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Faut-il se méfier de la croyance ?

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« La croyance porte toujours sur un objet, un fait.

On parle souvent de croyance en quelque chose.

De manière générale, la croyance est adhésion à une idée, à une représentation, mais une adhésion souvent immédiate, naïve et irréfléchie.

Dans notre société, la croyance est souvent considérée négativement.

Elle est en effet la marque d'ignorance.

Nous croyons parce que nous ne savons pas les causes réelles des phénomènes.

Dans cette optique, croire, c'est se tromper sur la nature du monde et n'avoir aucune maîtrise des choses.

De plus, la croyance se vit souvent sur le mode de la certitude et entraîne à des actes dangereux.

Toutefois, nous ne pouvons pas tout connaître et s'empêcher de croire, c'est aussi refuser d'avancer.

La croyance n'est-elle pas ce qui donne sens à notre vie et nous permet d'avancer ? Ne faut-il pas alors distinguer plusieurs sortes de croyance? La croyance, comme ignorance qui se croit savoir, peut mener à des actes dangereux Croire en quelque chose, c'est ignorer les causes réelles des choses.

AInsi, quand je crois au père Noêl, c'est que j'ignore que mes parents sont les auteurs de mes cadeaux.

De même, les premiers hommes selon Vico étaient persuadés que la foudre était l'oeuvre d'un Dieu parce qu'il ne pouvait pas comprendre ce qu'était la foudre et comment elle advenait.

La croyance est donc un manque de connaissance, qui produit une incapacité à agir efficacement dans le monde.

Ce qui peut être dangereux Mais, il faut comprendre aussi que la croyance ne se sait pas croyance et que généralement, elle est vécue par le croyant comme une vérité absolue.

Ainsi, celui qui croit en Dieu ne doute pas en son existence. Quand, enfant, je crois au père noël, je ne sais pas qu'il s'agit d'une croyance.

Pour moi, cela est la réalité parce qu'en effet je ne connais pas les causes réelles de la venue des cadeaux. C'est pour cela qu'une croyance peut se transformer en fanatisme.

De plus, elle peut m'empêcher d'accepter la contradiction.

C omme l'explique Edgar Morin, quand la croyance se ferme sur elle-même, elle refuse toute objection, toute contradiction des faits, du réel.

Elle en vient donc à nier la réalité même et refuse de voir autre chose que ce qui corrobore sa thèse.

Pour lui, rien n'est plus dangereux qu'une idée qui se veut vérité absolue et définitive. Il faut bien voir que la croyance en quelque chose peut nous amener à agir de manière dangereuse.

Ainsi, par exemple, certains membres de secte se sont suicidés, croyant que l'apocalypse allait se produire, d'autres sont prêts à mourir pour des croyances. La croyance permet d'accomplir des grandes choses Pourtant, en se méfiant totalement de la croyance et en s'empêchant de croire, l'homme s'empêche aussi d'agir.

En effet, nous ne pouvons avoir de connaissances absolues dans tous les domaines et il faut même voir que la vérité même semble inatteignable. L'évidence claire et distincte comme l'appellent de leur voeux Descartes et Spinoza est bien souvent impossible.

Dès lors, comment je peux me décider à agir si je n'ai pas de croyances pour fixer ma conduite? En effet, quand je me retrouve dans une situation, je ne peux décider de ma conduite qu'en fonction des principes et des croyances que je me suis donné.

Si je crois par exemple à la solidarité et au partage, j'agirais en fonction de ceci. C'est pour cette raison que Nietzsche ne condamne ni l'illusion, ni la croyance.

La vérité n'est pas une valeur absolue.

Il est possible que l'erreur et la croyance permettent à l'homme d'agir mieux que la vérité.

De plus, pour lui, la croyance remplit un vide existentiel chez l'homme et lui est vitale. Dans la même optique, William James conçoit la vérité comme ce qui permet d'agir le plus efficacement.

