Faut-il se méfier de la multiplicité des interprétations ?
Extrait du document
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Problématique
L'interprétation est l'exercice intellectuel par lequel l'homme pose un sens, une fin; une signification sur un comportement, un événement
sur toute chose dont il est plus ou moins le témoin.
Interpréter c'est une manière d'éclairer les choses que nous découvrons dans le
monde, c'est répondu à un pourquoi.
Ainsi, les interprétations se voulant véridiques, elles nous permettent de conférer un sens à notre
environnement et accéder à une connaissance intuitive du Monde.
Il paraît donc surprenant de voir plusieurs interprétations concernant
une seule chose.
N'y a t il qu'une seule et même vérité par chose, ou peut on envisager plusieurs interprétations possibles? Le doute sur
la véracité d'une explication nous permet il d'accorder un crédit égal à plusieurs interprétations?
PLAN
I Interprétation comme analyse intuitive
L'interprétation est un moyen pour l'homme de conférer un sens unique face une multiplicité.
Elle nous permet d'accorder une
vraisemblance dans notre perception du Monde.
L'interprétation se veut explicative, j'ai besoin de conférer un sens à quelque chose et je
fournis une théorie unique afin de combler ce manque.
Cependant comment conférer une crédibilité lorsque je me trouve face à plusieurs
interprétations ?
II L'interprétation et l'explication
Interpréter ce n'est pas expliquer.
Lorsque j'explique quelque chose, je tend à l'objectivité d e m o n analyse, je m e démontre
logiquement une cause et son effet.
Cette causalité implique la nécessité et donc ne peut être multiples sans qu'il y en ait de fausses.
L'interprétation reste intuitive, elle n'a pas besoin d e s e justifier car elle ne se fonde pas sur la causalité mais juste sur l'intuition qui
appartient au domaine du subjectif.
III Multiplicité nécessaire des interprétations née du désir de comprendre
Il y a donc une multiplicité des interprétations car elles sont issues de la multiplicité des subjectivités.
L'interprétation intervient
lorsque la compréhension objective échoue.
Quand je ne possède pas de causalité explicative, je n'en remet à l'interprétation qui dépend
alors non pas de l'objectivité unique mais de l'intuition de pré connaissance des hommes.
Lectures utiles
Aristote, De l'interprétation
Nietzsche, Le Gai savoir
Todorov, Symboles et interprétations
Textes utiles
La philosophie est une interprétation du corps, un malentendu du corps.
NIETZSCHE
Quelqu'un qui parle comme un livre est extrêmement ennuyeux à écouter parfois, cependant, parler ainsi peut être utile, car, chose
curieuse, un livre a ceci de particulier qu'il peut être interprété comme on veut.
Kierkegaard
Les philosophes n'ont fait qu'interpréter diversement le monde, il s'agit maintenant de le transformer.
Marx
Interpréter consiste toujours à mettre en équivalence deux textes...
: celui de l'auteur, celui de l'interprète.
Todorov
"Connaître c'est toujours entrer en relation avec quelque chose...
que les choses puissent avoir une nature en soi, indépendamment de
l'interprétation et de la subjectivité, c'est une hypothèse parfaitement oiseuse; elle supposerait que l'interprétation et la subjectivité de
sont pas essentielles, qu'une chose détachée de toutes s e s relations est encore une chose...
Le caractère interprétatif d e tous les
phénomènes choisis et groupés par un être qui les interprète." Nietzsche
Heidegger
La « philosophie » est dans la nécessité constante de justifier son existence devant les « sciences ».
Elle pense y arriver plus sûrement en
s'élevant elle-même au rang d'une science.
Mais cet effort est l'abandon de l'essence de la pensée.
La philosophie est poursuivie par la
crainte de perdre en considération et en validité si elle n'est science.
On voit là comme un manque qui est assimilé à une non-scientificité.
L'Être en tant que l'élément de la pensée est abandonné dans l'interprétation technique de la pensée.
La « logique » est la sanction de
cette interprétation, en vigueur dès l'époque des sophistes et de Platon.
On juge la pensée selon une mesure qui lui est inappropriée.
Cette façon de juger équivaut au procédé qui tenterait d'apprécier l'essence et les ressources du poisson sur la capacité qu'il a de vivre en
terrain sec.
Depuis longtemps, trop longtemps déjà, la pensée est échouée en terrain sec.
Peut-on maintenant appeler « irrationalisme »
l'effort qui consiste à remettre la pensée dans son élément ?
Nietzsche
Savoir jusqu'où va le caractère perspectiviste d e l'existence, o u m ê m e savoir si l'existence possède encore un autre caractère, si une
existence sans interprétation, sans « raison » ne devient pas de la « déraison », Si, d'autre part, toute existence n'est pas essentiellement
interprétative – c'est ce qui, comme de juste, ne peut pas être décidé par les analyses et les examens de l'intellect les plus assidus et les
plus minutieusement scientifiques : l'esprit humain, durant cette analyse, ne pouvait faire autrement que d e s e voir sous ces formes
perspectives et uniquement ainsi.
Il nous est impossible de voir au-delà de l'angle de notre regard : il y a une curiosité sans espoir à
vouloir connaître quelles autres espèces d'intellects et de perspectives il pourrait y avoir, par exemple, s'il y a des êtres qui peuvent
concevoir le temps en arrière, ou tour à tour en avant et en arrière (par quoi on obtiendrait une autre direction et une autre conception de
la cause et de l'effet).
J'espère, cependant, que nous sommes au moins, de nos jours, assez éloignés de ce ridicule manque de modestie
de vouloir décréter de notre angle que ce n'est que de cet angle que l'on a le droit d'avoir des perspectives.
Le monde, au contraire, est
redevenu pour nous « infini » : en tant que nous ne pouvons pas réfuter la possibilité qu'il contienne des interprétations à l'infini.
Encore
une fois le grand frisson nous prend : – mais qui donc aurait envie de diviniser de nouveau, immédiatement, à l'ancienne manière, ce
monstre de monde inconnu ? Adorer cet inconnu désormais comme le « dieu inconnu » ? Hélas, il y a trop de possibilités non divines
d'interprétation qui font partie de cet inconnu, trop de diableries, d e bêtises, de folies d'interprétation, – sans compter la nôtre, cette
interprétation humaine, trop humaine que nous connaissons....
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