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HEGEL: la philosophie comme affaire sérieuse

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Il est particulièrement nécessaire qu'on fasse de nouveau du "philosopher" une affaire sérieuse... il a été engendré par la philosophie. HEGEL

« Dans ce texte, Hegel s'interroge sur la manière dont est perçue, par le vulgaire, la philosophie.

Le texte de Hegel prend la forme d'un programme qui s'impose (« particulièrement nécessaire »), signe d'une crise actuelle, impliquant un rétablissement, un retour (« qu'on fasse de nouveau ») à des pratiques plus anciennes, selon lesquelles « philosopher » était une affaire sérieuse. L'activité philosophique comme affaire suggère déjà l'idée d'une pratique, qu'on ne saurait effectuer en dilettante (« sérieux »), d'où la notion d'une difficulté, idée nettement confortée par la suite du texte (« se donner de la peine », « faire l'effort »).

La philosophie est une affaire sérieuse parce qu'elle est importante et exige de faire des efforts. Hegel dénonce les deux visions contradictoires que le vulgaire se fait de la philosophie: Dans un premier temps, on a trop facilement tendance à penser que chacun est "naturellement" plus ou moins philosophe puisqu'il est doté de raison.

La philosophie ne nécessiterait donc pas une once de peine, pas de travail, pas de méthode et serait une sorte de faculté innée au lieu d'être une activité acquise.

On peut noter que ce préjugé n'est pas éliminé aujourd'hui : nombreux sont ceux qui, par méconnaissance de cette discipline ou par volonté de la dénigrer, considèrent que la philosophie est " à la portée de tout le monde ".

N'est-ce pas là l'opinion de certains élèves qui pensent pouvoir s'improviser philosophe le jour de l'examen ?! Dans un second temps et a contrario, la philosophie est jugée, par le commun, comme une discipline étrange, complexe, maniant un langage hermétique voire ésotérique.

Perçue de la sorte elle semble être réservée à des penseurs coupés du monde, réfugiés dans la tour d'ivoire de leur stérile spéculation. Dans les deux cas, l'activité philosophique est disqualifiée puisqu'elle est, d'un côté, rabaissée (le bon sens populaire suffit pour philosopher), et de l'autre, exclue (la philosophie est une activité ou une science d'érudits, de spécialistes). Avec l'analogie dressée entre le philosophe et le cordonnier, Hegel veut montrer que tout savoir et que tout savoir-faire exigent apprentissage.

Le matériau et l'outil seraient-ils donnés à un homme, pourtant il ne saurait (ne pourrait) s'improviser cordonnier. C e qui est vrai d'un des métiers les plus humbles s'effectuant dans l'échoppe du cordonnier, où le savoir-faire se transmet dans la relation de l'apprenti à l'artisan, ne devrait-il pas l'être encore davantage pour le métier le plus noble (celui de philosophe) où le savoir le plus difficile se transmet dans la relation du disciple au maître ? Par cet exemple de bon sens et facile à comprendre, faisant tenir ensemble ce qui est commun de ces domaines apparemment aussi disparates, « cordonnerie et philosophie », Hegel rend dérisoire la thèse (« chacun s'entend à philosopher ») contre laquelle il vient d'exercer sa verve destructrice. Hegel, dans cet extrait, veut montrer que la réflexion philosophique nécessite seulement des efforts, de la rigueur et de la méthode pour exister et être conforme à sa finalité : la quête de la vérité et de la sagesse.

Et qui quiconque peut devenir philosophe pour peu (mais c'est déjà beaucoup) qu'il fasse preuve d'efforts et d'abnégation.

Véritable "travail" dont l'enjeu est la lucidité dans les choix existentiels fondamentaux. HEGEL (Friedrich-Georg-Wilhelm).

Né à Stuttgart en 1770, mort à Berlin en 1831. Il fit des études de théologie et de philosophie à Tübingen, où il eut pour condisciples Hölderlin et Schelling.

Il fut précepteur à Berne de 1793 à 1796, puis à Francfort d e 1797 à 1800.

En 1801, il devient privat-dozent à l'Université d'Iéna puis, les événements militaires interrompirent son enseigne- ment, et il rédigea une gazette de province.

En 1808, il fut nommé proviseur et professeur de philosophie au lycée classique de Nuremberg.

De 1816 à 1818, il enseigna la philosophie à l'Université de Heidelberg ; enfin.

à Berlin, de 1818 à sa mort. due à une épidémie de choléra.

Peu de philosophes ont eu une influence aussi considérable que celle qu'exerça Hegel.

Peu aussi furent plus systématiques dans l'expression de leur pensée.

L'idéalisme hégélien part d'une conception de la totalité.

Le Tout est l'unité des opposés, la non-contradiction.

Mais la réalité est contradictoire, parce qu'elle est vivante, et vice versa.

L'étude du développement des notions universelles qui déterminent la pensée, constitue la logique.

Réel et rationnel (la réalité est raisonnable et le raisonnable est réel), être et pensée, se concilient dans l'idée, principe unique et universel.

L'idée, c'est l'unité d e l'existence et du concept.

« Nous réserverons l'expression Idée au concept objectif ou réel, et nous la distinguerons du concept lui-même, et plus encore de la simple représentation.

» Le développement de l'Idée détermine l'être.

La science étudie ce développement la logique en précise les lois, qui sont la contradiction et la conciliation des contraires.

Le mouvement de l'idée, qui se traduit par la marche de la pensée, procède par trois étapes successives : la thèse, l'antithèse qui est sa proposition con- traire, et la synthèse, qui concilie les deux, les dépasse.« La synthèse, qui concilie les opposés, ne les nie pas.» C e mouvement de la pensée est la dialectique.

Le développement dialectique de l'idée engendre la Nature (qui est le développe- ment du monde réel extérieur à l'idée) et l'Esprit ; il explique l'ordre et la suite nécessaire des choses.

La philosophie de l'Esprit, selon Hegel, se divise en trois parties : l'esprit subjectif (anthropologie, phénoménologie, psychologie), l'esprit objectif (droit, moralité, moeurs) et l'esprit absolu (art, religion, philosophie).

L'Esprit est l'intériorisation de la Nature.

On retrouve dans les trois notions d'Idée, de Nature et d'Esprit, le schéma parfait de la dialectique.

L'Idée est la pensée absolue, pure et immatérielle.

La Nature est sa dissolution, dans l'es- pace et dans le temps.

L'Esprit est le retour de l'absolu sur lui-même ; il devient la pensée existant pour elle-même.

Hegel définit l'histoire « le développement de l'esprit universel dans le temps ».

L'État représente alors l'idée ; les individus ne sont que les accidents de sa substance.

Les guerres conduisent à la synthèse, qui est la réalisation de l'idée.

L'histoire a un sens dernier, auquel contribuent le passé et le présent.

Ce qui réussit est bien.

La force est le symbole du droit.

C'est certainement par sa philosophie de l'histoire —« la philosophie est compréhension du devenir » — que Hegel a laissé libre cours aux plus diverses interprétations.

L'hégélianisme de droite (représenté de nos jours par M.

H.

Niel) effectue un retour vers un théisme chrétien traditionnel ; c'est le courant qui se développa surtout en Angleterre, avec Bradley et Boyce.

L'hégélianisme de gauche (que M.

A.

Kojève représente actuellement) s'est orienté vers l'athéisme.

Il connut une grande faveur en Allemagne et en Russie, avec Feuerbach, Karl Marx et A.

Herzen.

On peut dire que les chrétiens traditionnels, les athées, les conservateurs, les socialistes, les humanitaristes ou les révolutionnaires se réclament tous de Hegel.. »

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