Faut-il refuser l'abstraction au nom du vécu ?
Extrait du document
«
L'abstraction n'est pas le reflet de l'existence
Les sociétés traditionnelles, bien plus stables que les nôtres, ignorent ce qu'est l'abstraction.
Le mythe, cette
histoire sacrée qui règle tous les aspects de la vie sociale, donne un sens à l'existence humaine; il est à la fois le
reflet et le résultat d'une expérience sans âge.
L'homme se retrouve dans le mythe, tandis qu'une équation
mathématique n'est jamais le miroir de ce qu'il a vécu.
L'homme ne vit pas dans l'abstraction
Ainsi que l'écrit Kierkegaard dans Post-Scriptum aux miettes philosophiques,
«le vrai, le bien et le beau appartiennent essentiellement à toute existence
humaine, et, pour un homme existant, ils ne s'unissent pas en ce qu'on les
pense, mais dans l'existence».
Pour lui, la vérité est subjectivité.
La vérité
n'est que le vécu d'une existence particulière.
Le sujet cartésien, kantien ou hégélien (comme accès au général) se dilue
dans une universalité abstraite qui au lieu de la vie ne propose qu'une
fantasmagorie incapable de répondre aux attentes du sujet.
La conversion à l'existence est l'acte par lequel le peseur subjectif se
détourne de l'universalité des règles de la raison uniformisant les règles de
vie, pour se penser comme individu, « être particulier existant, qui prend la
décision absolue sur le plan de l'existence » (« Post-Scriptum...
»).
La vérité
de l'existence humaine est toute entière dans le sens que lui assigne le choix
subjectif de l'individu.
Aussi, le « devenir subjectif » est il un devoir, la plus
haute exigence de l' "Individu", afin qu'il réalise son rapport à l'existence, son
vécu.
Il est impossible de saisir l'existence dans un système, car le système est par
définition un monde clos et achevé, tout le contraire de l'existence qui est une totalité en mouvement, ouverte sur
le devenir.
L'existence pourrait être un système du point de vue absolu de Dieu, mais non point pour l'esprit humain.
Elle est une donnée de fait, immédiate, objective, concrète et pour la penser comme un système, il faudrait
précisément la supprimer comme existence pour en faire quelque chose d'abstrait, de général, d'idéal, bref
d'inexistant.
Alors que le propre du système est de relier les choses dans une totalité close, l'existence tend au
contraire à affirmer et maintenir des distinctions et des différences.
Penser systématiquement, c'est se maintenir
dans l'illusion contemplative, faire comme si nous n'étions pas existants, c'est-à-dire fils d'une époque, d'un milieu
donné, d'une culture et d'un temps.
Alors que l'universalité systématique de la pensée dénature et étouffe l'individu
par l'effort d'abstraction et de déréalisation, Kierkegaard est le premier philosophe à proposer une pensée de
l'existence.
L'homme est un être apparu dans le mystère de l'existence.
Bien avant d'être savant, le philosophe est homme,
existant de manière unique et singulière, sa philosophie est l'expression de sa propre existence.
Kierkegaard exprime
le souci de rendre à la philosophie une vérité qu'elle a occultée dans le travers de la connaissance objectiviste.
Ce
qui est premier n'est pas l'objet à connaître, car connaître signifie objectiver, éclairer, rationaliser, comprendre en
évacuant le mystère originel.
Ce qui est premier, pour tout homme, c'est le sujet existant, nous-mêmes, les autres
et tout ce qui est proche de nous.
Seule l'existence permet au sujet une intimité avec l'être ; la reconnaissance de
l'existence, en deçà de tout système de pensée clos, est la reconnaissance de notre appartenance à l'être et à son
mystère.
Le philosophe doit changer d'attitude : cesser de produire une réalité qu'il définit comme objective, inerte et morte,
en laquelle la pensée peut ensuite établir tous ses rapports de raison, pour se tourner en soi-même afin de saisir ce
miracle, de coïncider avec ce mystère qu'est l'existence..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Puis-je, au nom de ma conscience, refuser de me soumettre aux lois ?
- Faut-il refuser la conscience a l'animal ?
- Faut-il avoir vécu un événement pour le comprendre ?
- Faut-il refuser l'inconscient ?
- Faut il avoir vécu un évènement pour le comprendre ?