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Faut-il se méfier de l'écriture ?

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« [L'écriture fige le discours et rompt avec la présence de celui qui parle.

Copie de la parole, elle permet seulement d'exprimer des idées et ne peut rendre compte des sentiments.

Il faut s'en méfier car elle est aussi un instrument de domination.] L'écriture brouille le sens la prééminence de l'écriture est déjà mise en question par Platon dans Phèdre, avec le thème de l'invention de l'écriture par le dieu égyptien Thot à la figure d'ibis, et la réplique du roi Thamous, pour lequel l'écriture, loin d'accroître la science et la mémoire, « produira l'oubli dans les âmes en leur faisant négliger la mémoire ». Avec l'écriture, les hommes auront « la présomption de la science, non la science elle-même.

Ils ne seront le plus souvent que des ignorants de commerce incommode, parce qu'ils se croient savants sans l'être ». La pensée, avec l'écriture, perd la confrontation des idées telle qu'elle s'exerce avec profit dans le dialogue et « les discussions bienveillantes ».

La pensée vivante naît de la confrontation, l'écriture est simple conservatoire.

Cf.

Platon, Phèdre : « Tout homme sérieux se gardera bien de traiter par écrit des questions sérieuses.

» Le texte écrit s'oppose à la parole vivante Pour Socrate le statut des discours écrits est identique à celui de la peinture. Celle-ci est représentation du réel.

Elle est un « comme si ».

Autrement dit la peinture est un leurre qui mime la vie, une image qui ne résiste pas au réel.

Phèdre peut aisément vérifier l'assertion de Socrate.

Il suffit simplement de poser « à ces produits» de la peinture une question.

Jamais, sauf dans les contes, une peinture (qui ressemble à la vie) ne s'est mise à parler – encore moins à répondre.

C'est qu'à la peinture il manque la vie.

Et Socrate d'ironiser sur « le silence gardé gravement ».

« Comme si » la peinture se mettait à réfléchir, « comme si » la peinture avait entendu la question.

On est, aussi avec le discours écrit, dans le domaine du faux-semblant.

L'épreuve est la même que précédemment : « demande leur de t'expliquer ».

Pour la peinture c'était le silence, pour le discours écrit c'est le discours écrit lui-même, qui se répète invariablement.

Fixité bête qui s'oppose à la variété intelligente des réponses qui ne manqueraient pas de surgir dans un dialogue vivant.

Se répétant sans fin, le discours écrit n'a en fait rien à dire...

Tout au moins est-il incapable de se commenter, il n'a aucun savoir sur lui-même, il n'est qu'une lettre morte dont l'âme a disparu.

Le texte écrit s'oppose, comme Phèdre le suggère plus loin, au « discours vivant et animé ». "Socrate : L'écriture, Phèdre, a un grave inconvénient, tout comme la peinture.

Les produits de la peinture sont comme s'ils étaient vivants ; mais pose-leur une question, ils gardent gravement le silence.

Il en est de même des discours écrits.

On pourrait croire qu'ils parlent en personnes intelligentes, mais demande-leur de t'expliquer ce qu'ils disent, ils ne répondront qu'une chose, toujours la même.

Une fois écrit, le discours roule partout et passe indifféremment dans les mains des connaisseurs et dans celles des profanes, et il ne sait pas distinguer à qui il faut, à qui il ne faut pas parler.

S'il se voit méprisé ou injurié injustement, il a toujours besoin du secours de son père ; car il n'est pas capable de repousser une attaque et de se défendre luimême.

Phèdre : C'est également très juste.

Socrate : Mais si nous considérions un autre genre de discours, frère germain de l'autre, et si nous examinions comment il naît et combien il est meilleur et plus efficace que lui ? Phèdre : Quel discours ? Et comment naît-il ? Socrate : Celui qui s'écrit avec la science dans l'âme de celui qui étudie, qui est capable de se défendre lui-même, qui sait parler et se taire suivant les personnes. Phèdre : Tu veux parler du discours de celui qui sait, du discours vivant et animé, dont le discours écrit n'est à proprement parler que l'image ?" Platon Le discours vivant s'écrit avec la science * Le sujet parlant a la possibilité du choix de l'interlocuteur. »

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