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Faut-il travailler pour être heureux?

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« Le travail ne contribue-t-il qu'à la satisfaction des besoins ? Et n'est-il question que des seuls besoins physiques ? Le travail peut-il nous combler spirituellement ? Et qu'en est-il du bonheur ? L'homme n'est-il heureux que quand il ne fait rien ? La paresse conduit-elle au bonheur ? Ou l'homme n'est-il vraiment heureux qu'au terme d'une activité où il acquiert quelque chose et où, sans doute, il éprouve et reconnaît ses propres capacités ? On parle de la satisfaction du travail bien fait, mais cette satisfaction s'apparente-t-elle au bonheur ? Pourtant, le travail est considéré comme une malédiction, et il ne rend pas nécessairement heureux.

La raison principale de cette compromission du bonheur est le caractère de contrainte propre à tout travail, tant sur le plan physique que sur les plans psychologique et social.

Si le travail permet d'arriver à l'estime de soi (Kant), peut-on dire que l'estime de soi peut être assimilée au bonheur ? Peut-on déterminer une condition suffisante du bonheur ? Et si le travail peut rendre heureux, est-ce que c'est le seul moyen d'être heureux ? Il faut faire la différence entre une condition nécessaire et une condition suffisante.

Si le travail est nécessaire pour être heureux (sans travail pas de bonheur), est-il suffisant pour assurer le bonheur ? [Le travail est ce qui permet à l'homme de réaliser ses plus profondes aspirations.

Grâce à lui, il s'affranchit de son animalité première et construit un monde qui est le reflet de ce que son esprit conçoit.] Le bonheur est la réalisation de tous nos penchants Pour Kant, le bonheur est la «satisfaction de toutes nos inclinations» (Critique de la raison pure).

Le travail, à lui seul, peut permettre à l'homme d'être pleinement heureux. L'homme est le seul animal qui doit travailler.

Il lui faut d'abord beaucoup de préparation pour en venir à jouir de ce qui est supposé par sa conservation.

La question de savoir si le Ciel n'aurait pas pris soin de nous avec plus de bienveillance, en nous offrant toutes les choses déjà préparées, de telle sorte que nous ne serions pas obligés de travailler, doit assurément recevoir une réponse négative : l'homme en effet a besoin d'occupations et même de celles qui impliquent une certaine contrainte.

Il est tout aussi faux de s'imaginer que si Adam et Ève étaient demeurés au paradis, ils n'auraient rien fait d'autre que d'être assis ensemble, chanter des chants pastoraux, et contempler la beauté de la nature.

L'ennui les eût torturés tout aussi bien que d'autres hommes dans une situation semblable. L'homme doit être occupé de telle manière qu'il soit rempli par le but qu'il a devant les yeux, si bien qu'il ne se sente plus lui-même et que le meilleur repos soit pour lui celui qui suit le travail.

KANT Pour Emmanuel Kant le travail n'est pas seulement un devoir moral, une obligation pénible.

Kant insiste au contraire sur la dimension positive de cette contrainte.

Elle est un bienfait pour l'Homme : pour l'espèce humaine comme pour chaque individu. Kant affirme la positivité du travail pour trois raisons : 1.

Dans la perspective d'une philosophie de l'histoire, l'impossibilité de vivre sans travailler apparaît comme le moyen par lequel la Providence assure le développement des facultés humaines.

Sans cette nécessité vitale, jamais l'espèce humaine n'aurait été contrainte au progrès.

(« Il lui faut beaucoup de préparation... ») 2.

Dans une perspective métaphysique, le travail apparaît comme le moyen pour l'homme d'échapper à l'ennui.

L'ennui tient à l'absence de sens, le travail est ce qui permet à l'homme de donner un sens à sa vie.

Les distractions font passer le temps, le travail, lui, donne un sens au temps humain.

(« L'ennui les eût torturés.

»). »

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