Dans ce sens, une croyance qui permet aux individus de s'accomplir et de faire des grandes choses peut être considérée comme une meilleure chose qu'autre chose.

Il faut bien comprendre qu'aucune action ne serait accomplie si les individus qui les entreprennent ne croyaient pas en leur chance de réussir.

Tenterait-on un tour du monde en bateau si on ne croyait pas cela possible? Ainsi, nous pouvons décider de croire en Dieu, parce que cela donne un sens à notre existence et nous permet d'agir pour un bien( la charité, l'amour du prochain,...).

Pour Pascal, les sceptiques sont des êtres fous et malheureux et seule la croyance est la marque d'une force d'esprit. La croyance est nécessaire à la vie individuelle comme à la vie collective.

Ainsi, pour Schelling, c'est la croyance collective en des idéaux ou en des idées qui permet à un peuple de se fonder et d'être soudé.

de quel autre moyen un peuple dispose-t-il pour se conserver et s'affirmer si ce n'est la mythologie.[...] nous ne pouvons concevoir un peuple sans mythologie" Schelling (introduction à la philosophie mythologique) Ainsi, c'est la croyance en des idéaux qui soudent les individus et les nations. La croyance doit être réfléchie et consciente Pourtant, nous ne pouvons pas admettre toutes les croyances.

En effet, il y a une différence entre quelqu'un qui croit que les noirs sont inférieurs au blancs et celui qui croit que le partage est le but de toute existence.

De plus, nous avons vu qu'une croyance pouvait nous mener à accomplir des actes dangereux. En fait, il faut bien voir que la croyance comporte deux aspects : un négatif et un positif.

Elle peut être enfermement dans une seule idée.

L'homme peut se raccrocher à une seule idée, parce qu'il a peur de partir à l'aventure, parce qu'il a peur de penser.

La croyance dès lors se fait avant toute réflexion, par peur de la réflexion même.

Pourtant, il y a une seconde sorte de croyance, celle qui est vitale pour l'homme.

On ne peut en effet jamais être sûr de la vérité de nos principes ou de nos idées.

Pourtant il faut bien agir.

A force d'avoir peur de se tromper, on ne peut guère avancer.

Il faut dès lors comme le préconise Edgar Morin, dans Pour sortir du XXème siècle, faire un choix pour une croyance mais être conscient que notre idée n'est qu'une conviction, qu'elle n'est peut être pas la vérité. En effet, la croyance reste, par définition, subjective.

Si elle ne veut pas dialoguer avec le réel, elle devient dangereuse et marque de faiblesse.

La croyance qui est choix pour une hypothèse est la force de celui qui préfère agir, même au risque de se tromper.

La croyance a conduit les plus grands esprits à accomplir leur oeuvre. Nous savons que nous avons tous besoin de croyance, mais il nous faut remettre sans cesse en doute nos croyances, les confronter au réel et les analyser. Ce qui nous permet en effet d'exister et d'avancer, c'est la croyance, non pas naïve et immédiate, mais la croyance réfléchie, qui sait qu'elle n'est pas vérité absolue mais foi dans une idée peut-être fausse. Ainsi, la croyance, irréfléchie et naïve, nous empêche d'agir correctement sur le monde, parce qu'elle est manque de connaissance. Mais elle révèle aussi la paresse d'un esprit qui ne veut réfléchir et accepte ce qu'on lui dit, sans réflexion.

De plus, la croyance quand elle se croit vérité entraîne à des actes dangereux et atroces, comme nous pouvons le voir aujourd'hui dans les actes de terrorisme, ou dans les croisades d'autrefois.

C ependant, le croyance est ce qui permet de donner une direction à notre existence et à nos actions. Elle nous permet d'accomplir des grandes choses.

Cependant, pour ne pas tomber dans le travers du fanatisme, il faut sans cesse réfléchir à nos croyances, à nos pensées pour vérifier si elles ne sont pas contredites par le réel.

Il faut en quelque sorte, que la croyance soit un choix réfléchi et conscient.. »

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