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HEGEL: droit et méchanceté

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Il faut distinguer droit et morale. Le droit peut très bien permettre une action qu'interdise la morale. Le droit, par exemple, m'autorise à disposer de mon bien de façon tout fait inconditionnelle, mais la morale contient des déterminations qui limitent ce droit de disposition. Il peut sembler que la morale permette bien des actions que le droit interdit, mais la morale n'exige pas seulement l'observation du droit à l'égard d'autrui, elle ajoute de plus au droit la disposition d'esprit qui consiste à respecter le droit pour lui-même. C'est la morale elle-même qui impose que, d'abord, le droit soit respecté, et que, là où cesse le domaine du droit, interviennent des déterminations morales. Pour qu'une conduite ait une valeur morale, il est nécessaire de discerner si cette conduite est juste ou injuste, bonne ou méchante. Ce qu'on appelle innocence des enfants ou des nations non civilisées n'est pas encore moralité. Si les enfants ou les non civilisés s'abstiennent d'un grand nombre de méchantes conduites, c'est parce qu'ils n'ont encore aucune représentation de pareilles conduites, parce que les relations qui donnent lieu à ces conduites n'existent encore d'aucune manière ; le fait qu'ils s'abstiennent de ces conduites méchantes est sans valeur morale. Ils accomplissent, d'autre part, des actions conformes à la morale et qui cependant ne sont pas encore proprement morales, car ils n'ont aucun discernement qui leur permettrait de savoir si, par nature, cette conduite est bonne ou méchante. HEGEL


« Commentaire de texte : "Il faut distinguer droit et morale.

Le droit peut très bien permettre une action qu'interdise la morale.

Le droit, par exemple, m'autorise à disposer de mon bien de façon tout fait inconditionnelle, mais la morale contient des déterminations qui limitent ce droit de disposition.

Il peut sembler que la morale permette bien des actions que le droit interdit, mais la morale n'exige pas seulement l'observation du droit à l'égard d'autrui, elle ajoute de plus au droit la disposition d'esprit qui consiste à respecter le droit pour lui-même.

C'est la morale ellemême qui impose que, d'abord, le droit soit respecté, et que, là où cesse le domaine du droit, interviennent des déterminations morales. Pour qu'une conduite ait une valeur morale, il est nécessaire de discerner si cette conduite est juste ou injuste, bonne ou méchante.

Ce qu'on appelle innocence des enfants ou des nations non civilisées n'est pas encore moralité.

Si les enfants ou les non civilisés s'abstiennent d'un grand nombre de méchantes conduites, c'est parce qu'ils n'ont encore aucune représentation de pareilles conduites, parce que les relations qui donnent lieu à ces conduites n'existent encore d'aucune manière ; le fait qu'ils s'abstiennent de ces conduites méchantes est sans valeur morale.

Ils accomplissent, d'autre part, des actions conformes à la morale et qui cependant ne sont pas encore proprement morales, car ils n'ont aucun discernement qui leur permettrait de savoir si, par nature, cette conduite est bonne ou méchante." HEGEL Thème : Ce texte répond à la question : « En quoi la morale est-elle supérieure au droit ? » Thèse : L'auteur défend la thèse selon laquelle, le domaine d'application de la morale englobe celui du droit parce que la morale fonde la légitimité du droit et implique une représentation subjective du Bien et du Mal. Argumentation : 1) De « Il faut distinguer...

» l.

1 à « ...déterminations morales » l.

7 : Tout d'abord en élucidant la question du rapport entre la morale et le droit au profit de la morale : c'est la morale qui intervient là où le droit cesse de s'appliquer. 2) De « Pour qu'une...

» l.

8 à « ...ou méchante.

» l.

16 : La conduite morale se distingue elle-même de la simple innocence (abstention de mal agir) par la représentation du Bien et du Mal qu'elle implique. Explication : 1) Hegel montre que les deux domaines de la morale et du droit ne se recouvrent pas parfaitement: tantôt le droit est plus large que la morale, tantôt la morale est plus large que le droit.

Mais ce balancement ne rend pas compte du véritable rapport entre la morale et le droit.

Tandis que le droit n'exige rien concernant la morale, la morale formule des "exigences" à l'égard du droit. D'une part, c'est au nom de la morale, que la relation (d'une institution, d'une personne), à l'égard d'une autre personne doit se faire selon les règles du droit.

Ce n'est pas le droit qui dit au droit ce qu'il faut faire, c'est la morale qui "exige l'observation du droit à l'égard d'autrui". D'autre part, c'est la morale "qui impose que le droit soit respecté" en tant que tel.

C'est donc la morale qui assure la légitimité du droit.

Ces deux traits assurent la supériorité incontestable de la morale sur le droit (impuissant à trouver en lui-même son fondement). Enfin, dans le cas où il n'est pas possible au droit d'intervenir, c'est à la morale d'exprimer ses "déterminations". Ainsi, par deux fois, la morale l'emporte sur le droit, soit en le légitimant, soit en ayant un domaine d'application plus large.. »

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