des contrats et d'avoir ainsi fondé en logique l'absolutisme.

Le pacte unique qu'il décrit tient à la fois du pacte d'association et du pacte de soumission.

C'est la soumission commune au souverain qui seule fonde la société et garantit sa pérennité. HOBBES (Thomas).

Né à Malmesbury en 1588, mort à Hardwick en 1679. Il fit ses études à Oxford et devint précepteur du jeune comte de Devonshire qui, plus tard, devait lui confier aussi l'éducation de son propre fils.

Il fit deux longs voyages en Europe, vécut à Paris de 1640 à 1651, y fréquenta le P. Mersenne, puis rentra en Angleterre.

La Chambre des Communes exigea qu'il ne publiât plus aucun livre, après avoir vivement attaqué Léviathan en 1667.

La fin de la vie de Hobbes fut occupée par des controverses avec les mathématiciens.

— L'oeuvre de Hobbes est une théorie et une apologie fort logiques du despotisme.

Toutes les substances sont corporelles et la vie est mouvement.

Le désir, fondement du monde animal, est égoïste et guidé par l'intérêt.

Il n'y a ni amour ni accord possible entre les hommes ; ceux-ci sont naturellement insociables et méchants.

L'état de nature, c'est la guerre de tous contre tous.

Mai les hommes, qui considèrent que la paix est le plus grand des biens, confèrent tous leurs droits à un seul souverain.

Ils remplacent l'ordre mécaniste naturel par un ordre mécaniste artificiel, qui leur convient mieux : c'est l'État.

Le salut de l'État s'identifie avec le salut du souverain.

La souveraineté absolue d'un seul homme crée un déséquilibre qui assure la stabilité.

Le souverain établit les lois et définit la justice, se plaçant ainsi audessus d'elles.

Le bien et le mal dépendent de ses décisions ; la vraie religion est celle qu'il autorise.

Ainsi, les hommes sont libres et heureux, puisqu'ils peuvent agir à leur gré dans le cadre des lois.

Le souverain absolu n'est pas un tyran arbitraire le tyran est l'esclave de ses passions, alors que le souverain en est délivré par le caractère absolu de son pouvoir.

Car les passions résultent de la finitude humaine.

En somme, le pouvoir du souverain est légitime parce qu'absolu. La pensée de Hobbes a eu une influence incontestable sur Hegel.. »

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