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Georg Hegel: dialectique et totalité

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Hegel n'est pas un auteur commode. Ce n'est pas une critique que tout philosophe est difficile, et les plus difficiles sont peut-être ceux qui écrivent avec la limpidité de Descartes ou avec la force de la grande poésie, tel Platon : ils commencent par nous entraîner, et ce n'est que plus tard que nous voyons les profondeurs et les altitudes que maintenant nous devrons attaquer de nouveau, lentement, pas à pas, péniblement, si vraiment nous désirons comprendre. Hegel, on peut toujours l'affirmer, ne séduit pas par les charmes de son style, au contraire. Son écriture, incroyablement ramassée, soucieuse de précision, oublieuse de toute autre considération, donne l'éveil au lecteur dès la première ligne : voici un écrit qui ne se lira pas agréablement, qui exigera la plus grande attention, la plus haute tension de l'esprit.  Un tel avertissement par le style facilite, au fond, la compréhension. On ne sera pas tenté d'avancer trop vite, de recevoir telle thèse parce qu'elle parait si évidente, de se fier à telle image parce qu'elle nous parle avec tant de force. On réfléchira, on vérifiera, on tâchera de démêler le cours de la pensée ­ et tout cela ne saurait qu'aider le lecteur, quand bien même cela ne l'amuserait pas beaucoup. Mais cette aide a quelque chose d'ironique : négative, elle nous révèle tout de suite la difficulté, au lieu de nous la dorer. Elle nous protège d'une difficulté supplémentaire, celle de prendre pour simple ce qui est complexe. Mais elle ne réduit en rien cette complexité même et la difficulté première.  Encore une fois, Hegel n'en est pas plus difficile. Peut-être est-il plus inquiétant, paraît-il moins accueillant, se présente-t-il tant soit peu sévère et exigeant. Mais il ne se ferme pas pour cela au lecteur de bonne volonté et patient, à ce type de lecteur à qui s'adresse tout philosophe, encore qu'il fasse des efforts pour gagner cette bonne volonté et entretenir cette patience. La manière d'écrire de Hegel n'a pas beaucoup d'agrément, et on comprendrait même qu'on l'accuse de n'avoir pas de bonnes manières en tant qu'écrivain. Mais il n'est certainement pas de ceux qui offrent au monde des énigmes, lui proposent des formules que seul l'initié peut saisir, cachent le fond et l'essence pour tenir éloignés les indiscrets et les indignes. Pour Hegel, il n'y a pas d'indiscret et il n'existe pas d'indigne : son manque de manières est précisément le résultat du désir d'être accessible à tous, à tous ceux qui veulent payer le prix d'entrée en monnaie de patience et de bonne volonté.  

« Georg Hegel. »

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