Faut-il s'opposer au pouvoir ?
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Analyse et problématisation du sujet :
Ø Le pouvoir peut désigner ce qui est, de fait, possible (avoir le pouvoir de … = avoir les moyens de …, la capacité
de …) ou alors, ce qui, de droit, est légitime (avoir le pouvoir de …= avoir le droit de …, être légitimement en
mesure de …)
Ø « Faut-il » peut désigner ce qui est, de fait, nécessaire (il faut = cela ne peut pas ne pas être) ou alors ce qui
est, de droit, une obligation (il faut = cela pourrait être autrement mais ne peut l'être sous peine de devenir
fautif).
Ø « S'opposer à » désigne le fait de contredire, d'empêcher, de faire obstacle à … Il est donc bien évident que l'on
ne saurait s'opposer au pouvoir comme force puisque le propre d'une force est d'anéantir toute forme de
résistance (la force est proche de la violence).
On ne le peut pas = cela est impossible et donc on ne saurait
s'en faire un devoir (ce serait vanité).
La question présuppose donc la liberté.
Ø Cela restreint donc le champs de la question : à supposer qu'il y ait un certain type de pouvoir contre lequel il
est possible de s'opposer, devons-nous pour autant actualiser cette potentialité ? Car, si le pouvoir désigne ce qui
est légitime, n'y a-t-il pas une forme de folie à empêcher ce pouvoir d'exister ?
Ø La question qu'il faudra se poser : à quel type de pouvoir faut-il s'opposer, c'est-à-dire quel pouvoir est injuste
et lequel est digne d'être respecté ? Enjeu : qu'est-ce qu'un pouvoir légitime ?
1-
L'INTERDICTION DE S'OPPOSER AU POUVOIR EST NÉCESSAIRE COMPTE TENU DES PASSIONS HUMAINES
a)
Qu'est-ce que le pouvoir ?
Le pouvoir peut renvoyer à la puissance individuelle dont est pourvue chaque homme naturellement, ou bien il
peut désigner la contrainte qu'exerce un état sur une société au moyen de lois.
Dans le premier cas, le pouvoir est
la puissance qu'a chacun d'user de sa force comme il le veut : pouvoir, c'est être absolument libre (= le droit
naturel).
Dans le second cas, il ne s'agit pas du verbe « pouvoir » (de la potentialité que l'on attribue à un sujet)
mais d'un substantif (d'une chose) : le pouvoir est la concentration de la puissance, c'est-à-dire l'objectivation ou la
sommation de ce qui n'est que potentialité en chaque individu.
En un mot, le pouvoir incarne ce qui n'est qu'à l'état
de potentiel en chaque individu.
Mais pourquoi une telle concentration ? Telle est la question à laquelle réponds Hobbes dans les premiers
chapitres du Léviathan.
b)
Pouvoir naturel et pouvoir contraignant
Pour Hobbes, chaque individu est naturellement pourvu d'un certain pouvoir au sens d'une capacité de faire
tout ce qui permet sa conservation.
De ce fait, le pouvoir dont dispose l'homme naturellement est le droit de
déployer sa force en vue de la préservation de sa vie.
Mais que se passe-t-il si deux hommes en viennent à désirer
la même chose et qu'il ne peuvent en jouir tous les deux ? Pour Hobbes, il s'ensuit immédiatement que la force devra
trancher et décider à qui échoira le bien désiré : le pouvoir comme puissance renvoie à au droit du plus fort.
Dès
lors, sans pouvoir établi, c'est-à-dire sans un pouvoir contraignant qui soit tel que tous les hommes limitent ainsi
leur propre pouvoir d'agir, les hommes sont naturellement en guerre : chacun est potentiellement ennemi de chacun
dans la mesure où chacun peut à tout instant avoir à se battre pour préserver les biens qui sont nécessaires à sa
vie.
De là, nous dit Hobbes, est nécessaire l'établissement rationnel (= calculé) d'un pouvoir absolu, c'est-à-dire
d'un pouvoir qui contraigne tous les hommes sans lui-même être contraint.
c)
Le pouvoir garantit la paix et la sécurité
En effet, un tel pouvoir, complètement artificiel, permet de maintenir la paix et la sécurité en ce qu'il vient
limiter la puissance et la liberté d'user de cette puissance, c'est-à-dire qu'il annule les conditions propres à la
guerre.
Parce que la puissance naturelle se déploie tant qu'elle n'en est pas empêchée et cela, de manière purement
égoïste, il s'ensuit que seul un empêchement ou frein permanent posé à l'égard de cette puissance est à même de
mettre un terme à la guerre de chacun contre chacun.
Ce faisant, Hobbes montre à quel point il serait absurde de s'opposer au pouvoir sous prétexte qu'il ferait
obstacle à notre liberté.
Ce serait là, pour Hobbes, méconnaître les risques inhérents à une liberté totale, c'est-àdire ignorer le danger propre à une restitution totale du pouvoir dont nous disposons naturellement (pouvoir qui n'est
rien d'autre, en l'absence de lois, que l'usage de sa force).
Transition :
·
Compte tenu de ce que serait la condition des hommes sans un pouvoir capable de les tenir tous en respect,
aucune opposition au pouvoir ne saurait admise dans la mesure où s'opposer au pouvoir en vigueur (= le léviathan,
monstre issu de la délégation par chacun de son propre pouvoir, aujourd'hui l'état) reviendrait à revenir à l'état de
nature.
·
Cependant, si tout pouvoir exige obéissance, est-ce pour autant que lui même a tous les droits au sens où
il pourrait être injuste ? Dans le cas où le pouvoir serait injuste, n'a-t-on pas le devoir de s'y opposer ?
·
Cependant, tout devoir doit être corrélé à un droit : il n'y a d'obligation qu'envers une chose justifiée,
légitime.
Ainsi, ce qu'il convient d'abord de résoudre est la question du droit permettant de s'opposer au pouvoir.
2-
QUAND LE POUVOIR DEVIENT FORCE (= INJUSTICE),
IL EST NÉCESSAIRE DE S'Y OPPOSER
a)
Pouvoir et force
Le pouvoir à l'état de nature n'est rien d'autre que le déploiement de la force : il est puissance.
Dès lors, le.
»
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